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Ma Saison à Moi - Quelle Alicia pour la Saison 4 de The Good Wife ?

et The Good Wife: Alicia Florick, MILFF

Par Conundrum, le 7 août 2012
Publié le
7 août 2012
Saison Conundrum
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Cet été, la rédaction de pErDUSA revient sur les moments marquants de l’année série écoulée, à travers une succession de billets estivaux plus courts, plus faciles à digérer, parfaitement adaptés à la saison. Parce que, vraiment, on ne voudrait pas que vous passiez trop de temps devant un écran à cause de nous.

Si je saisis ma plus belle plume cette semaine pour vous écrire, c’est pour prendre la défense d’une partie de la population honteusement rabaissée par leurs pairs : les MILFF.

Non, je ne parle pas de ces femmes d’un certain âge prêtes à remplir leurs rôles dans la réalisation des fantasmes œdipiens de notre jeunesse ardente. Non, cette semaine, j’aimerai parler des Mothers I Like to Fight For et de leur représentante en chef, Alicia Florick.

Dans l’ultime épisode de la saison, Alicia Florick, notre Brave Épouse, lançait un regard plein de nostalgie, voire d’envie, vers ses enfants en train de dîner avec son ex-mari. Si l’année dernière, Alicia et Will, en adressant une bonne fois pour toute l’attirance qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre, ont enthousiasmé le public, ce geste fort en sens de la Brave Épouse n’a pas été interprété de la même façon. Ce regard nostalgique serait un retour en arrière pour le personnage, et ce n’est pas ce qu’on attendrait d’Alicia.

Moi, j’ai beaucoup aimé.

Il est très réducteur de considérer que, en tant que femme de politicien au foyer, Alicia n’exploitait pas tout son potentiel. C’est un choix qu’Alicia a fait, qu’elle ne semble pas regretter. Si elle était heureuse en s’occupant de ses enfants, il est tout à fait normal qu’elle regarde avec tendresse ce symbole d’un passé qui, à un moment, la satisfaisait. Dans cette optique, il est tout à fait logique qu’elle entretienne l’idée et la possibilité de se remettre totalement avec Peter.

Parce que y penser et passer à l’acte sont deux actions bien différentes. Bien évidemment, les choses ne pourraient pas être comme avant, mais à partir du moment où elle prend la décision de soutenir la campagne de son mari, elle prouve qu’elle ne fait pas une croix sur lui. Et cela prend encore plus de sens quand on s’attarde sur sa vie professionnelle : Alicia commence à avoir le respect qu’elle mérite et devient une pièce maîtresse au cabinet. Ce genre d’évolution génère logiquement une auto-évaluation de sa vie, spécialement quand on accepte de faire partie d’une campagne politique.

Dans son billet sur Girls, Jéjé, à juste titre, affirme que nos attentes des femmes diffèrent de celles de hommes. Mais il prend The Good Wife en exemple de la manière suivante :

« On ne supporte pas qu’Alicia Florick ait la nostalgie de sa vie d’avant, au foyer, avec ses enfants, à accompagner la carrière de son mari, parce que l’on veut qu’elle soit à la hauteur de nos espérances, qu’elle aspire à l’indépendance, à l’ambition, à l’ouverture sur les autres. »

C’est là où nos avis divergent : quand bien même elle choisisse de redevenir femme au foyer, ce que je doute fortement, je ne vois pas où est le problème. Alicia a prouvé qu’elle était une femme intelligente et indépendante. Elle n’abdique pas ces qualités si elle retourne à sa vie d’antan. En se remettant avec Peter, les Florrick ne vont pas emménager à Wisteria Lane où Alicia essaiera de cacher un horrible secret en jouant au poker avec ses voisines. En s’impliquant dans la campagne de son mari, elle n’organisera pas des soirées avec Victoria Grayson aux Hamptons. En emménageant avec Peter et les enfants, elle n’aura pas une équipe de télé réalité suivant son quotidien et celui des vraies femmes au foyer. Je ne vois pas en quoi l’ouverture sur les autres est un acquis d’une Alicia qui travaille qui n’est pas accessible à une Alicia, mère de famille.

De toutes façons, je n’ai pas pris cette dernière scène ainsi. La blessure d’Alicia étant tellement forte qu’elle a mis une barrière avec Peter. Les lignes de communications étaient coupées et bien évidemment, cela a un impact sur ses enfants. Je l’ai juste interprété comme l’amorce d’une réflexion sur le rôle que Peter a dans sa vie. Elle est peut-être prête à lui donner une place plus importante sans nécessairement retourner auprès de lui. Si elle accepte de s’impliquer dans la campagne, ce n’est pas par amour, ou pour ses enfants, elle affirme tout simplement qu’elle croit en son message.

Le problème (et la trouvaille) est qu’on ne connaissait pas Alicia à cette époque. On ne connait pas la dynamique familiale des Florick, on ne connait pas le poids qu’Alicia avait dans la vie politique de son mari. Et si, la série décide de suivre cette route, elle pourrait trouver une autre dynamique mixant les cas de la semaine d’Alicia au cabinet, et sa nouvelle vie familiale.

On aborde un cap difficile dans la vie d’un drama, la quatrième saison où beaucoup de séries, si elles ne l’ont pas eu lors de la saison 3, souffrent d’une baisse de régime. Le fait de laisser la porte ouverte vers une Alicia qui retourne à sa vie de famille pourrait donner du sang neuf à la série.

Conundrum