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Heroes - Critique de l'épisode 5 de la saison 3

Angels & Monsters: Angels, Monsters and Morons

Par Gizz, le 8 novembre 2008
Par Gizz
Publié le
8 novembre 2008
Saison 3
Episode 5
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Dans un souci de perfection, et pour faire plaisir au nombreux message sur le forum maugréant que mes reviews étaient vides d’arguments et parlaient de tout sauf de l’épisode en question, j’ai décidé de me retirer pendant quelques jours dans une grotte pour méditer, et rendre une review digne de Heroes. Malheureusement je me suis un peu assoupi, et me revoilà, 3 semaines plus tard. Voici les fruits de ma longue méditation.

Aujourd’hui, donc, une review sérieuse, pleine de recherches, de documents techniques, d’arguments et de mots pesés, pour tenter de prouver une fois pour toute, et par A+B, qu’Heroes est vraiment la série la plus prétentieuse et débile actuellement à la télévision.

La série, et plus particulièrement l’arc qui a court en ce moment, choisit de tenter de donner une profondeur à ses personnages en leur prêtant des réactions différentes face à la découverte de leur pouvoir, puis des choix et des conséquences qui en découlent. C’était un des principes de la première saison, et une des raisons de la sympathie qu’elle dégage. Ce principe s’est perdu au détour de la deuxième saison, et est timidement et maladroitement ramené en ce début de saison 3, notamment dans cet épisode. On y tente de nous vendre des personnages complexes, oeuvrant vers le Bien ou vers le Mal selon leur psychologie propre, et avec leur propre définition de ces deux valeurs. Cette intention plutôt louable, que certains encensent aux couleurs de l’anti-manichéisme est malheureusement bien pauvrement exécutée depuis le début de la saison, et ce 5ème épisode n’en est que la droite lignée.

Angels, Monsters and Morons

Comme souvent, je vais commencer par le meilleur.
Dans cet épisode, Noah Bennet est encore appairé à l’homme qui a violé sa fille, et continue de courir après les méchants évadés aux super-pouvoirs. Seulement cette fois, le fugitif n’est pas un braqueur de banque qui brûle des voitures et tue des femmes 5 minutes après sa sortie de cellule. C’est Andre Royo, le Bubbles de The Wire. Le gentil de service qui n’a rien demandé à personne si ce n’est qu’on le laisse tranquille. Steven Canfield (puisque c’est son nom ici) est un homme qui a le pouvoir de créer des vortexs capables d’engloutir n’importe quoi et n’importe qui, et de manière qui paraît plutôt efficace et définitive. Mais il ne demande qu’à retrouver sa famille, chose que Claire choisit de l’aider à faire après avoir décidé de le tuer, et avant de le balancer à son père (c’est d’habitude le genre de choses que je précise dans l’introduction : Claire est toujours aussi conne). Mais je vous disait que je parlais du meilleur, et je n’ai pas oublié. Le personnage d’Andre Royo, malgré sa courte durée de vie, est un exemple de personnage réussi, à la psychologie certes simple, mais entièrement logique. Il est lui même effrayé par son pouvoir, et ne veut que retrouver sa famille, après avoir été enfermé pendant des années en section 5. Il en devient rapidement sympathique, mais on nous rappelle aussitôt qu’il peut être dangereux, quand il manque de tuer Claire, HRG et Sylar quand ces deux derniers viennent pour le ramener dans sa cellule. Il est capable de pencher d’un côté ou de l’autre de la fameuse ligne de la Morale en fonction de son état psychologique (fragile) et de son sentiment d’agression. Un exemple rapide mais réussi d’anti-manichéisme rare dans la série, voire quasi-inédit.

L’autre personnage plausible de ce point de vue est Noah Bennet, même s’il n’a guère évolué depuis le début de la série (puisque c’était le principe de départ de son personnage, d’être un gentil travaillant pour les méchants, toujours lui même au bord du Mal, pour protéger sa famille). Ce début de saison n’est pas différent, puisqu’il retravaille pour la Compagnie, en binôme avec l’ancien grand méchant qui se rachète une conscience.
Si j’ai souvent dit du bien de Noah, ses motivations pour faire des choses peu reluisantes (allant jusqu’au meurtre de sang froid) étant explicables et expliquées, même pendant la mauvaise saison 2, on peut commencer à se lasser de sa tendance à clamer le bien de sa fille pour chaque acte répréhensible, et ses multiples mea culpa à Claire sonnent de plus en plus creux.
On peut tout de même saluer la scène où il ordonne à Andre Royo de se débarrasser de Sylar grâce à ses pouvoirs, prouvant que cette traque n’était pas choisie au hasard et qu’au moins un des personnages de la série passe un minimum de temps à réfléchir à ses actes.

