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Law and Order SVU - Retour sur les origines de New York Unité Spéciale et son début de saison 17

Réintroduction: Premières impressions... 16 ans après

Par Conundrum, le 29 septembre 2015
Publié le
29 septembre 2015
Saison 17
Episode 1
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Law and Order : Special Victims Unit est une série qui m’a toujours posé problème. Elle est vendue comme une série dérivée d’une œuvre originale tellement singulière, que, outre par ses codes cosmétiques communs (la musique du générique, Dann Florek et surtout le fameux « tchink-tchink »), je n’ai jamais réussi à faire un lien réel entre les deux séries.

Law and Order était un programme qui mettait en avant une enquête puissante (dans les meilleurs épisodes) à travers les investigations de la police et le procès de l’accusé.

Cette structure immuable avait pour mérite de placer l’intrigue avant tout, la vie personnelle de nos héros n’étaient que des touches secondaires abordées que sporadiquement. Il en ressort une forme narrative aussi rigide que puissante. Chaque épisode pouvait être considéré comme un cross-over entre une série policière et une série juridique. Le passage entre les deux parties provoquait une cassure réelle, les acteurs principaux étaient remplacés, et surtout la thématique de l’épisode changeait alors considérablement. [1]

Lorsque SVU est arrivée à l’antenne, NBC a proposé une série policière des plus traditionnelles centrée sur la vie d’un département particulier de la police de New York, celui chargé des crimes de nature sexuelle. On se retrouvait devant une série qui ressemblait plus à NYPD Blue qu’à Law and Order.
Les séries dérivées suivantes ont souffert du même problème. Si l’emballage est similaire, le produit proposé à l’intérieur est très différent. Évidemment, avoir une identité propre ne peut pas être considéré comme un défaut. Les séries dérivées CSI paraissent interchangeables, c’est loin d’être le cas pour la franchise Law and Order. Le problème est que, présenter SVU comme une extension de Law and Order implique dans le pacte de visionnage que l’on signe avec la série que les séries vont partager plus que le superbe thème musical de Mike Post.

Je n’ai donc jamais vraiment accroché à SVU alors que, sans en être un téléspectateur fidèle, Law and Order reste une série qui m’a profondément marqué. Puis, j’ai découvert la raison de ma difficulté d’adhésion à la série.
En suivant un cours iTunes U sur Law and Order [2], j’ai découvert que, à l’origine, la série n’a pas été développée en tant que dérivée. Dick Wolf, son créateur, voulait vendre la série devenue Law and Order : Special Victims Unit sous le nom de Sex Crimes. Le postulat original ne la liait en rien à Law and Order.
Sex Crimes allait être une série policière indépendante. Warren Littlefield, alors en charge de la programmation de NBC trouvait le sujet trop sensible pour être vendue comme tel mais qu’il pourrait plus facilement vendre la série en tant que spin off de Law and Order. [3]

Les reproches que je faisais à la série prenaient alors tout leur sens. Law and Order n’est pas vraiment une franchise, mais était vendue comme un label de qualité. De la série policière (SVU, Criminal Intent), judiciaire (Trial by Jury) et même docu-drama (Crime and Punishment), les produits Law and Order ne jouaient pas tant sur un univers commun mais capitalisent sur le prestige d’une série noble. Et qui à l’époque n’était pas une des meilleures audiences de la chaine.

Mais alors, indépendamment de la série mère, que vaut ce Sex Crimes sur ces propres mérites ?

Le double-épisode d’ouverture de la saison 17, "Devils’s Dissections" et "Criminal Pathology", était mon premier épisode depuis la fin de saison 1, époque où j’ai cessé de regarder la série.
Et bien qu’il rentre dans la continuité d’un cross-over avec Chicago PD (que je ne regarde pas) de la saison passée, le résumé des épisodes précédents donne assez d’informations pour suivre l’épisode sans être perdu. Mieux encore, cet épisode est inspiré des crimes présumés de Robert Durst. Le fait de connaitre l’histoire a fortement joué en défaveur de la série. Cela ne vient pas du fait qu’on puisse se douter de la résolution de l’intrigue puisque les éléments sont similaires à ceux retranscrits dans le documentaire The Jinx.
Nous avons bien un suspect qui s’habille en femme sourde et muette, qui mutile ses victimes et se débarrasse des membres dans une rivière, on retrouve du sang sous du linoléum et il y a une fameuse conviction involontaire enregistrée.
Malgré tout cela, l’intrigue de l’épisode est assez différente pour ne pas avoir l’impression de suivre un téléfilm sur Durst. Les scénaristes jouent aussi avec le téléspectateur puisque, la confession involontaire intervient rapidement aux toilettes, comme dans The Jinx, mais ce n’est pas celle-ci qui va amener à une conviction pour meurtre. Non, sur ce point, à part la lourdeur des clins d’œil, on ne peut reprocher grand-chose à SVU.

On repense à un épisode réussi d’une série judiciaire après son générique de fin, il ne doit pas simplement dépeindre une intrigue où les gentils policiers gagnent contre les méchants criminels. Et si c’est le cas, la bataille se doit d’être plus captivante que ce double-épisode propose. Avec l’histoire de Durst, la discussion polémique autour du documentaire aurait pu donner un bien meilleur épisode ; sur ce point, SVU est passé un peu à côté de son sujet.

Mais même si je me dis que l’histoire aurait surement été mieux traitée par Law and Order si elle était encore l’antenne, SVU n’est pas une série dépourvue de mérite.
Le premier, et principal à mes yeux, est que, comme la série mère, on peut suivre et rentrer dans un épisode de SVU sans passer par l’étape visionnage glouton. C’est très plaisant de pouvoir se dire qu’on ne s’engage pas dans une relation sur le long terme et qu’après 16 ans, et le fait que je connaissais quasiment aucun membre de la distribution, la série montre et définit parfaitement les rôles et les personnalités de chaque personnage de manière assez subtile (un signe de croix rapide, Benson qui joue avec la voiture de son fils) pour ne pas lasser le téléspectateur fidèle mais bien claire (toute l’exposition est gérée par les questions de Ice T) pour le nouveau téléspectateur.
Il y a aussi un côté très sensationnel qui, à défaut de rappeler Law and Order, la rapproche plus d’une version policière de The Practice. Les retournements de situation, bien qu’inspirés de faits réels, restent très étonnants et peu crédibles. La série cherche plus à choquer par son intrigue qu’à faire réfléchir son audience. C’est très plaisant de regarder une intrigue bien ficelée, aussi peu crédible soit elle. Et puis, sa distribution invitée fait toujours très plaisir et cette semaine, avec Dallas Roberts dans un rôle clé, elle ne déroge pas à cette règle.

Je ne suis pas persuadé de suivre la série sur toute sa saison, mais à une époque on où s’enflamme plus facilement pour une nouvelle série qui ne passera pas le cap de la première saison, Law and Order : Special Victims Unit mérite qu’on s’y attarde un peu plus souvent.

Conundrum
Notes

[1Cela s’explique aussi par une des raisons de la création de la série. Dick Wolf cherchait à développer une série dramatique pour une chaine américaine qui aurait pu être vendue en format 22 minutes sur le marché local.

[2Law and Order : Changing Television – The Brand, cours du 30/09/2011 de Film and Television de UCTV.

[3Ce qui explique aussi la volonté de Wolf de lier ses autres séries, New York Undercover, Deadline, Conviction et la franchise Chicago, à Law and Order, en partageant des personnages, un journal et des cross-overs.