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The Good Fight - Critique des premiers épisodes de The Good Fight, la série dérivée de The Good Wife

The Good Fight: Alicia Qui ?

Par Conundrum, le 22 février 2017
Publié le
22 février 2017
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Il y a un plaisir bien particulier à voir un personnage central disparaître. Et par central, je ne parle pas du « Il ne manquera pas le mari de Kalinda ! » mais de « Quoi ?!?!? C’est quoi ce changement de distribution dans la dernière saison de The Practice », ou « C’est vrai ?!? La dernière saison de The O.C. sera sans boulet principal ?!? ».

Je dois avouer que, plus que la série dérivée avec Christine Baranski, The Good Fight, c’est The Good Wife sans Alicia. Ce n’est pas que Alicia était un personnage agaçant, loin de là, mais sept ans était une bonne durée pour notre relation avec elle. Je n’avais plus envie d’en savoir plus sur elle, surtout depuis son revirement mal géré et malvenu en politique. En revanche, si Alicia ne me manque pas, tout le reste de la série garde une place particulière dans mon affection serielle.

Sauf le mari de Kalinda, qu’on soit bien d’accord.

Qu’est ce que c’est ?

Ce n’est pas Star Trek Discovery qui devait être la première création originale de la plateforme de streaming (Ju, j’attends la version officielle de pErDUSA de cet anglicisme) de CBS.

Avec les problèmes de production de la pré-citée, The Good Fight, la série dérivée de The Good Wife a du avancer sa date de lancement.
Alors on dit un gros merci à Bryan Fuller et son agenda très chargé. Et pour ça, on est même prêt à te pardonner ta saison deux toute pourrie de Pushing Daisies, mec.

Et c’est avec qui ?

Diane et son majestueux rire. Une ex de Jean LaNeige. La fille d’Eli. La meilleure idée de la saison 7 de The Good Wife. Une dame de Justified. Le type qui devait être dans le spin-off de L’Agence Tout SHIELD.

De quoi ça parle ?

Diane Lockhart s’apprête à aller prendre sa retraite en Provence.
Sa filleule, Maya, s’apprête à commencer sa carrière d’avocate.
Lucca est bien contente dans son nouveau cabinet loin de toutes les galères qu’Alicia Florrick lui ramenait sur son pallier chaque semaine.

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et voir des femmes heureuses et épanouies faire ce qu’elles aiment sans problèmes majeurs, ça fait une bonne série dramatique, nous sommes tous d’accord.

Y’a un générique ?

On va dire que je suis difficile, mais un vrai générique, ce n’est ni un encart, ni un vague spot de 15 secondes, c’est de la musique que l’on peut chanter avec des gens qui regardent la caméra et/ou des images qui expliquent de quoi parle la série, mettent en avant le trait de caractère des personnages et, idéalement, qui couche avec qui.

Alors, il y a un beau générique où plein de choses explosent sur une musique de plus en forte qui s’achève sur des cris de guerre qui vont bien faire flipper mes voisins quand je les hurlerai à chaque fois que je le verrai.

Mais la prochaine fois, je serais très reconnaissant envers la madame ou le monsieur qui en a eu la charge de regarder ceux de The O.C., Beverly Hills ou Sleepy Hollow avant de se lancer.

Et, sans trop de spoilers, c’est bien ?

Oh. Que. Oui.

On retrouve notre série judiciaire qui aborde des sujets éthiques mais avec une idée globale en plus, celle de La Brave Bataille.

The Good Wife se concentrait sur gagner des procès, l’intérêt général ou l’éthique n’est pas la fin en soi. L’idée était de montrer le jeu entre les deux parties qui gagner le procès. The Good Fight montre des gens intelligents se battre pour une bonne cause.
La scène du pilote où Diane se retrouve à défendre les forces de l’ordre dans un cas de violence policière est particulièrement parlante. Si c’est une affaire qui aurait eu sa place dans la série d’origine, ici, on se retrouve avec les nouvelles figures majeures de la série qui confrontent Diane dans son choix.

J’aime l’idée que les événements du pilote placent Diane dans une position où l’éthique à une part plus importante. Le chant de guerre du générique n’illustrent pas les batailles personnelles que nos héroïnes veulent gagner, mais bien un affrontement pour la justice au le sens noble du terme.

L’élection de Trump et la montée des extrémismes religieux et politiques altèrent grandement l’idée que la justice, la morale et l’intérêt de tous sont normalement garantis par nos institutions et pour certains d’entre nous par la religion. L’idée que nos héros·héroïnes cherchent autant à aider qu’à gagner est une excellente approche pour cette série dérivée.

Et, avec un peu de spoilers, c’est toujours bien ?

Putain de bordel de merde que c’est bien.

Oui, parce que maintenant, Diane peut jurer, et je dois admettre que c’est plutôt cool.
Dans ce pilote où Diane voit ses économies et ses plans de retraite partir en fumée, elle en a des raisons de jurer. Et ces raisons sont sensiblement identiques à celles qui ont du pousser Alicia à jurer (hors caméra) et à boire (devant la caméra... Souvent...) dans la série mère.

La filiation entre les deux séries est très forte par la galerie de personnages principaux et secondaires qu’elle utilise mais elle existe aussi thématiquement. Les débuts de The Good Wife et de The Good Fight ont en commun :
— un homme au cœur d’un scandale qui éclabousse une de ses proches (Alicia et son mari, Maya et son père)
— un couple qui doit gérer l’infidélité du mari (Alicia et son mari, Diane et son mari)
— une femme qui doit travailler dans un environnement où elle n’a pas l’avantage (Alicia commence en étant en compétition avec des collègues bien plus jeunes, Diane se retrouve l’une des rares blanches dans un cabinet majoritairement afro-américain),
— une relation mentor-protégée (Will avec Alicia, Lucca avec Maya),
— une femme à la tête d’un cabinet qui doit gérer deux partenaires, dont un souvent absent (Diane avec Will et un Stern qui fera son apparition dans une saison une bien avancée, Barbara avec Adrian et un Kolstad qui n’a pas encore fait son apparition),
— un homme qui porte l’arrivée d’une femme avocate avec l’avis réservée de sa partenaire (Adrian et Barbara ne voient pas l’arrivée de Diane de la même façon, tout comme Diane avait des réserves face à la confiance que Will confiait à Alicia),
— une relation où une avocate est en couple avec une personne du bureau du procureur (Alicia et son mari, Maya et sa copine),
— une héroïne qui a une relation complexe, à la fois respectueuse mais tendue avec sa collègue (la relation Diane–Lucca, bien que différente, fait un peu écho à celle d’Alicia -Cary),
— enfin, une figure respectée dans la tourmente qui ne mérite peut-être pas de rester en prison (le mari d’Alicia, le père de Maya).

Malgré cela, The Good Fight, en redistribuant les cartes qui étaient principalement centralisées autour d’un personnage évite l’effet de redite.
Il y a un équilibre savamment géré entre familiarité qui rassure et nouveauté. Cette période de recherche de repères que l’on rencontre devant un pilote est fortement réduite, et on ne ressent plus la fatigue que la dernière saison de The Good Wife causait. En soi, The Good Fight n’a pas qu’un lancement réussi, mais c’est une grande réussite devant l’exercice du spin-off.

Conundrum