My Bloody Valentine: Tout le monde déteste la St Valentin
Alors peut être que ça influence mon jugement, et qu’un peu comme un premier mariage raté, la déception entraînée semaine après semaine par cette série m’a conditionnée à ne plus rien en attendre, préparant le terrain, mais cette semaine, de la première à la dernière minute, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde.
Et ça, c’est Bien.
J’irai même plus loin, assumant complètement mon opinion, et ce sans gêne aucune puisqu’on est tout de même sur un site dont les rédacteurs font des critiques positives de Vampire Diaries qui ne se résument pas uniquement à "les filles en corset, c’est joli", et déclarerai publiquement que My Bloody Valentine se classe à mes yeux facilement dans le Top 15 de la série.
Oui, passer ma vie à mentalement établir des classements inutiles, c’est excitant. Et oui, le Tawpkinze, carrément.
Un peu à la manière de Mystery Spot, l’épisode Groundhog Day de la saison 3, toute la première partie de celui-ci était plutôt amusante, pour mieux nous faire sombrer dans quelque chose de beaucoup plus glauque.
Ladies and Gentlemen, a horseman named Famine
On commence par deux scènes de mise en place, featuring des amants tellement excités qu’ils s’entre-dévorent, et d’autres tellement obsessionnels qu’ils passent leur temps à s’envoyer des textos avant de flinguer un boss qui se concentrait trop sur la productivité plutôt que sur l’amûûûr. Les frères Winchester enquêtent, et découvrent sur les cœurs une marque similaire à celle que Castiel a gravé sur leurs os. Ils l’appellent à la rescousse, et il confirme que c’est bel et bien l’œuvre d’un ange. Cupidon.
Une invocation plus tard, on apprend que Cupidon est innocent, gros, qu’il se ballade en slip, qu’il aime beaucoup serrer les gens dans ses bras et qu’il pleure très facilement quand on l’accuse à tort.

Aussi, Cupidon annonce aux frères avec beaucoup de tact que leurs parents ont bien été ses « victimes », qu’ils ne pouvaient pas se supporter à la base, que leur amour a été décidé par des pouvoirs supérieurs, forcé, et qu’il n’était en rien naturel. [1]
Ca pourrait impliquer que même "le Ciel" voulait, dans une certaine mesure, l’Apocalypse.
Ce qui expliquerait pourquoi ils ne sont pas intervenus plus tôt pour tuer Sam, cette saleté de vaisseau de Lucifer, et ainsi éviter qu’Il ne puisse débarquer sur Terre, et nous épargner au passage les répliques de boulet de Sam, sa coupe de cheveux de plus en plus désastreuse, et le jeu d’acteur carrément répétitif de Jared Padchancesonnomfamilleestnazealecki.
Ou alors, on continuerait dans une logique de rébellion des anges, mais ce depuis plus longtemps que ce qu’on avait pu supposer.
Troisième possibilité, mais c’est toujours la moins agréable à envisager, c’est la Variable du Fan de Lost, et suis en train de trouver des justifications à quelque chose qui s’est probablement décidé au détour d’un appel de type bourré à son pote qui refuse toujours de sortir et qui n’a même pas la classe de décrocher son téléphone, envoyant fourbement le gars ivre sur son répondeur, et le forçant donc au moins un tout petit peu à divaguer pendant une heure sur la série qu’ils sont en train d’écrire en proposant des rebondissements troklasses, le tout perdu au milieu d’un bon million de "Duuudeeee", de citations de Rules of Attraction, et de chansons du groupe Europe. [2]
Après ça, on a droit à une jolie transition, avec un ex-obèse qui mange à s’en faire péter l’anneau gastrique, la réhabilitation de Cupidon, et Sam qui suit un démon dans la rue avant de lui voler sa mallette.
On découvre qu’elle contenait une âme, qu’Eric Kripke est donc vraiment fan de Pulp Fiction, et que le démon était un des hommes de mains de Famine, un des chevaliers de l’Apocalypse, qu’on nous révèle dans une scène glaçante.
Snap back to mythology, Oh there goes quality
On revient donc enfin, après de trop nombreux épisodes qui semblaient vouloir juste gagner du temps, à quelque chose de beaucoup plus mythologique. Et même si encore une fois, les frères semblent venir facilement à bout du personnage, Famine apporte de nombreux éléments très intéressants.
Pour commencer, le personnage en lui-même est particulièrement réussi.
En chaise roulante, vieux, le grain de peau et les dents dégueulasses et la voix stressante, il est à mi-chemin entre un Raines de The Pretender et un Gentlemen de Buffy. Autour de lui, les comportements qu’il provoque suffisent à donner mal au cœur, passant du gentiment amusant du début, à quelque chose de terriblement écoeurant. On n’avait pas eu un méchant aussi réussi visuellement dans Supernatural depuis longtemps.
Une autre force, c’est d’observer son influence sur les Winchesters. Evidemment, puisque Famine provoque le besoin impérieux de satisfaire ses envies, Sam se retrouve à nouveau confronté à son addiction au sang de démon.
Je n’ai jamais été une grande fan de cette intrigue. Déjà, "accro au sang de démon", c’est le genre de termes qui font que quand je parle de Supernatural, les gens ne me prennent pas complètement au sérieux. Et puis ça a été loin d’être développé habilement. Pourtant, dans cet épisode, même si j’ai quand même considéré qu’on passait à nouveau un tantinet trop rapidement dessus, tout semblait plutôt cohérent et bien traité.
Mais, et c’est peut être plus intéressant encore, c’est surtout l’occasion de nous faire remarquer une nouvelle fois (après l’épisode Wishful Thinking, en saison 4, où il ne trouvait rien d’autre à souhaiter que d’avoir un sandwich) que Dean n’a plus de désirs.
Son explication fournie à Castiel est que lorsqu’il veut quelque chose, il le prend simplement. Celle que donne Famine, en revanche, est beaucoup plus pessimiste, et du coup bien meilleure. Dean n’a plus de désirs parce qu’il est vide, qu’il est juste going through the motions. Après tout ce qu’il a enduré (la mort d’une fille qu’il semblait apprécier, l’Enfer, un frère camé avec une évolution capillaire et musculaire effrayante), ce serait plutôt normal qu’il se sente "un peu déprimé".
L’épisode s’achève sur Sam, enfermé, en plein sevrage, et Castiel et Dean qui l’écoutent souffrir et, en bonne drama queen, crier.
Dean sort prendre l’air, et nous offre une confession au bord des larmes où il regarde le ciel et implore de l’aide.
C’était plus sobre que les nombreuses scènes de pleurs qu’on a pu avoir par le passé, et pour une fois, assez émouvant.
Bad boys, bad boys, whatcha you gonna do when they come for you ?
Un point de My Bloody Valentine qui a été critiqué, c’est l’importance donnée à Castiel. De mon côté, je préfère dire directement que c’est quelque chose que j’aime beaucoup.
Son personnage continue à m’amuser énormément, et si je ne me tape aucune crise d’hystérie devant les Winchester, je suis complètement amoureuse de Cas’.
Son duo avec Dean ne me dérange pas, si on fait abstraction du fait que ça pousse un peu à négliger Sam, simplement car Misha "J’aiunprénomdefille" Collins et Jensen Ackles ont une très bonne dynamique ensemble, et que Castiel n’est que très rarement lourd quand les scénaristes l’utilisent comme ressort comique.
Son arrivée dans la morgue et son attitude générale montrent une certaine non-prise au sérieux, et c’est très plaisant, surtout quand ça permet d’alléger un peu l’atmosphère.

Damn you, Olympics.