Petite précision avant de commencer : je n’ai pas lu les livres.
Mais, étant bien trop conscient du genre de discussions que ce genre d’adaptation amène, permettez-moi d’être le premier à déclarer, chers lecteurs, que « à mon avis, Outlander, c’est super, vraiment, mais ça serait tellement mieux si tous les détails super importants avaient été incorporés à la série ! Idéalement, dans des épisodes de deux ou trois heures ! Et si les acteurs ressemblaient un peu plus exactement à ce qu’on s’imaginait. Mais sinon, super ! ».
Qu’est-ce que c’est ?
Outlander est l’adaptation d’une série de livres de Diana Gabaldon (dont le premier tome « Le Chardon et le Tartan » sert de base à la saison 1, merci Wikipédia).
La série est développée pour la télévision par Ronald D. Moore (un barbu capable du meilleur comme du pire) pour Starz (la chaine des pirates très bavards et de Fuck Me Again, Leonardo). Elle a déjà été reconduite pour une deuxième saison.
De quoi ça parle ?
Outlander, c’est un peu Docteur Quinn, Femme Médecin, mais avec plus de nudité et un peu plus de voyage dans le temps.
Notre héroïne, Claire, est une infirmière qui célèbre la fin de la Seconde Guerre Mondiale en Écosse en compagnie de son mari quand, accrochez-vous, elle se retrouve subitement propulsée au milieu du 18ème siècle par un menhir.
Claire devient alors la guérisseuse officielle d’une bande d’écossais vivant dans un château, et doit affronter quotidiennement le sexisme ordinaire et les superstitions de l’époque, tout en essayant de ne pas trop tomber amoureuse d’un beau mec de la région.
Exactement comme Docteur Quinn, Femme Médecin.
Il y a un générique ?
Oui, et il est tellement dégueulasse que ça méritait bien d’insister là-dessus.
Une musique mièvre et des images gnan-gnan, de quoi vous donner envie d’arrêter immédiatement chaque épisode, à peine lancé. Je vous laisse juger par vous-même. [1]
C’est avec qui ?
Caitriona Balfe, ancienne top model irlandaise, tient le rôle principal. Sam Heughan est Jamie, son futur amoureux en kilt. Le mari de Claire, Frank, est interprété par Tobias Menzies (l’excellent Brutus de Rome), qui joue également son ancêtre.
Le reste de la distribution est composé d’une belle brochette d’acteurs écossais aux accents plus improbables les uns que les autres. Sérieusement, j’ai passé la moitié du deuxième épisode à essayer de différentier des mecs barbus et sales les uns des autres, tout en étant incapable de comprendre leur nom ou ce qu’ils disaient.
Et c’est bien ?
Après trois épisodes, c’est encore difficile à dire.
Pour mettre les choses au clair, je reste persuadé qu’il est toujours bénéfique d’attendre un peu avant de parler d’une nouvelle série, et d’éviter autant que possible de pondre une critique après la diffusion d’un seul épisode. C’est d’autant plus vrai pour Outlander, dont le pilote est très peu représentatif de ce qu’est la série et prend énormément son temps avant d’entrer dans le vif du sujet.
(Attendre un peu est, aussi, une bonne façon d’avoir quelque chose de plus intéressant à raconter qu’une simple reprise des points principaux d’un dossier de presse... mais passons.)
Mon souci, c’est qu’après avoir été agréablement surpris par les deux premiers épisodes d’Outlander, j’ai trouvé le troisième assez catastrophique. Ce qui aurait été une critique joyeusement optimiste la semaine dernière se transforme, aujourd’hui, en un avis beaucoup plus nuancé. Et les avis nuancés... c’est nettement moins facile à écrire.
Je n’ai pas été dérangé par le fait que le pilote prenait son temps pour nous présenter Claire à son époque et sa relation avec son mari, avant de nous offrir le voyage dans le Temps promis. C’était important de bien établir les enjeux si son but premier est de revenir à son époque et à son mari. Et pouvoir prendre son temps est un des avantages du format série, alors autant en profiter.
Je n’ai pas été (trop) dérangé, non plus, par les aspects un peu gnan-gnan de l’histoire, comme le fait qu’on s’imagine facilement, dans un coin de sa tête, que Diana Gabaldon s’est écrite une héroïne parfaite (infirmière de guerre, intelligente, très belle, aimée, cultivée, aventurière, qui a passé son enfance à faire de l’archéologie...) pour assouvir ses fantasmes et se taper un guerrier écossais du 18ème siècle par procuration.
Tous ces aspects sont bien présents, mais les deux premiers épisodes nous offrent une héroïne tellement charismatique et à laquelle on s’attache si facilement, qu’il est aisé d’ignorer les points plus problématiques. Caitriona Balfe est parfaite dans le rôle, une vraie découverte qui tient la série à bouts de bras.
À elle seule, elle permet de ne pas trop se focaliser sur nos craintes que Outlander puisse se résumer à un roman à l’eau de rose, une histoire d’amour à la fois impossible et hyper convenue entre une infirmière moderne et un gentil mec musclé, parfait, kilté. Une série qui nous proposerait un générique dégueulasse avec une image comme ça :
L’histoire d’amour est bien présente. Jamie est encore plus parfait, gentil, et kilté que prévu. Et il y a systématiquement, à chaque épisode, une scène où la gentille infirmière prend soin de lui, toujours auprès d’un feu, en effleurant ses muscles (tout en pensant à son mari, bien sûr, laissé au 20ème siècle). Cela fait partie du lot, il va bien falloir s’y faire, et ça n’a pas empêché les deux premiers épisodes d’offrir des histoires solides mettant en scène de bons personnages.
Le troisième épisode était sans intérêt.
Et c’est pendant cet épisode que la comparaison avec Docteur Quinn est apparue comme un peu trop évidente : Claire rencontre donc une situation médicale mystérieuse, un vilain prêtre veut pratiquer un exorcisme, mais, heureusement, à la fin, elle arrive à sauver l’enfant malade grâce à sa médecine moderne et l’aide de son chevalier servant.
Ce qui est plus inquiétant, en dehors du fait que l’histoire était chiante et convenue, c’est qu’il s’agissait du premier vrai épisode de la série, débarrassée de l’introduction du monde et de l’histoire effectuée plus tôt.
J’ose espérer que le faible nombre d’épisodes de cette première saison limitera ce genre de remplissage, mais j’avoue avoir été pas mal refroidi. Et, comme je le disais, il est du coup assez difficile pour moi de me faire une opinion tranchée sur Outlander.
Peut-être que vous devriez regarder.
Peut-être pas.
Il n’y a aucun moyen de le savoir à l’avance.
...
Sauf si vous n’aimez pas la cornemuse.
Parce que Bear McCreary arrivait déjà à nous en mettre dans la bande-son de Battlestar Galactica... alors une série qui se déroule en Écosse... vous imaginez... il s’est complètement lâché.
Vous voilà prévenus.