Critique des meilleures nouvelles séries télé (et des autres)
Regarde critique sur les séries TV actuelles

21 Drum Street - Vue d’ensemble des impressions laissées (ou pas) par les nouvelles séries

N°36: The Goldbergs, c’est bien la sitcom de base-ball avec Will Arnett ?

Par Conundrum, le 25 octobre 2013
Publié le
25 octobre 2013
Saison Chronique
Episode Chronique
Facebook Twitter
On se fait un peu chier, quand même, hein ?
Cette nouvelle saison signe le retour de Joss Whedon, des comédies, des séries aux concepts intrigants, et la possibilité de voir Marty McFly chaque semaine à la télé.

Pourtant, on s’ennuie tellement qu’il faut trouver des règles comme le « trois épisodes sinon rien » ou des jeux comme « tiens, je vais compter le nombre de scènes entre deux femmes dans chaque pilotes » pour se forcer à parler de nouvelles séries. Mais il faut se rendre à l’évidence, on préfère largement lire Jéjé nous parler de séries des années 70 que regarder le deuxième épisode de The Millers.

Le pire, c’est qu’il n’y a pas grand chose à reprocher à ces nouvelles séries, il n’y a peu de produits foncièrement mauvais dans le lot. C’est juste que tout parait si calculé, si lisse, si propre et si ennuyeux ! A tel point qu’il me faut 30 secondes pour identifier l’épisode d’une nouvelle sitcom familiale.
Du coup, quand une série sort un peu du lot, elle attire facilement notre attention. The Crazy Ones et Sean Saves The World sont les deux séries qui me distraient autant qu’elles m’agacent, et c’est une bonne chose. « Enervant », c’est toujours mieux que « plaisant » parce que cela signifie que je suis assez investi dans ces séries pour que leurs défauts me touchent. Elles ont le potentiel de faire mieux, et j’espère les voir évoluer vers de meilleures séries tout au long de la saison. Pendant ce temps là, je n’arrive plus à dépasser le générique de The Michael J. Fox Show.

Pour accentuer le problème, les comédies qui reviennent pour une nouvelle saison sont particulièrement en forme. J’aime beaucoup les jeux de changement de partenaires de The Big Bang Theory. Parks and Recreation trouve un second souffle dès qu’on laisse Andy sur le bas coté. The Mindy Project a enfin trouvé son rythme de croisière. Et on ne fait rien de mieux que The Neighbors cette saison en matière de comédie. Non seulement les nouvelles sitcoms de cette cuvée 2013-14 doivent lutter entre elles pour se démarquer, mais en plus la meilleure d’entre elle est bien loin de la qualité de ses ainées.

Évidemment, il est encore trop tôt pour juger de la qualité de cette saison alors que ces nouvelles séries n’ont pas encore bénéficié d’une période de rodage et de tirer les conclusions de la production de leurs premiers épisodes. Il faut laisser quelques épisodes à une série avant de pouvoir la juger. C’est en partie ce qui a motivé la rédaction de pErDUSA à ne pas faire de critiques systématiques de pilotes, et d’avoir vu au moins 5 épisodes d’une série pour pouvoir la noter dans les tableaux de mi-saison. Mais pour cette rentrée, le problème semble être plus profond qu’un simple niveau de qualité de production.

Il y a clairement un grand manque d’ambition de la part de chaines américaines. La déception ne vient pas que de la qualité du produit fini. Elle vient principalement de la comparaison de nos attentes face aux épisodes livrés.
Le concept de Sleepy Hollow n’intéressait pas grand-monde à la rédaction, surtout quand on sait qu’elle a été développée, entre autres, par les « scénaristes de Transformers ». Au final, c’est le seul et unique nouveau drama de network que je suis avec plaisir. Et je ne pense pas être le seul dans ce cas. Certes, la réalisation parait un peu cheap et les acteurs n’ont pas du dépenser une fortune en cours de théâtre mais le concept est tellement alambiqué que ce Fringe médiéval marque rapidement les esprits.

