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Les Moments du Mois - Huit moments séries qui nous ont marqué en mars

2014: Mars 2014 en 8 Moments Séries

Par la Rédaction, le 1er avril 2014
Publié le
1er avril 2014
Saison Mars
Episode Mars
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Les Moments du Mois, c’est la chronique mensuelle magique où, quand les astres s’alignent parfaitement et que le crapaud crache son venin en harmonie avec le cycle des marées, les rédacteurs de pErDUSA se rendent compte tous en même temps que, oui, ils ont regardé des séries pendant les trente derniers jours.

Ou alors, c’est qu’on était bien reposé de n’avoir rien écrit pendant deux semaines.

En mars, on a donc écrit un chouette bilan de la première saison de Brooklyn Nine-Nine, un chouette bilan d’une autre première saison avec des pirates qui papotent, et un chouette article sur le rôle des femmes dans les séries françaises.

Comme d’habitude, les articles sur les séries abordées dans cette chronique parlent très ouvertement de ce qui s’y est passé récemment. Très ouvertement. Genre, on spoile énormément The Good Wife et Teen Wolf en toute fin de chronique.

Faites gaffe !

1 Veronica Mars

Veronica Mars - The Movie

14 mars / Keith découvre Veronica au bureau
Par Conundrum

C’est étrange, je n’ai jamais vraiment aimé Enrico Colantoni dans Just Shoot Me !. C’est un acteur doué, mais dont les talents n’étaient pas adaptés à un casting avec Wendie Malick, David Spade et George Segal. Dans Veronica Mars, Colantoni était une révélation, il a la versatilité nécessaire pour jouer avec Kristen Bell et à ancrer leur relation père-fille. Et malgré, son intrigue non conclue dans le film, les rares scènes entre Keith et sa fille dans le film m’ont rappelé à quel point Colantoni était doué en comédie.

Le film était une belle réussite, mais il était difficile de rendre justice à autant de personnages en moins de deux heures. Encore plus injuste ? Découvrir les reste de l’intrigue de Keith dans « The Thousand Tan Line », le livre qui fait suite au film. Ce n’est pas que le livre n’est pas une réussite, c’est un bon bouquin, mais nous sommes dépourvus du jeu de Colantoni. Les dialogues sont dans la lignée de la série, le ton est là, mais aucune description ne pourrait justice au visage de Colantoni quand il découvre sa fille à son bureau.

Il y avait beaucoup de bons moments dans le film, mais l’effet nostalgique obligatoire par ce film se cristallise parfaitement dans ce moment. J’avais oublié à quel point cette relation était rare et juste. Je savais que Veronica Mars allait me rappeler à quel point j’avais aimé la série mais je n’avais pas réalisé à quel point Keith m’avait manqué !

2 Hannibal

Saison 2 - Episode 5 - Mukozuke

28 mars / Will Graham fait du cosplay
Par Ju

Depuis le tout premier épisode de la série, une des meilleures idées d’Hannibal a été de nous montrer Will Graham dans la peau des tueurs dont il établit le profil. Le procédé est toujours le même : un joli coup de pendule doré sur fond noir, une scène du crime qui se « rembobine » petit à petit, puis Will qui se prête à un meurtre devant nos yeux.

This is my design.

En plus d’être une façon à la fois très intelligente et très visuelle de nous présenter les crimes, placer Will dans les bottes du tueur, semaine après semaine, était un procédé particulièrement efficace pour nous montrer sa détérioration mentale tout au long de la saison 1.

Mais je crois que j’ai trouvé quelque chose que je préfère encore à ça. Au diable la subtilité et les inventions narratives ingénieuses, déguiser Will en « Hannibal le Cannibale » était au moins aussi jouissif. Une camisole, un chariot à roulette, et une muselière, l’image est tellement forte, tellement ancrée dans la culture populaire (même pour quelqu’un qui, comme moi, n’avait qu’une connaissance et un intérêt très limités pour le personnage de Thomas Harris avant de découvrir la série) qu’il est impossible de ne pas être fasciné.

