Si je commence par vous dire ça, c’est parce que je ne voudrais pas que ce qui suit soit balayé d’un simple « De toute façon, il aime tout en ce moment, Simplet ! ». Déjà, ce n’est pas très gentil de vous moquer de ma taille. Ensuite, non, la suite de ce texte est un avis qualitatif sincère et réfléchi, et surtout pas issu d’un revirement brutal de personnalité.
Comme mon ami Conundrum aime à me le rappeler, cela fait maintenant longtemps que j’écris sur les séries. Suffisamment longtemps, en fait, pour que vous puissiez savoir si, oui ou non, vous pouvez vous fier à mes goûts. Aujourd’hui, pour vous donner envie de regarder Rubicon, j’aurais donc pu me contenter d’une petite présentation de la série, d’un B-A BA en quelques lignes à l’attention des plus distraits, ou de faire un lien vers ma critique du premier épisode.
J’aurais pu simplement vous dire que Rubicon est ma série préférée de la cuvée 2010, celle que j’attends avec le plus d’impatience chaque semaine, et vous laisser vous débrouiller avec ça.
Sauf que non. Aujourd’hui j’ai envie de faire autre chose. Aujourd’hui je vous propose Cinq Très Mauvaises Raisons de Regarder Une Très Bonne Série.
1 Regardez Rubicon pour vous la péter !
Je ne vous apprends rien, je l’espère, en vous disant que AMC est le network qui monte. Mad Men et Breaking Bad sont au top aussi bien créatif que critique, l’une comme l’autre sont d’excellentes séries disposant d’une réputation irréprochable. C’est pour cette raison que vous vous ferez immédiatement remarquer quand, au détour d’une conversation anodine, vous sortirez « Quoi ? Mais tu ne connais pas la troisième série d’AMC ? Mad Men et Breaking Bad sont complètement mainstream. Rubicon c’est pour les vrais connaisseurs ! » [1]
2 Regardez Rubicon si vous ne comprenez pas bien l’anglais !
Rubicon adore les scènes sans aucun dialogue. De tête, au moins quatre des pré-génériques sont totalement silencieux. Sans doute parce que les scénaristes sont de grosses feignasses, mais peut-être un peu aussi pour nous permettre de nous imprégner de l’ambiance de la série à travers sa musique et les plans soigneusement composés (par des réalisateurs qui, eux, ne sont pas des feignasses). Bonne nouvelle : pas besoin de piger un mot d’anglais pour apprécier des images et de la musique.
3 Regardez Rubicon pour vous prendre pour un new-yorkais !

De nombreuses séries se déroulent à New York, mais Rubicon est une des seuls réellement tournée sur place. Là où les premières vous proposent des plans aériens de la ville (achetés à bons prix à l’office du tourisme), Rubicon a choisi l’inverse en évitant à tout prix tout lieu un peu trop connu. Depuis le début de la saison, pas une trace de la Statue de la Liberté ou de l’Empire State Building. A la place, le sud de Manhattan comme si vous y étiez, et une envie de plus en plus évidente de faire pause toutes les deux minutes pour prendre le temps d’apprécier chaque image à sa juste valeur.
4 Regardez Rubicon parce que ça porte bonheur !
La première saison possède treize épisodes. David Hadas n’aime pas se garer sur la place numéro 13. Le premier mot prononcé dans la série est « Thirteeeeen ! » (dans le pré-générique quasiment silencieux du pilote). James Badge Dale a joué dans The Black Donnellys avec Olivia Wilde, la Thirteen de House ! Coïncidence ?
Vraiment, je vous le demande ?
Coïncidence ???
5 Regardez Rubicon pour tester votre patience !
Je ne vais pas vous mentir, les trois premiers épisodes de la série sont d’une lenteur absolue. Dans l’idée, on est très proche de la saison 1 de Mad Men, qui est, je le rappelle, « une série à la lenteur irritante » (dixit Alain Carrazé). Mais plutôt que de vous décourager devant ces scènes silencieuses un peu longuettes où un mec à la coiffure extraordinaire regarde dans le vide, je vous propose d’embrasser le concept et d’en profiter pour tester votre patience. Le départ du créateur de la série après le pilote est assez évident dans ces trois épisodes. On sent bien que la nouvelle équipe cherche ses marques, tâtonne, et recrée la série de toute pièce. Le résultat apparait dès le quatrième épisode, et se confirme vraiment dans le suivant, pour nous offrir finalement une série unique en son genre, dont il devient impossible de décrocher. Mais oui, il faut être patient. Ou commencer directement par le quatrième épisode.
Je vous ai dit que Rubicon était ma série préférée de la cuvée 2010 ? Oui ? Parce que j’aurais peut-être dû commencer par là, maintenant que j’y pense.
[1] Oui, malheureusement, dans cette conversation, vous êtes snob et vous avez cette manie insupportable d’utiliser des mots anglais au milieu des phrases.