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The Mindy Project - Mindy Kaling a sa propre série à la rentrée sur FOX

The Mindy Project: 31 ans est le nouveau 16 ans

Par Conundrum, le 29 août 2012
Publié le
29 août 2012
Saison 1
Episode 1
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Ca y est, c’est le signe de la rentrée qui approche. Les networks essaient de se démarquer en mettant en avant leurs nouvelles séries les plus prometteuses.

C’est sûr que NBC avait besoin des Jeux Olympiques pour annoncer au Monde que Tina Fey n’est plus la personne la plus drôle de NBC maintenant qu’ils ont engagés le singe de The Hangover.

Via une diffusion de The Mindy Project en ligne sur des plateformes légales, la FOX nous prouve qu’elle continue son programme d’infantilisation de la gente féminine. Avec New Girl, l’année dernière, on nous a montré qu’il est tout à fait acceptable pour une jeune femme d’une vingtaine d’années d’agir comme une gamine de dix ans. Avec The Mindy Project, en suivant cette logique, la trentaine était la décennie pour faire sa crise d’adolescence.

C’est quoi ?

The Mindy Project est la série de Mindy Kaling, écrite par Mindy Kaling, avec Mindy Kaling et des amis de Mindy Kaling, produite par l’ex de Mindy Kaling et commandée par l’ancien boss de Mindy Kaling.

C’est qui tous ces gens qui ne sont pas Mindy Kaling sur la photo ?

Il y a tout d’abord le frère jumeau de Bill Hader de Saturday Night Live. Il ressemble à Bill Hader mais puisqu’il ne nous a pas fait rire, ça ne peut pas être lui.
Ed Helms, son camarade de The Office, fait une apparition dans le pilote, probablement pour honorer une dette envers Mindy.

Côté réguliers, Richard Schiff de The West Wing apparaît furtivement dans ce pilote, mais son rôle a été, plus ou moins, recasté par Stephen Tobolowsky, et Mindy a visiblement eu la flemme de retourner une de ses scènes.

Anna Camp de The Good Wife y incarne la meilleure amie de Mindy et, bien qu’il n’apparaisse pas dans ce pilote, Ike Barinholtz de MadTV fait aussi partie de la distribution.

De quoi ça parle ?

Mindy Kalling a regardé trop de comédies romantiques. Et maintenant, le Monde doit en payer le prix.

Et c’est bien ?

Avec l’expérience, j’ai réalisé que, lorsqu’on rédige ces fiches pilotes, si on doit réfléchir plus de trois secondes à cette question, c’est qu’il y a un problème. Donc, il faut se rendre à l’évidence : non, ce n’est pas bien.

Que l’on parle de potes à New York, du quotidien d’une station de radio, d’une clinique vétérinaire et d’une comédie romantique, le principe d’une sitcom importe peu. On lui demande juste d’être drôle. Et je n’ai pas beaucoup ri devant devant The Mindy Project.

C’est un problème.

Assez étrangement, ce pilote m’a rappelé Animal Practice et pas uniquement à cause de l’aspect hospitalier. Animal Practice et The Mindy Project ont un cahier des charges simple et prévisible à remplir. D’un côté, on a « je parle à un animal, l’animal me comprend donc LOL », de l’autre « regardez-moi, ma vie est une comédie romantique donc LOL ».
The Mindy Project, contrairement à ce que les promos de la FOX essayaient de nous vendre, ne se moque pas des clichés des comédies romantiques, elle les utilise à usure. Et ce n’est pas un crime en soi. Le problème est, dans The Mindy Project comme dans Animal Practice, que l’ensemble parait mécanique et sans âme.

Avec un produit 100% Mindy, 100% du temps, il faut avoir un seuil de tolérance assez élevé pour suivre la série. On ne connaît Mindy que par sa prestation dans The Office, et si son livre « Is Everyone Hanging Out Without Me ? » laissait transparaître une identité plus ancrée et plus intéressante que Kelly Kapoor, ce n’est pas le cas de son pilote estampillé Pur Mindy. Et pour être parfaitement honnête, la Mindy de The Mindy Project, en plus de ne pas être drôle, est plutôt détestable.

Des personnages détestables peuvent faire de bon héros de sitcoms à partir du moment où ils sont bien écrits. Et vu qu’on on ne rit pas des masses devant The Mindy Project, nous avons d’ores et déjà établi que ce n’était pas le cas ici.
On essaie de nous forcer les rares moments où Mindy se montre compréhensive et sympathique pour justifier les actions de notre héroïne. Dans le pilote, elle accepte une patiente qui n’a pas d’assurance, qui ne parle pas anglais, à qui se fait tout traduire pas son fils d’une dizaine d’année et qui porte le voile ! Certes, elle ruine un mariage, se moque du divorce de son collègue, n’est pas sympa avec la gamine de sa meilleure amie bien compréhensive, fait tout tourner autour d’elle, mais au fond, ce n’est pas grave, cette sacrée Mindy a bon cœur, elle aide une pauvre femme musulmane !

Cette volonté de justifier un égocentrisme puant par une excuse bidon est ce qui m’a le plus agacé dans The Mindy Project. Dans Animal Practice, tout comme dans The Newsroom on a eu le droit à la carte « Notre héros s’est fait plaqué » en tant que circonstances atténuantes à une personnalité abrasive. [1] Même si le pilote commence par l’impact d’une rupture, Mindy a, au moins, l’avantage de ne pas avoir trop jouer sur le sentimental. La rupture est présente uniquement pour justifier la scène d’ouverture qui s’achève avec Mindy dans une piscine qui discute avec une poupée Barbie (seule scène drôle du pilote).

Mais c’est peut être la seule facilité que ce pilote n’a pas pris. Les personnages secondaires sont soit inexistants — normal, ils ne sont pas Mindy —, soit des clichés ambulants — normal, pour exister, Mindy a besoin de la meilleure amie sympa, de l’assistante inefficace, du beau gosse et de type qui l’énerve mais avec qui elle va finir.

Malgré tout, je vais poursuivre la série. Avec l’arrêt de 30 Rock et l’agaçant succès de New Girl, la télé manque est en manque de femmes humoristes solides. Amy Poehler ne peut pas tout faire toute seule et je reste persuadé que Mindy Kaling a bien plus à offrir que ce que ce pilote nous propose.

Conundrum
Notes

[1Au passage, on notera, même si ce n’est pas le lieu pour le faire, que cela a le double avantage d’avoir l’aspect misogyne pour nous messieurs, et l’idée que seule la femme idéale pourra changer notre héros pour vous, mesdames.