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Rome - La saison 2 débute en enterrant les morts de la première

Passover: I’m not rising from this bed until I fucked someone

Par Joma, le 15 janvier 2007
Par Joma
Publié le
15 janvier 2007
Saison 2
Episode 1
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Une marre de sang sur le carrelage, un corps affalé sans vie dans un sénat déserté par les conspirateurs. Ainsi s’était fini la saison 1 et ainsi s’ouvre la saison 2 de Rome.

Pendant la longue année qui s’est écoulée depuis le season finale, je m’étais demandé à quel moment Bruno Heller allait reprendre le cours de la série.

Pour moi, il ne faisait aucun doute (mais je pouvais me tromper) que les deux saisons parleraient de la fin de la République et de l’avènement de l’Empire. Il restait encore à savoir si Heller, Millius et compagnie allaient continuer à utiliser leur navigation temporelle étendue ou se concentrer sur une période bien précise.
En effet, d’Alésia à la mort de César, huit ans se sont écoulés, et il reste encore 15 ans jusqu’à l’avènement d’Auguste.

Les premières images de l’épisode y répondent donc de suite.

Comme on pouvait s’y attendre, pour les besoins de son histoire, Bruno Heller prend quelques libertés avec l’Histoire. En effet, Octave se trouvait à Apollonia en Illyrie (actuellement en Albanie) au moment de la mort de César et non à Rome comme dans la série, et ne réclamera le testament de celui-ci qu’à sa rentrée dans la capitale de la République, bien des mois plus tard. Quant à Marc-Antoine, il s’enfuit de Rome après l’assassinat, ne revenant qu’après être sûr que seul le Dictateur était visé, contrairement à la série où il se réfugie chez les Julii.

Mais Heller réussit parfaitement à contourner cette contrainte avec la scène qui suit la révélation du testament de César qui fait d’Octave son fils et successeur désigné. Il montre un Octave qui s’affirme et n’hésite pas à braver les idées de Marc-Antoine. En une scène on a déjà l’avant goût de l’affrontement qui va se jouer dans le dernier acte de la république mourante.

Bien sûr, il lui arrive de prendre aussi quelques libertés, le personnage de Cicéron me paraît trop pleutre pour vraiment correspondre à la bête politique qu’il était. Néanmoins Heller sait aussi parfaitement jouer des vérités historiques pour nous donner des scènes de grandes intensités.
Si Marc-Antoine était considéré comme un jouisseur (cf le titre de ma review), voire quelqu’un d’assez violent avec son propre code moral (la mort expéditive de Quintus, le fils de Pompée qui avait voulu l’assassiner, en est l’exemple le plus frappant) il est aussi un orateur intelligent connaissant la rhétorique. C’est de cet art qu’il va user pour convaincre Cassius et Brutus d’une amnistie. Et toujours avec son talent d’orateur, il va enflammer la foule contre les assassins lors de l’enterrement de César, les obligeant à quitter la ville. Cette dernière scène n’étant pas montrée directement, mais prend encore plus de force, puisque l’on ressent l’impact qu’elle a eu sur le peuple, quand elle est racontée par un des hommes d’Erastes Fulmen.

Là, je suis sûr que certain d’entre vous se demandent qui est ce brave Erastes, il est donc le temps d’introduire dans cette review Titus Pullo et Lucius Veronus.
J’ai d’ailleurs appris il y a peu que Pullo et Vorenus sont deux noms de centurions cités dans l’ouvrage de César sur la guerre des Gaules. Les créateurs de Rome gagnent encore plus mon respect pour la qualité de leur travail de recherche sur la série.

La mort de Niobe a littéralement anéanti Vorenus, il en vient même à renier ses enfants qu’il ne voit plus que comme une trahison, avant de quitter sa villa pour errer hagard dans Rome avant de se faire agresser et voler.

Titus Pullo quand à lui, était, lors de ses évènements, au dehors de la cité, tentant de se racheter de sa conduite envers son esclave qu’il demande en mariage. Mais le bonheur de Pullo est de courte durée. Lorsqu’il apprend la mort de César il rentre immédiatement à Rome.
C’est son retour qui permettra à Lucius Veronus de sortir de son apathie puis de prendre conscience de la portée de son geste envers ses enfants et de le regretter. Malheureusement pour lui, Erastes Fulmen, l’escroc avec qui Veronus avait eu maille à partir dans la saison 1 est revenu se venger. Et c’est sans savoir ce qu’il est advenu de ses enfants que Lucius, accompagné de Pullo (qui entre temps a revu Octave), va enterrer sa femme, le même jour où Rome enterre César.
Mais Fulmen a été imprudent en laissant un témoin et c’est deux démons qui débarquent chez lui, tuant acolytes et serviteurs. Personne n’est de taille face aux deux gladiateurs qui avaient enflammé le cœur des romains il y a peu. Veronus finissant lui même par décapiter Fulmen après qu’il lui ait confirmé la mort de ses enfants.

Que ce soit lorsqu’il pleure sa femme ou l’image finale (qui restera longtemps gravée dans ma mémoire) de Veronus les yeux hallucinés, ruisselant du sang de ses ennemis, portant la tête de Fulmen, je dois rendre hommage au travail de Kevin McKidd. Il avait prouvé l’an dernier qu’il était déjà très bon, mais il survole littéralement cet épisode pourtant porté par un casting toujours impeccable, où même Ciarán Hinds et Indira Varma viennent faire les morts. (Bon d’accord ça devait être dans leur contrat, mais quand même.)

Les morts sont enterrés, enfin brûlés. Les différentes factions semblent bien établies. L’ordre de retours dans Rome. L’histoire peut continuer son cours.

Joma
P.S. Un très, très bon épisode de reprise, chargé d’émotion et de violence, bref du Rome comme on l’aime.