17 septembre 2015
Episode Chronique
Écrite par ceux qui étaient en charge des dernières saisons, les plus faibles de la série, et avec Kit Harrigton en héros d’action, l’excitation a vite laissé place à la simple curiosité de découvrir le film.
Et au final, The Greater Good est sans grande saveur, il reste un film avec des moments forts dont la franchise n’a pas à rougir.
A tort, Spooks est souvent présentée comme une réponse britannique à 24. Bon, c’est un peu ce qu’elle est devenue, après quelques saisons où l’adrénaline damait le pion à l’impact d’avoir un poste d’agents des services secrets qui fait quotidiennement côtoyer le danger et la vie personnelle.Mais, cela reste réducteur et ne s’applique vraiment pas aux premières excellentes saisons de Spooks.
La série, comme le démontre les sympathiques bilans de Dominique Montay sur Le Village, a beaucoup changé au cours de ses dix saisons. En plus d’une distribution très instable, mettre l’accent sur le sensationnel et les retournements de situation improbables a malheureusement trop souvent terni l’impeccable image que ces premiers épisodes nous ont données. Cependant, il y a eu une seule constante sur toute la vie de la série : le personnage d’Harry Pearce, le responsable de l’équipe d’agents au cœur de la série.
Et ne vous méprenez pas, malgré la présence de l’insupportable Jean LaNeige de Donjons, Nichons et Dragons en héros d’action sur l’affiche du film, Harry Pearce reste le vrai héros du film.
Pearce est un homme dédié à son pays et à son équipe. Et ce, dans cet ordre. Toujours. C’est l’homme qui doit prendre des décisions moralement complexes. La scène d’ouverture du film a pour mérite de définir le personnage en peu de temps. Pearce doit choisir entre libérer un dangereux terroriste et la mort de civils. Il doit faire le choix dans l’intérêt de tous (d’où le titre du film) et le plus rapidement possible.
Malheureusement, avoir choisi de faire un film autour d’un agent au lieu d’une vraie équipe a pour conséquence que les morts de personnages n’ont pas l’impact aussi fort que celles de la série. Mais c’est une décision plus compréhensible que de faire de Tom Cruise le seul héros des films "Mission : Impossible". En une heure et une quarantaine de minutes, il est bien difficile de donner la part belle à une grande distribution. Et surtout, d’un point de vue narratif, cela met Harry dans une position assez maline.
En effet, si Pearce est le personnage central qui mène et dirige l’intrigue, il n’est pas celui du film. Jean LaNeige est un ancien agent du MI:5, c’est par son regard et ses choix que l’histoire nous est narrée. Et malgré le manque cruel de charisme de l’acteur, c’est un excellent choix. Il est à la fois contacté par Pearce pour l’aider dans son enquête d’espionnage, et par le MI:5 qui met en doute la loyauté du responsable de la section.

Si le film utilise des ficelles bien usées pour relancer son intrigue afin d’éviter les temps morts inutiles, il n’oublie pas ce qui faisait les marques de fabriques de la série : les morts soudaines de personnages principaux, les trahisons et surtout le fait que Pearce est un homme dévoué à son pays capable de prendre des décisions difficiles et devoir vivre avec les conséquences.
Si le film d’action n’est pas remarquable en soi, tout en restant plaisant et agréable à suivre, c’est le dénouement final du film qui reste son atout le plus fort. Il nous rappelle les bons moments où, à l’issue d’un épisode, lorsque l’image passe en négatif, autre élément clé de Spooks, on continue à réfléchir.
The Greater Good ne nous insulte jamais en essayant de nous faire croire que Pearce est un traitre. En revanche, le fait de ne pas faire d’Harry le héros que la caméra va suivre nous empêche d’être son complice et de suivre son raisonnement en même temps que lui. Les effets de surprises quant à ses décisions marchent autant sur ce pauvre Jean que sur le téléspectateur.
Mais Pearce n’est jamais le super espion à qui tout réussit. Ces échecs, et il y en a dans ce film, sont lourds de conséquences. En revanche, Harry est un homme plein de ressources capable de réajuster ses plans. Et lorsqu’il joue sa dernière carte, le film ne choque par la violence de sa scène d’action, mais par la décision de Pearce, qui amène à l’affrontement final.
Les pertes collatérales qui font que les gentils gagnent toujours à la fin laissent un goût amer qui nécessitent une explication. L’épilogue laisse Pearce expliquer ces choix et, assez paradoxalement, le chef de section qui a toujours mis le bien de son pays et du peuple qu’il protège avant tout justifie ses actions par une raison qui met en avant son équipe, et toutes les personnes qui ont laissées leurs vies pendant dix saisons meurtrières.
Avant l’avalanche de nouvelles heures de séries qui pointent rapidement le bout de leur nez, profiter de votre dernier week-end de répit devant The Greater Good ne serait vraiment pas une mauvaise idée. Au risque de vouloir se relancer dans l’intégrale d’une série de dix saisons. [1]
[1] Mais, sincèrement, à part Les Muppets, elle fait pas envie cette saison ? Se refaire une série anglaise d’il y a plus de 10 ans, c’est beaucoup mieux, hein ?