Car ils sont nombreux, les boulets binaires qui doivent certainement choisir leur camp en se posant la question “qu’est-ce que je pourrais faire d’encore plus stupide aujourd’hui ?”.
Par exemple Peter, devenu avide d’on ne sait trop quoi depuis qu’il est revenu du Futur avec le pouvoir de Sylar, et qui commence à découper le crâne de sa mère.
Ou bien Hiro, qui plante une épée dans le ventre d’Ando pour pouvoir rejoindre le gang de Daphne. Un twist tiré par les cheveux sera certainement trouvé dans un des prochains épisodes pour lui sauver la vie, mais je n’ose imaginer lequel.
Et last but not least, Mohinder, avec son intrigue dont la seule qualité actuelle est de ne pas parasiter celle des autres, et qui sombre progressivement vers le Grand N’Importe Quoi. Son personnage, auquel les scénaristes ont apparemment décidé de donner une teneur plus noire, se met très rapidement à tuer sans raison (mais seulement des maris violents et des dealers de drogue), ou pas d’ailleurs, les “corps” étant conservés dans des cocons totalement improbables. Sa folie maléfique le mène même à ranger son jouet sexuel, Maya, au mur à côté des autres.

C’est un peu difficile à suivre, n’est-ce pas ? Pour vous simplifier la tâche, voici un petit graphique facile à lire (et pas beaucoup plus compliqué à concevoir) pour donner une vue d’ensemble de la complexité des personnages à travers la série. Ceux n’y figurant pas sont soit une ligne droite encombrante, soit un oubli révélateur quant à leur importance.

Des personnages complexes...

Qui a peur du grand méchant loup ?

Passons maintenant à la grande révélation de l’épisode, celle qui nous apprend qui est le cerveau derrière tout ça. L’homme responsable des hallucinations lindermanesques de Nathan et Daphne.
Le grand méchant, donc, dont la première véritable apparition se déroule dans la vision d’Angela Petrelli, et qui est apparemment capable de la paralyser mentalement. A peu près tout le monde aura compris avec la réplique d’Angela “ah, non, pas toi, ce n’est pas possible” de qui il s’agit, mais la vraie révélation bien subtile est gardée pour le cliffhanger.
Un peu avant le cliffhanger, d’ailleurs, on nous répète que Linderman n’existe pas, et qu’il est en fait une manipulation mentale de Maury Parkman, évadé de sa prison mentale par miracle (ou grâce au nouveau grand méchant, nous expliquerons certainement les scénaristes). Le twist est plausible, et pourrait fonctionner s’il ne rendait pas la guérison miracle de Nathan dans le premier épisode complètement impossible (l’explication logique jusqu’ici étant que Linderman, doté de pouvoirs de guérison, l’ait soigné). Mais nous ne sommes pas à ça près.
Maury Parkman, donc, se rend au chevet du grand méchant, pour fayoter sur le fait qu’il a bien fait son travail. L’armée est en cours de formation, et tout va pour le mieux chez les méchants.
Mais qui est donc cet arch-nemesis ? L’homme derrière Pinehearst (société biotechnologique, future remplaçante de "la Compagnie", pour laquelle on a déjà eu le droit à plusieurs références futuristiques, sous forme de magnifiques Pin’s pour agents de terrain. Chose qui manque cruellement à la CIA de nos jours), l’homme derrière Pinehearst, disais-je donc avant cette longue parenthèse, n’est autre que Papa Petrelli.

Si j’avais été un scénariste d’Heroes, j’aurais arrêté ma review sur la phrase juste au dessus. C’est ce qu’on appelle une fin en suspens. Le principe étant normalement de garder pour cette dernière révélation un événement inattendu, et qui suscite l’intérêt. Malheureusement, nos amis ont juste oublié le principe de surprise, en donnant quasiment l’identité du patron de Pinehearst pendant le rêve d’Angela. Mais j’ai décidé d’être positif, et de trouver ça vachement bien.

En résumé, c’est bien la dernière fois que j’essaye de parler un peu plus sérieusement de Heroes. Tout d’abord parce que je m’y tiens pendant à peine un paragraphe avant de retomber dans mes vieux travers de méchanceté gratuite, et ensuite parce que la série ne le mérite pas vraiment.
Cet épisode est même plus décevant que les autres, tant on y voit ce que pouvait représenter la série à ses débuts avec un personnage sympathique et plausible comme celui d’Andre Royo. Maintenant, Heroes c’est Claire, Peter et Hiro qui agissent de la manière la plus incongrue possible, Kristen Bell qui tarde à se montrer, et des révélations qui créent plus d’incohérences qu’elles ne suscitent de curiosité. Si vous appréciez réellement Heroes, je vous conseille sincèrement d’arrêter de lire ces reviews, car elles risquent de devenir de plus en plus aigries.

Gizz
P.S. Ce que vous avez pensé de l’épisode
Malheureusement, vu le retard avec lequel cette review a été postée, vous avez dû vous débrouiller tout seul pour avoir un avis sur l’épisode. Ce fut un choc, et vous avez dit beaucoup de bêtises à vos amis, allant presque jusqu’à dire que vous aviez aimé l’épisode de cette semaine.
Il n’est pas trop tard pour rattraper cela. Feignez l’humour, et expliquez que vous aviez été très malade le jour du visionnage, causant des hallucinations allant jusqu’à l’impression de voir des intrigues sympathiques alors qu’elles n’existaient pas. Racontez leur n’importe quelle intrigue de Friday Night Lights à la place, ils ne regardent certainement pas ce bijou.