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Sequestered - Présentation et avis sur la série de Crackle sans pétage de genoux

Sequestered: Law and Order and Summer

Par Conundrum, le 26 juillet 2015
Publié le
26 juillet 2015
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J’ai une affection particulière pour les séries judiciaires. L’idée de suivre les délibérations d’un jury sur une affaire tout au long d’une saison m’enchantait fortement.

J’imaginais des débats d’idées et d’opinions de femmes et hommes issus de milieux socioéconomiques différents sur un cas où aucune preuve n’apporte un constat d’innocence ou de culpabilité. Le principe de Sequestered donnait fortement envie.

Et puis, dès que j’ai le logo Crackle sur la photo promo où personne ne regarde au même endroit, tous mes espoirs d’une série intelligente, puissante et qui pousse à la réflexion étaient passés par la fenêtre. La plateforme de diffusion de Milou, Ducon, la sœur Halliwell et leurs Coffrets Maudits n’est pas connu pour faire dans la subtilité. La paranoïa, le pétage de genoux et les rebondissements improbables, ça, en revanche, ils savent faire.

Et en période estivale, quand on ne regarde ni Unreal, ni Mr Robot, faudra bien faire avec.

Mais sinon, Sequestered, c’est quoi ?

Sequestered, c’est une série diffusée sur Crackle, la plateforme de Sony, diffusée en deux salves de 6 épisodes de 22 minutes en 2014.

Elle a été créée par Aaron Tracy qui n’a à son crédit de scénariste que deux épisodes de séries, dont un de Law and Order SVU. Et à l’exception de Barry M. Schkolnick, un vétéran (entre autre) de Law and Order, The Good Wife et L.A. Law, le reste de l’équipe de scénaristes, n’a pas beaucoup plus d’expérience dans l’écriture sérielle. Hermany Perla n’a écrit que pour The Ropes, une autre série Crackle produite par Vin Diesel et Mark Hosack n’avait écrit que des scripts de films avant Sequestred.

C’est avec qui ?

C’est avec un mec avec môme, une femme qui peut vous tuer avec son cerveau, le vilain sénateur des X-Men, une tique, un oiseau de proie, le mec qui vit avec Fran, Mrs Kimet pour ceux qui ont grandi dans les années 90, la dame qui a fait de la chirurgie esthétique et qui a changé de nom dans la vraie vie, c’est bien Heather Paige Kent.

Ça parle de quoi ?

Le fils d’un politicien est assassiné. Suite à l’agression de l’un des leurs, le jury du procès de l’homme inculpé de ce crime est alors séquestré.

La série suit leurs délibérations.

Il y a un générique ?

Non, mais pour présenter autant de personnages, il aurait pu prendre un bon tiers des 22 minutes allouées par épisodes. Donc, c’est l’une des rares occasions où l’encart titre est autorisé.

Et c’est bien ?

Ce n’est pas ce que je voulais voir, mais c’est assez plaisant.

Les codes établis dans Chosen sont bien présents ici. Les épisodes sont courts et rythmés, mais l’action explosive de la série de Milou laisse la place au thriller un peu plus cérébral dans celle de River Tam. Mais, ne vous inquiétez pas, il y a quand même un peu la torture et claquage de visage contre les murs.

Mais avant de parler de ce qui marche dans la série, il faut quand préfacer le tout par le fait que Sequestered souffre de gros défauts. Le premier est le trop grand nombre de personnages. Nous suivons le jury, mais aussi l’un des avocats de la défense et les parents de la victime. En 22 minutes par épisode, il est impossible de leur rendre tous justice, ni même de les rendre tous intéressants. Le problème est que l’écriture n’aide pas sur ce point. Les dialogues lourds de certains personnages périphériques dans le jury accentue l’idée avoir affaire avec des types de personnages vus et revus et sans saveur (tiens, une blonde écervelée, oh un geek enclin à la conspiration, etc…).

Si les acteurs principaux se débrouillent plutôt bien, le matériel pêche lorsque l’on sort un peu de l’axe principal de la série. L’un de nos héros est présenté comme un accro aux jeux d’argent, on sait très bien qu’on prépare le terrain à une rechute dans une poignée d’épisodes qui, en plus d’être peu convaincante, n’avance pas l’intrigue. En effet, en plus du jury, la série suit aussi les parents du jeune enfant afin de comprendre les circonstances autour de son meurtre, et l’avocat de la défense pris au sein d’une conspiration. Mais même si les épisodes ne font qu’une demi-heure, sur douze épisodes, il faut bien occuper tout ce beau monde. Et si le résultat forme un tout cohérent, les chemins pris par les trois axes narratifs ne sont pas tous intéressants au même moment.

Heureusement, l’idée de base de la série est assez solide pour ne jamais décrocher de l’intrigue. Suivre les délibérations d’un jury est une bonne idée en soi, mais c’est le rebondissement de fin de pilote qui donne une toute autre dimension à la série. L’idée d’un 12 Hommes en Colère inversé est excellente idée de huit clos. A l’intérieur du tribunal, l’action devient alors beaucoup plus cérébrale. Et c’est sous cet aspect thriller que Sequestered fait son effet.

Suivre un avocat au sein d’une conspiration ou découvrir les secrets de famille de la victime, ça n’a rien de neuf. La vie au sein du jury est l’aspect le plus innovant de la série. Nous nous retrouvons à vouloir que les personnages de la série réussissent dans leurs actions même si celles-ci vont à l’encontre de la justice. Et ce, sans jamais faire appel à une forme d’anti héros.
Il s’agit d’hommes et femmes forcés à mettre leurs convictions de côté. Si justice est faire, alors nos héros échouent à leurs missions. Si le processus d’identification au personnage central fonctionne, alors le téléspectateur est mis au cœur d’un dilemme moral bien plus intéressant que "C’est bon, c’est un serial killer, mais il ne tue que des gens qui le mérite. Je vois pas le problème !".

Sequestered est une série qui aurait pu bénéficier d’une exécution plus fine, mais pour avoir enchainé les épisodes en visionnage glouton dans la même journée, force est de constater qu’à défaut d’être ce que Trial By Jury aurait pu être, Sequestered est une série efficace

Conundrum