Je vous assure, je ne fais pas exprès de ne parler que de webséries difficiles à visionner en France.
Mais vous pouvez faire des efforts, aussi !
C’est quoi ?
Husbands est une websérie créée et interprétée par Brad "Cheeks" Bell, qu’il co-écrit avec l’une des meilleures scénaristes à la télévision : notre Jaaaaaane Espenson adorée.
Le grand, beau et fort Sean Hemeon joue son cher et tendre.
La saison 1 de Husbands fut tournée avec très peu de moyens et comprend 11 épisodes d’à peine moins de deux minutes.
Le bouche-à-oreille fut si fort que les fans donnèrent $60.000 lors de la campagne sur Kickstarter, ce qui permit de financer une deuxième saison.
Celle-ci présente une structure bien différente, puisque ses trois uniques épisodes de 10 minutes fonctionnent comme trois actes d’une sitcom traditionnelle.
La saison 1 est disponible sur ToiTube.
La saison 2 est sur le site officiel.
Une troisième est pour l’instant très hypothétique et dépendra encore des fonds qui seront récoltés. La vraie tragédie, c’est que ça empêche Jaaaaane de me prendre comme stagiaire pour le moment.
Ça raconte quoi ?
Cheeks est un comédien très apprécié et ouvertement gay.
Brady est un joueur de baseball professionnel qui n’a fait son coming-out que récemment.
Tous deux sont célèbres et sortent ensemble depuis quelques semaines.
Lorsqu’une loi passe et rend légal le mariage entre personnes du meme sexe, ils fêtent ça avec beaucoup d’alcool à Las Vegas... et finissent mariés ! Un rapide divorce publique étant mauvais pour cette victoire civique tant attendue, ils decident de tenter de faire marcher cette union malgré leurs différences.

C’est bien ?
Si je vous en parle, c’est forcément que ça vaut le coup ! Jetez-y un oeil, vous y passerez au maximum quarante minutes de votre vie. Trop. Dur.
La saison 1 n’est pas très folichonne, mais elle a le gros mérite de présenter une comédie de situation classique où deux opposés s’attirent et le principe du mariage éclair créent beaucoup de quiproquos avec un couple principal constitué de deux hommes. Brad Bell est un fan des vieilles comédies comme I Love Lucy, dont il tente de créer le type de formule.
Cela devient particulierement drôle en saison 2, qui s’octroie plus de temps pour développer les réactions du monde autour de Cheeks et Brady, en plus de leurs soucis internes. Les gags sont bien mieux rodés, l’augmentation de moyens se voit dans la qualité visuelle, et il est impossible de bouder son plaisir devant le nombre d’acteurs familiers pointant leur nez.
Joss Whedon, en particulier, se débrouille plutôt bien dans le rôle de Wes, l’agent de Brady horrifié par la publicité créée par le couple.
Mais ce n’est pas parce que la série exploite les ficelles de la sitcom classique que le fait d’avoir deux hommes n’est qu’un détail. Non, être un couple homosexuel et se trouver sous les feux des projecteurs sont essentiels a l’histoire. Cheeks, qui est totalement sur de lui et de sa sexualité comme part entière de sa personnalité, est une machine à blagues tendancieuses. Lui et Brady se comportent comme tous les couples à la télé, ils s’embrassent beaucoup et sont souvent au lit en petite tenue.
Dichen Lachman, Tricia Helfer et Felicia Day apparaissent notamment dans deux faux spots en fin d’épisodes, qui illustrent l’hyper-sexualisation constante à la télévision américaine et le double standard entres les sexes. Ce genre d’image ne choque personne et est considéré vendeur, tandis que deux hommes ne faisant que s’embrasser est vu comme un scandale. Bell et Espenson choisissent donc la pique humoristique à ce phénomène enrageant.
Il serait facile de comparer Husbands à The New Normal. Mais comme Brad Bell l’explique, la grosse différence est qu’il est souvent "acceptable" de montrer un couple d’homos s’ils essaient d’être comme les heteros. A savoir, vouloir se marier et avoir un bébé. S’ils veulent être "comme nous", ça passe.
