On continue cette semaine avec les hallucinations collectives, la Nouvelle Orléans et Ryan Murphy, le merveilleux.
7 Le buzz fait pschiiiit !
Cette année, bien plus que les autres, il n’aura fallut compter que sur soi (et un peu sur pErDUSA, naturellement) pour dénicher les nouveautés tenant un peu la route.
Parce qu’en écoutant le bruissement critique américain de début septembre et les murmures du net après la diffusion des pilotes, les choses semblaient relativement simples : Last Resort, Nashville et Arrow constituaient la crème des dramas quand The Mindy Project et Ben & Kate rachetaient chez les comédies la nullité crasse de The Neighbors et de Partners.
Outre le décalage entre l’opinion générale et mon ressenti personnel sur ces cinq séries, ce qui m’a le plus surpris, c’est l’indulgence sélective et très, TRES uniforme qui a prévalu cette année.
Que Drum soit indulgent avec The Mindy Project, c’est normal - il aime beaucoup l’actrice-scénariste depuis The Office, a suivi sa carrière et a lu son livre - et d’autant plus crédible qu’il ne s’empêche pas d’exprimer sa déception.
Mais qu’il y ait autant clémence dans la plupart des papiers sur la série (et en général moins contenue), c’est étrange.
Aussi bizarre que la hargne qui s’est déversée sur The Neighbors [1], alors que son pilote n’est en rien plus mauvais. Mais là, pas de souci pour les avis définitifs (à quelques exceptions près) sur "la plus mauvaise série de l’année" et dans de nombreux papiers pour des interrogations sur "la mise à l’antenne de catastrophes de ce type" et les mêmes comparaisons à Outsourced et Work It.
Peut-être que donner son avis sur Internet va de pair avec certaines inclinaisons ?
Peut-être que la simultanéité et la multiplicité des avis créent des phénomènes de pensée de groupe ?
Je n’ai pas la réponse, mais franchement, s’il y a des sociologues qui veulent bien m’expliquer ce qui s’est passé cette année, je suis preneur.
Je ne me remets toujours pas de l’hallucination collective provoquée par Nashville.
6 King David Simon

Pas de surprise du côté de Treme.
La nouvelle saison est aussi bonne que les précédentes, voire meilleure.
Bon, peut-être pas meilleure, parce qu’à ce niveau, c’est difficile de jauger d’une quelconque variation de qualité, mais en tout cas, mon implication émotionnelle à l’égard de la série a encore franchi un pas.
Je suis désormais complètement "confortable" devant Treme, les premières notes du previously me transportent immédiatement dans son univers et je suis tout aux personnages pendant une heure. J’ai un telle confiance que mon sens critique se met en veille et que ma seule attente est qu’il n’arrive rien de tragique à la quinzaine de personnages qui me sont si familiers. Mais il m’a fallut un peu de temps (une bonne saison, je pense) pour en arriver là.
Treme est similaire à Louie [2]dans le sens où c’est une série qui ne s’offre pas facilement. Il faut laisser la durée faire son effet pour apprendre à la lire et à l’écouter (même si du point de vue de la forme il s’agit d’une chronique tout à fait classique narrée de façon chronologique).
Une tendresse particulière envers cette "grande" série du câble se rajoute à ma totale admiration parce qu’elle se distingue des autres en s’éloignant de la ligne habituelle des anti-héros et en faisant pour une fois la part belle aux femmes.
5 Les lois de Murphy
La plus connue d’entre elles dit que Ryan Murphy se lasse assez vite des séries qu’il écrit et qu’ils les laissent partir rapidement dans le n’importe quoi paresseux et pas vraiment contrôlé.
Pour l’instant, The New Normal lancée à la rentrée continue son petit bonhomme de chemin et ne témoigne d’aucun signe de faiblesse. Le septième épisode se saisit même du problème de l’après naissance (qui ne devrait intervenir qu’en saison 2) et du devenir de la mère-porteuse et de sa fille dans la vie de l’enfant.
Mais comme tout peut toujours partir en sucette dès l’épisode suivant, la règle reste valide.
La deuxième indique que Ryan Murphy sait soigner le lancement de ses séries.
Portées par des thèmes d’actualité, des concepts intriguants et des distributions alléchantes, The New Normal, Glee et American Horror Story ont fait parler d’elles des mois avant qu’un de leur épisode ne soit diffusé.
Et bien, en cette rentrée, se profile une troisième règle : Ryan Murphy sait relancer ses séries.
Avec une méthode bien brutale : on casse tout, on secoue, on recolle !
Et de fait, Glee n’a jamais été aussi intéressante (et maîtrisée) qu’en ce début de quatrième saison avec sa narration éclatée et ses personnages éparpillées aux quatre coins des Etats-Unis. Quant à American Horror Story, qui de sa première saison ne reprend que quelques acteurs dans des rôles différents, elle parvient à être aussi déjantée qu’à ses débuts et à offrir un nouveau mélange d’archétypes de la fiction d’angoisse, tout aussi intriguant.
Et oui, c’est comme ça, Shonda Rhimes et Ryan Murphy sont les héros de cette rentrée !