Si la série avait été vendue comme le nouveau drama sensationnel de JJ Abrams et Joss Whedon, Sleepy Hollow aurait été une déception car nous sommes en droit d’attendre plus d’eux. Mais pour la série d’un parfait inconnu développée par les mecs de Transformers, on s’amuse beaucoup devant elle. On s’amuse autant qu’on s’ennuie devant Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D..
Le pauvre Clark Gregg se retrouve avec des camarades de jeu aussi plats que les scénarios qu’on lui livre. Le pire dans tout cela est que nous ne sommes ni déçus, ni énervés. On sait très bien le Joss Whedon de Marvel n’est plus celui qui nous a donné le tryptique Buffy/Angel/Firefly. On sait aussi que son implication est très limitée. Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D. est la simple confirmation du triste constat qu’on pouvait se faire avant même la diffusion du pilote. Sans plaisir ou sans colère, il n’y a pas grand chose à dire sur la série.

Une idée ou un concept ne fait pas une bonne série, un bon pilote non plus, d’ailleurs. En revanche, quand on voit le manque de personnalité de ces nouvelles séries alors qu’on a perdu 30 Rock, Fringe, Happy Endings et The Office en une saison, nous sommes en droit de pouvoir nous demander d’où va venir la relève. Il est bien connu que les networks ne cherchent pas de nouvelles idées, mais cherchent à « s’inspirer » des succès d’autres séries. Le problème est que, si cette idée tenait la route il y a vingt ans, les succès d’aujourd’hui sont bien moins fédérateurs. Que tout le monde veuille un nouvel The X-Files ou un nouveau Friends, ça a du sens. Je ne suis pas sûr que l’audience ou l’intérêt de Revenge mérite de mettre à l’antenne des Betrayal ou Deception. Et on devra se coltiner combien de faux documentaires avant de revenir à la bonne vieille sitcom en public ?

Pire encore, à cela s’ajoute cette mode la volonté de remettre au goût du jour de vieux concept. Cela peut donner Elementary ou même Sleepy Hollow, mais c’est principalement jouer sur une valeur (plus ou moins) sûre et limiter la prise de risque. Et puis, plus le concept est vieux, plus il est connu, et plus il a de chances d’être dans le domaine public et limiter les coûts de développement.
L’autre route de facilité est de produire une série autour d’un nom. Mais il n’y a plus de stars fédératrices qui garantissent un succès d’audience. [1] Glenn Close, Merryl Streep ou les acteurs de Friends se retrouvent sur le câble dans des séries à faible audience. Et Michael J. Fox, avec sa série, a prouvé, une fois de plus, que la sympathie du public ne se traduit pas par une audience remarquable.

Le succès de The Walking Dead ou Scandal sont des exemples parfaits de ce problème.
les chaines US on tendance à penser que le fait que NCIS soit le drama à la meilleure audience implique que le public désire plus de la même chose. Les excellentes audiences de ces deux séries montre qu’il y a un réel désir de voir quelque chose de différent qu’un procedural à l’antenne. Indépendamment de leur qualité, il n’y a rien comme ces deux séries, tout comme il n’y a rien d’autre comme Sleepy Hollow.

Il n’y a pas de mal à vouloir s’inspirer de Modern Family, mais il faut être capable de fournir quelque chose d’aussi consistant car la copie impose la comparaison. Et alors même que beaucoup d’entre nous ne semble plus supporter la comédie d’ABC, elle reste largement supérieur à The Michael J. Fox Show.
En revanche, nous avons tendance à être bien plus clément avec des produits originaux. Bien sur que Scandal est aussi réaliste que The Walking Dead ! Bien sur que les zombies de The Walking Dead jouent aussi bien que les acteurs de Sleepy Hollow ! La qualité n’est peut-être pas toujours au rendez-vous, mais on s’amuse souvent devant ces séries. Et c’est ce qui manque cruellement à ces nouvelles séries. On se fait bien chier quand même devant The Blacklist...

Conundrum
Notes

[1Je me demande même s’il y en a vraiment eu.