Or, Husbands se fiche de vouloir être accepté par tous et n’a pas de gros producteurs au-dessus de sa tete pour lui dire quoi faire ou non. C’est bien d’avoir The New Normal (meme moi je l’aime bien, alors que c’est du Murphy) ou meme Modern Family, mais Bell préfère ne pas sauter l’étape du mariage en lui-même et traiter du couple avant tout. Ce qu’on ne voit nulle part ailleurs.
Ses personnages sont certes des clichés, deux aspects au bout de chaque spectrum, mais peu lui importe de perpétuer ou non des stéréotypes. Parce qu’ils existent, que les acteurs sont quasiment leurs personnages, et qu’il n’y a pas de raison de ne pas les exploiter dans un but comique.
Cheeks fait l’une des meilleures déclarations à ce sujet lors de la première saison. Oui, il est efféminé, mais "féminin n’est pas synonyme de faiblesse". Il y a quelque chose de fort à l’entendre dire cela de façon si confiante. Cheeks a vécu toute sa vie avec les jugements des autres pour ce qu’il est, mais jamais il ne se sentira faible pour autant. Tandis que Brady, qui a toujours pu se cacher en passant pour un hétéro, est finalement moins prêt à vivre pleinement qui il est aux yeux du monde.

NYCC
NYCC 2012 fut un gros succès personnel. J’ai réussi à harceler Jaaaaane quatre fois en quatre jours. Deux conférences, deux séances d’autographes. Je lui ai demandé un boulot, je l’ai rassurée sur la qualité de Doublemeat Palace, qui lui fait pourtant encore honte à ce jour parce que Joss avait été très méchant. Elle a même finit par se souvenir de mon prénom, qui eu un succès fou et m’a valu une anecdote hilarante de Cheeks demandant où se trouve le temple de Delphes... en Italie.
Bref, Jane est maintenant comme ma grande soeur et je suis sure que j’arriverai à trouver sa maison quand je passerai à L.A. en novembre, où elle m’accueillera à bras ouverts !
A part cela, je ne peux pas vous retranscrire tout ce qui a été dit lors de cette conférence. Mais voici quelques bribes énoncées dont ma caméra se rappelle :
L’un des éléments qui fait la force e la série, d’après Jane, est que l’identification du spectateur dans un couple de fiction se fait généralement par le sexe auquel on appartient, ce qui limite beaucoup. Ici, le problème ne se pose pas et chacun peut s’identifier soit à Cheeks soit à Brady dans cette relation.
C’est cette relation qui est au coeur de l’histoire et non la grande question de l’égalité au mariage pour tous. Par contre, on nous propose deux points de vue sur leur couple : Brady pense qu’ils devraient être comme tout le monde, tandis que Cheeks a l’approche opposée.
C’est aussi avec émotion que les garçons ont répondu à un vieux monsieur qui leur demandait s’il y avait moyen de faire une donation dès maintenant. Moi, ce genre de moment me donnerait presque fois en l’Humanité.
L’annonce principale de l’équipe fut la soirée qu’ils organisent le 11 Novembre prochain à Salt Lake City. SLC est la ville au plus fort pourcentage de tentatives de suicides parmi les homosexuels aux USA. La projection fera office de charité pour une association locale de jeunes sans-abris, composée principalement de ces ados harcelés.
Sean Hemeon est un ancien mormon qui connait trop bien le problème en Utah et a pris leur demande d’aide très très à coeur. Si Cheeks et Jane prenaient principalement le micro pour répondre aux questions, Sean eu un beau moment lors d’une vibrante tirade au sujet de cet événement.
Autre annonce et raison principale de la présence de l’équipe à GeekLand : en attendant de produire plus d’épisodes, Dark Horse sort ce mois-ci le premier numéro d’un comic-book en digital. Cheeks et Brady y prendront la forme d’un super-héros et super-villain. En espérant que cela créera plus de fans.
Bref, ce fut une conférence drôle, intelligente, touchante, et qui mis en lumière une belle petite série que je ne connaissais pas.
