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Better Call Seb - Qui veut sa part du gâteau du streaming légal ?

n°3: Et si on relançait le piratage ?

Par Sebargio, le 25 mars 2018
Publié le
25 mars 2018
Saison Plaidoirie
Episode Plaidoirie
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Disney quitte Netflix pour lancer sa propre chaine de Streaming et rachète la 21st Century Fox, France Télévision a un temps souhaité lancer son propre Netflix, la saison 3 de Gotham sera diffusée en exclusivité sur WarnerTV… Il pleut une nouvelle du style chaque semaine depuis quelques mois : le gâteau de Netflix à l’air trop bon et chacun veut sa part.

Netflix, Amazon Prime Video, CanalPlay, MyTF1 VOD, OCS en France. Netflix, Amazon Prime Video, HBO, Hulu aux USA. Et je suis loin de tous les connaitre. Et c’est sans compter YouTube, Apple et compagnie. Tout le monde veut une part du gâteau du streaming de séries.

Comme d’habitude sur notre planète, chaque fois qu’il y a quelque chose qui marche bien, des décideurs et investisseurs extrêmement originaux se disent "Et pourquoi pas nous ?". C’est systématique. On va vu ça quasiment à chaque fois. Pour qu’au final la plupart se cassent la gueule et qu’il n’en reste qu’un ou deux (coucou TPS, Club-Internet, Alice et compagnie et faites de la place, il y a Tidal qui arrive dans pas longtemps).
En clair : plutôt que d’innover, de créer, soutenir des projets nouveaux, ces gens-là vont piquer l’idée du copain ou recopier le voisin en espérant que les consommateurs vont venir acheter, payer, dépenser leur argent dans leur service clone et doublon… Pour des gens qui se targuent de défendre la propriété intellectuelle c’est plutôt cocasse mais bon…

Que peut-il bien se passer dans la tête de ces gens-là pour pouvoir prendre de si mauvaises décisions à chaque fois ? L’appât du gain et de la rentabilité facile sans aucune prise de risque ? Certainement. Mais pensent-ils vraiment une seule seconde que les gens vont se taper 5 ou 6 abonnements à des services de streaming différents juste pour leur faire plaisir et remplir leurs poches ? Non, bien sûr que non, mille fois non… Seulement voilà, de nos jours, il faut que ça paye et que ça paye tout de suite. Alors on ne va pas prendre le risque de soutenir un projet innovant, on va plutôt copier le dernier projet innovant en date.

Et on va se battre à coup d’exclusivités pour fractionner totalement l’offre.
Et la/le consommatrice/teur dans tout ça ?
Et bien, elle ou il va pirater bien évidemment ou plutôt se remettre à pirater…

Parce que voilà où nous en sommes : après une première phase de piratage généralisé dans laquelle nous étions tous à dire que nous préfèrerions une offre légale abordable et de qualité au piratage de fichiers à la qualité dégradée, nous avons enfin eu un service légal qui ne se foutait pas trop de notre gueule avec des prix décents.
Et ça a fonctionné : nous avons joué le jeu pour la plupart. Pour une dizaine d’euros par mois, en un clic, on lançait un épisode pour autant d’épisodes et de séries qu’on voulait… Et cet épisode on l’avait en VO avec des sous-titres, dans une très bonne qualité. Nous n’étions plus obligé·es d’attendre la diffusion de nos séries à la télé un an après, en VF, entrecoupées de publicités, censurées et avec les épisodes diffusés dans n’importe quel ordre.
Plus besoin de trouver un fichier à télécharger, de s’embêter avec des codecs, de chercher des sous-titres. Plus besoin de se taper un service de streaming illégal avec malwares et publicités intrusives, pop-up et compagnie… Nous avions la bonne formule pour lutter contre le piratage. De façon équilibrée. Même s’il y avait toujours un certain nombre d’irréductibles qui quoi qu’il existe refuseront de payer.

Je n’ai pas fait de sondage, mais je suis quasiment persuadé que toute la rédaction a son abonnement Netflix. Certains même ont peut-être Amazon dans le cadre de l’abonnement Prime (mais pas moi parce que je me suis disputé et ils sont punis jusqu’à nouvel ordre). Et qu’est-ce que nous sommes content·es de pouvoir profiter de certaines séries en J+1 par rapport aux USA… Tiens, aujourd’hui c’était The Good Place, hier c’était Star Trek Discovery. [1] Plus qu’à s’asseoir devant la télé et cliquer. Plus de prise de tête.

Mais voilà, tout ça, ça sera bientôt fini parce qu’à force, il n’y aura plus rien sur Netflix à part les séries Netflix. [2] Et personne n’ira payer 5 ou 6 abonnements similaires, il ne faut pas se leurrer. Par contre, on va en être rendu à l’absurdité suivante : certains vont payer un service de VPN pour pouvoir regarder leurs séries en toute tranquillité. C’est à dire payer un service (légal mais qui n’a rien à voir avec les ayants-droits) pour télécharger illégalement en lieu et place de payer un service légal. On marche sur la tête, mais on en est (presque) là.

Prévision #JeSuisMediumVoyantExtraLucide : dans quelques temps les ayant-droits vont se plaindre en disant que nous sommes de vilains et vilaines pirates et que c’est pas bien, qu’il faut des taxes supplémentaires et qu’ils ne comprennent pas, qu’il existe bien une offre légale et blablabla sans jamais prendre une seule seconde le temps de remettre en question leur appétit qui en veut toujours plus.

Vous vous souvenez de la licence globale ? À l’époque, on nous a dit et répété partout que c’était impossible. J’ai lu quelque part (c’était peut-être même ici d’ailleurs mais impossible de m’en souvenir) que finalement avec 10€ pour un Netflix-like, 10€ pour un Spotify-like et 10€ pour un Kindle-like, on y était au trente euros par mois de la licence globale. On n’était vraiment pas loin… Mais voilà, il a fallu que la cupidité vienne se mettre en travers du chemin.

Sebargio
Notes

[1Certaines séries sont disponibles une semaine après comme Black Lightening ou Designated Survivor.

[2Et encore, vue l’accélération du planning Marvels sur Netflix, on se demande s’ils auront le droit de les garder au catalogue.