Pour avoir toujours trouvé l’idée d’Hannibal un peu grotesque, de loin, j’avoue ne plus rigoler du tout. Et c’est très bien comme ça.

3 Hot in Cleveland

Saison 5 - Episode 1 - Stayin Alive

26 mars / Mes Moments Rien Que Pour Moi
Par Jéjé

Parce que deux fois pendant l’épisode, j’ai pensé (avec tout l’égocentrisme qui peut caractériser un rédacteur de pErDUSA) que les répliques avaient été spécialement pour moi (et un tout petit peu aussi pour Betty White).

Cedric The Entertainer : They were others kings of comedy.
Elka (Betty White) : But he was the funny one.
Cedric The Entertainer : Oh... The way that Rue McClanahan was the funny one in The Golden Girls.

Mamie (Georgia Engel) : Steve Harvey is the best game show host.
Alex Trebek : Really. Isn’t that a little bit like saying Cloris Leachman was the best actress on the Mary Tyler Moore Show ?

4 Parenthood

Saison 5 - Episode 18 - The Offer

20 mars / Max craque dans la voiture
Par Conundrum

Ce n’est pas parce qu’on ne parle plus de Parenthood une semaine sur deux qu’il n’y a rien à dire sur cette nouvelle saison. Surtout que cette saison est particulièrement frustrante. En effet, des intrigues moyennes donnent de très beaux moments.

Dans « Fraud Alert », la connardisation jusque là mal expliquée de Joel a donné une belle scène de justification de son attitude auprès de Julia, par exemple. Mais le meilleur moment de Parenthood du mois a eu lieu dans l’épisode de la semaine suivante. Si "Kristina, fondatrice d’école pour enfant à difficultés" enthousiasme autant que "Sarah, auteur de pièce de théâtre à succès", voir Max en difficulté au collège est un contraste bienvenu et réaliste à "Max, président des représentants d’élèves" de la saison précédente.

Il est rare de voir Max fragile, et conscient de l’impact de sa différence. C’était une très belle scène, bienvenue, qui malheureusement pave le chemin de "Kristina, fondatrice d’école pour enfant à difficultés". Voir Max adolescent et avoir Hank, un adulte atteint d’Asperger, dans la série change le point de vue de la série. Jusque là, la série a montré les difficultés d’élever un enfant autiste. Cette saison, Parenthood se penche plus sur le quotidien de ces autistes de manière juste, poignante et sobre.

C’était un très beau moment, dommage qu’il soit ancré dans une intrigue si peu naturelle...

5 Parenthood

Saison 5 - Episode 18 - The Offer

20 mars / Max craque dans la voiture (bis)
Par Iris

On ne parle pas assez des maladies mentales à la télévision, ou du moins pas comme elles le mériteraient. Trop souvent, elles sont utilisées comme des plot devices, des trucs derrière lesquels les créateurs peuvent se cacher pour justifier des comportements. Ce n’est pas forcément négatif, ce n’est pas forcément mal traité, mais ça reste insuffisant. Parce qu’on a souvent vu des intrigues sur le cancer, et sur toutes les facettes que cette maladie peut avoir, mais que de leurs côtés, les maladies et troubles mentaux restent trop peu abordés.

C’est pour ça que Parenthood est une série aussi importante qu’elle l’est. Parce qu’elle présente Max, un gamin atteint d’Asperger, qu’on suit et qu’on voit grandir avec ce trouble, de même que Hank, un adulte qui l’est également, et qu’elle permet ainsi d’avoir à la télévision une représentation de ce que c’est réellement. Beaucoup de gens penseront à Sheldon Cooper ou à Abed Nadir quand on leur parlera d’Asperger (jamais "diagnostiqués", rappelons le), parce que je pense qu’on aime pouvoir accoler une image sympathique à la manière dont on se figure quelque chose de "négatif" - et que c’est après tout des images "populaires". Et je ne dis pas que c’est mal de faire ça, ou d’avoir ce genre de personnages, au contraire. Mais ce n’est pas la réalité toute entière, et la réalité toute entière a besoin qu’on parle d’elle.

