Ça pourrait être pire, je pourrais travailler dans une mine ou dans les égouts de Paris ou encore être le coach vocal de Fran Dresher. Et lorsque je fais ma liste des pires jobs qui existent, en numéro un vient systématiquement « être le type en charge du « Précédemment dans Sleepy Hollow ».
En trente secondes, il est impossible de rendre justice à la sérieuse absurdité qu’est la mythologie de la série où un cavalier sans tête est l’élément le plus crédible. Mais dans Sleepy Hollow, il y a quelque chose de fantastique : plus l’idée est ridicule, moins je questionne la santé mentale des scénaristes. Dans Sleepy Hollow, mieux vaut ne pas lutter et accepter le flux d’informations sans lutter. Comme disent les jeunes, Sleepy YOLO, après tout !
Ma femme est une sorcière coincée au Purgatoire ? OK ! Sleepy YOLO !
George Washington a été réanimé après sa mort pour mener une lutte contre le Mal ? Pourquoi pas ! Sleepy YOLO !
Une pièce maléfique a provoqué la trahison de Judas envers Jésus ? Ça me parait plausible ! Sleepy YOLO !
Surtout que l’avantage d’avoir une mythologie totalement barge est que, non seulement, elle est totalement imprévisible mais surtout les scènes d’exposition où on explique la situation au téléspectateur deviennent tout de suite beaucoup plus sympathiques.
J’adore écouter Ichabod expliquer que Benedict Arnold n’a pas trahi son pays de son plein gré, mais qu’il était sous l’effet d’une pièce démoniaque qui l’a fait haïr ce qu’il aimait le plus, à savoir l’Amérique ! J’adore voir la série enfoncer le clou en nous expliquant que c’est aussi la raison de la trahison de Judas et surtout, que seuls les vitraux d’église peuvent prémunir des effets maléfiques de la dite pièce. Tout cela est très logique et n’est pas sans rappeler ce bon vieux Docteur Greene et ses horloges maléfiques !
Sleepy Hollow utilise l’exposition à son avantage. Alors que ces scènes ralentissent habituellement le rythme d’un épisode de série, non seulement elles sont présentées de manière distrayante mais surtout l’enchainement des évènements est tellement soutenu qu’on a à peine le temps d’assimiler ce que l’on vient d’entendre qu’on passe directement à autre chose.
Du coup, à la fin d’un épisode, on ne pense que rarement aux incohérences de la série. Des incohérences telles que, si la banquière s’est retourné contre sa banque qu’elle aimait tant, que le client s’est retourné contre son père qu’il aimait tant, pourquoi Jenny, possédée, s’en est prise à Reyes et non pas à sa sœur ? Les explications de la série sont un peu fumeuses, mais peu importe, les 45 minutes que l’on vient de voir étaient tellement funs et bien rythmées qu’on est plus clément sur le scénario. Mais cette saison, avec le nouveau statu quo de la série, Sleepy Hollow ne se contente plus d’être simplement fun.

L’addition de John Noble a grandement bénéficié à la série.
Elle avait besoin d’un antagoniste tragique qui n’a pas les limitations d’un cavalier sans tête ou d’un démon au Purgatoire. Et Henry est positionné sur tous les fronts cette saison. Les scénaristes ont pris le soin de permettre à chaque protagoniste d’avoir des interactions et un lien avec lui. Et surtout en étant le fils d’Ichabod et Kristina, il apporte une gravité dramatique qui manquait un peu à la série la saison passée. Il n’est pas simplement le Big Bad de la série, Katrina et Ichabod cherchent aussi à sauver leur fils, et cet épisode montre que cela est source de tension entre ce dernier et Abby.
A juste titre, Abby se demande si Katrina (voir Ichabod ?) sera capable de confronter Henry le moment venu. Le drame familiale des Crane, ou celui des Mills, n’a pas l’intensité de celui des Bishop dans Fringe, mais dans les deux séries, il permet de les ancrer dramatiquement sans qu’elles ne se perdent trop dans leur aspect SF ou fantastique.
Et c’est ce dernier point qui différencie Sleepy Hollow d’une série sympathique mais aisément oubliable comme Zero Hour. J’aime beaucoup le chemin que prend la série, Sleepy Hollow pourrait combler le vide de Fringe. Et c’est particulièrement agréable lorsque cela vient d’une série dont on attendait rien du tout à la base.