I’d Rather Be In Philadelphia: Coincé dans une boucle
Pourquoi ? Parce que (j’adore ce genre de rhétorique pourrie, ça marche à tous les coups. Beaucoup plus que les allitérations qui finalement ne fabriquent qu’un filet fort futile de figures de style), parce que, disais-je, le but d’un proche soudainement malade, c’est de se rendre compte du temps perdu, de réaliser que notre cœur est en fait plein d’amûr pour lui, et compagnie. Là, c’est pas que l’on a du temps perdu, c’est que l’on est revenu au point de départ. Pas tout à fait pour Rory, totalement pour Lorelai.
Un Chris absent alors qu’on les sait faits l’un pour l’autre mais en parallèle, un ship intensif entre Lorelai et Luke. Un Christopher dont on sait qu’on ne peut pas compter sur lui, un Luke qui arrive à la rescousse en fermant s’il le faut son restaurant. Oh mon Dieu, Rosenthal a inventé la machine à remonter le temps !
Je veux bien qu’à partir de trente ans, qui plus est lorsqu’on a eu son seul enfant à seize, on n’évolue pas de manière radicale, mais alors on ne fait pas un épisode comparatif, ou bien on résout l’intrigue de Lorelai dès le début au lieu de la montrer larmoyante et désemparée pendant quarante minutes. Mais j’oubliais, c’est le nouveau hobby de Rosenthal.
J’ajouterai même que la comparaison entre la saison 1 et la saison 7 était suffisante, les pseudo parallèles entre mère et fille, merci bien ! Inutile de nous montrer un Chris absent (mais si, mais si, on peut montrer l’absence, vos professeurs de cinéma vous mentent) et un Logan aux petits oignons pour comprendre la chose.
Montrer que la vie est courte et compagnie, disais-je. Pour que les deux réalisent qu’il faut passer outre les mesquineries et se rapprocher, tout ça. C’est ce qui était fait en saison 1, d’une manière à la fois subtile et un petit peu osée. Un petit peu, parce que montrer Lorelai qui hésite à rentrer dans la chambre de son père pourtant malade, c’était pas mal du tout.
On a l’impression que les scénaristes tentent ici un renversement : ce n’est plus vraiment son père que Lorelai essaie de comprendre mais sa mère, tout en gérant ses problèmes avec Chris. Mais bon sang, dans ce cas fallait faire tomber malade sa mère ou Chris ! Chris ! Fallait donner une crise cardiaque à Chris ! Ou un truc plus douloureux et plus mortel encore. Un bon petit accident de voiture, bien imprévu et bien gore, avec genre un ou deux membres en moins (même s’il lui en manque déjà un très important, vu ses réactions "J’ai 15 ans"), moi je dis, y’a que ça de vrai.
Je n’irai pas jusqu’à dire comme certains que l’épisode était cliché. Gilmore Girls a toujours su gérer les scènes dans des hôpitaux, encore plus lorsqu’il s’agit de (presque) huis clôt. Il reste de très bons passages. La réaction d’Emily me semble notamment sonner tout à fait juste. Autant le personnage était dans Forgiveness and Stuff tellement sonnée qu’elle n’avait que Richard en tête, autant elle essaie ici à la fois de s’occuper et de se protéger en cas de pépin.
Parlons-en, du pépin, (Vous avez vu, j’ai travaillé mes transitions depuis trois mois. Qui osera venir me dire que je n’ai rien posté et rien fait pour le site ?), celui que tout le monde attendait.
Faire mourir Richard ? NON MAIS CA VA PAS LA TETE ? Et puis quoi, encore ? On fait crever Emily, après ? Celui qui mérite la mort, c’est Chris.
Non, sérieusement. Déjà, on ne les voit vraiment pas assez cette saison alors qu’ils sont les seuls personnages capables d’être à la fois un ressort comique et dramatique, parfois simultanément. Ensuite, Emily Bishop et Edward Herrmann font partie, avec Lauren Graham bien évidemment, du trio des meilleurs acteurs de la série. Enfin, on ne tue pas Edward Herrmann ! C’est interdit par la religion ! C’est comme tuer John Lithgow, c’est un crime contre l’humanité !
Dans Gilmore Girls, il y a Gilmore. Je vous assure. La série a toujours été, c’est sa base, à propos des deux filles et des (grands-)parents.
Je citerai ma philosophe préférée : "on ne refait pas Forgiveness and Stuff, faut arrêter". Si elle avait été plus familière, elle aurait rajouté "de se foutre de la gueule du monde", mais bon, ce n’est pas si personne ici ne le pensait pas.
En fait, si les scénaristes ne l’avaient pas fait exprès, on pourrait dire que l’épisode souffre de sa comparaison avec Forgiveness and Stuff. Le gros problème, c’est qu’ils ont effectivement essayé de le refaire. Dans les mêmes grandes lignes. Qu’est-ce qui leur est passé par la tête ? Depuis quand peut-on refaire un épisode écrit avec brio sept ans plus tôt sans que personne ne s’en rende compte. Ne parlons même pas d’une potentielle réussite, ce n’est pas possible : l’épisode écrit en premier sera forcément meilleur que le deuxième. Toujours. C’est comme la tartine de beurre.