C’est ce que Parenthood fait, et tellement bien que ça m’en brise le cœur. Là où les premières saisons nous montraient un Max pas complètement conscient de son trouble car encore trop jeune, il est maintenant adolescent. Et les adolescents sont cruels entre eux. Et voir Max comprendre que si ses camarades le sont autant avec lui, c’est parce qu’il est différent, était à la fois beau et horrible. Mais au moins, c’était réaliste. Cette scène nous montrait à quel point ça peut être douloureux de réaliser qu’on ne sera jamais exactement comme les autres, qu’on ne sera jamais complètement compris, et qu’à cause de ça on sera bien souvent isolés.

Parce que vivre avec un trouble mental n’est jamais facile, il est d’autant plus nécessaire que des séries en parlent. Pour que le grand public puissent comprendre. Parce que même si ça ne guérit pas tout, être ne serait-ce qu’un peu mieux compris a au moins le mérite de rendre l’isolement moins tangible.

6 Person of Interest

Saison 3 - Episode 17 - Root Path

18 mars / Root et Finch discutent
Par Ju

Un des gros reproches que j’avais à faire à Person of Interest en début de saison était la façon dont la série avait géré l’intégration de Root à sa distribution principale. Que ce soit bien clair, ça n’avait rien à voir avec Amy Acker (qui, en ce qui me concerne, peut rejoindre toutes les séries, tout le temps, dans plusieurs rôles, sans que ça me pose le moindre problème).

Non, ce qui ne me plaisait pas, du tout, c’était de voir Person of Interest tomber dans un des pires travers de Lost : nous proposer des scènes entières où deux personnages s’échangent des répliques mystérieuses, à demi-mots, sans qu’on n’ait jamais l’impression que l’un ou l’autre sache ce dont ils parlent. Et encore moins les scénaristes.

Root a donc passé plusieurs épisodes dans une cage (à ours polaire ?), l’occasion pour elle de tranquillement taper la discut’ avec Michael Emerson. Oui, Benjamin Linus. Ce n’était peut-être pas entièrement la faute de Person of Interest, mais le traumatisme est trop fort, encore maintenant, pour que je puisse supporter ce genre de scènes sans devoir me jeter violemment par la fenêtre en criant « We have to go baaaaaack ! ».

M’étant réveillé de cette chute mortelle après un court séjour au Purgatoire (un endroit très chiant, pour vous dire la vérité, où j’ai pu assister au concert de piano de mon fils imaginaire), j’étais ravi de découvrir, avec cet épisode, une nouvelle version très réussie d’un énième face-à-face entre Finch et Root.
En quelques minutes, on a le droit à une conversation très honnête entre les deux personnages, sur leurs objectifs différents, sur leurs relations avec la Machine, sur le sens de la Vie, leurs passés, et les enjeux de la saison. Deux très bons acteurs, une seule pièce mal éclairée, une ambiance parfaite pour une scène captivante.

Et à la fin, Root s’implante un truc sous l’oreille et devient une cyborg.

Que demander de plus ?

7 Teen Wolf

Saison 3 - Episode 23 - Insatiable

17 mars / Ressortez les mouchoirs
Par Blackie

On peut dire que ce mois-ci fut chargé en émotions de toutes parts. Et comme mes collègues, j’ai toujours du mal à me remettre des évènements de The Good Wife. Mais avant d’avoir le coeur qui tombe jusqu’aux tréfonds de mes chaussettes, c’est Teen Wolf qui a enclenché les premières larmes.

Je lis bien quelques autres sites sur les séries aussi sérieux que nous, et je me tiens au courant des potins (on compte sur moi à ce niveau !), mais je me tiens assez à l’écart de l’affreux fandom de Teen Wolf pour ne pas savoir quand deux acteurs couchent ensemble ou que quelqu’un annonce son départ.

C’est ainsi que le dernier coup porté à Allison (à la demande de Crystal Reed) fut un choc, dont l’efficacité reposa autant sur ses derniers instants héroiques que sur sa place dans la série.
La mort n’a rien d’exceptionnelle dans une série horrifique où les monstres pullulent et le danger est constant. Mais Allison faisait partie du noyau dur de personnages ayant batit cet univers, dont la perte parait aussi enorme que si Xander avait été tué en plein milieu de Buffy.

Et son évolution fut l’une des plus réussies. De simple intéret amoureux, elle est devenue une chasseuse compétente et maline, une alliée, puis brièvement une ennemie, et enfin une jeune femme mature (du genre qui se rejouit du bonheur de son ex) qui essaie de rattrapper ses erreurs. Tout cela sans jamais se définir par rapport à quiconque. Un parcours plutôt pas mal en trois petites saisons, où Allison fut un bien meilleur rôle model que bon nombre d’autres héroïnes de cet âge.

Malgré un discours mélo, sa fin dans les bras de Scott insuffla un peu de tragédie au milieu des combats aux ralentis contre les vilains magiques. Devant le regard d’un père impuissant, qui a finit par tout perdre.

Teen Wolf sait généralement donner de l’importance à ses pertes humaines, et celle d’Allison Argent aura clairement un impact sur la suite de la série.

8 The Good Wife

Saison 5 - Episode 15 - Dramatics, Your Honor

23 mars / Le Roi est Mort
Par Jéjé

La mort inattendue de Will constitue bien évidemment l’un des moments les plus forts de ce mois-ci.

Pour moi, le tour de force de cet événement ne réside pas seulement dans la capacité de CBS et des King à avoir conservé le secret du départ de Josh Charles jusqu’à la diffusion de l’épisode, mais aussi et surtout dans le fait qu’il a été associé à une réflexion intéressante sur le point de vue dominant dans les legal dramas.
J’ai trouvé Drum bien dur avec l’épisode qui me semble "particulièrement remarquable".
J’ai adoré que le responsable de la mort de Will soit celui qui est toujours la dernière roue de la calèche dans les legal dramas, à savoir l’accusé de la semaine.

Dans The Good Wife, comme dans 97% des séries judiciaires, les enjeux se concentrent exclusivement sur le combat entre les avocats au moment du procès, leurs états d’âme du moment, leurs stratégies… L’accusé se retrouve systématiquement en arrière plan, il est soit un prétexte pour un débat sur un sujet de société soit une responsabilité supplémentaire pour son avocat quand son innocence est avérée, un simple pion dans les joutes oratoires et stratégiques du prétoire.

« Dramatics, Your Honor » interroge finement la notion très fictionnelle du "rebondissement inattendu en plein procès", qu’il enchaîne à la limite de la caricature. Avec cette très bonne idée d’imaginer quels effet ce rodéo d’espoirs et de déceptions pourrait avoir sur l’état mental de l’accusé.
Alors, quand ce dernier tire sur tout ce qui bouge dans la salle du tribunal, son geste porte en lui la légitimité du désespoir et de la frustration de personnes sans pouvoir dont le destin appartient à un système qui leur a enlevé tout contrôle et de personnages oubliés par un genre dont ils sont pourtant le coeur.
Que Will Gardner, symbole du parvenu le plus cynique d’un système injuste et inefficace (dont le fonctionnement offre des spectacles hautement divertissants), meurt de cette main-là se révèle ainsi délicieusement ironique et jubilatoire. C’est la revanche de ceux qui jouent leur liberté et leur vie contre ceux qui les utilisent comme instruments de leur carrière et de leur égo.

Plus que par la mort elle-même de Will, j’ai été surpris qu’un divertissement "de bourgeois pour les bourgeois" s’assume comme tel et se permette au détour d’un choc narratif de prendre un peu de recul et de faire un peu d’auto-critique (une critique toute gentille, certes, mais suffisamment inhabituelle pour marquer les esprits… Le mien, en tout cas !)

la Rédaction