Mais malgré cet enthousiasmant début de saison et nouvelle direction de la série, les King (et Josh Charles) ont pris le temps de nous surprendre en tuant Will. Et de tous les changements lancés cette saison, y compris celui des dernières minutes de cet épisode, le départ de Will est de loin le plus intéressant.
Will est un moteur d’intrigues bien plus fort après sa mort. Sa présence dans la vie d’Alicia, et la définition même d’une série qui se doit de faire tenir un statu quo le plus longtemps possible, empêchait le changement. Le choix de l’avocate de quitter son cabinet et se joindre à Cary était motivé par son souhait de plus être aussi proche de Will. Mais tant que la possibilité d’être avec lui était accessible, Alicia restait dans un état de non changement. Elle est avec Peter sans vraiment être avec lui, elle est avec Will sans l’être ouvertement. Sa mort l’oblige à agir, mais là où The Good Wife marque des points et que la mort de Will n’impacte pas uniquement sa vie sentimentale. Certes, cela la pousse à définir une bonne fois pour toute sa relation avec Peter, mais c’est surtout le début de la redéfinition de son identité. Et c’est là où l’on retourne aux sources de la série.
La série commence avec une Alicia dans l’obligation de reprendre sa vie professionnelle après l’incarcération très publique de son mari. Son orientation professionnelle semble toujours avoir été dirigée par sa vie personnelle. Elle a quitté son poste à la naissance de ses enfants, elle l’a repris pour subvenir à leurs besoins. En cinq ans, Alicia n’est plus une femme qui est obligée de subvenir aux besoins de sa famille maintenant que son mari est en prison, c’est une femme de pouvoir qui peut avoir maintenant avoir le luxe de pouvoir faire ce qu’elle veut faire.
La soudaine mort de Will l’oblige à regarder sa vie et à définir ses priorités. Le problème est qu’elle ne sait simplement pas quoi faire. Car aujourd’hui, Alicia est tout sauf une Brave Épouse. Son mariage avec Peter est juste un arrangement public. Le départ de Zach dans cet épisode n’est pas uniquement adressé dans l’optique où son travail lui fait manquer les grands évènements de sa famille. C’est un nouveau rappel qu’elle a moins d’obligations qu’il y a six ans.
Dans quelques années, ce sera au tour de Grace de partir à la fac. Si ces impératifs familiaux ont motivés son retour professionnel, ils ne justifient plus la nécessité de garder ce train de vie. Dans l’épisode de son départ, Will a une discussion importante avec une Kalinda qui contemple l’idée de changer de carrière. Il lui explique que la pratique de la loi est toute sa vie et qu’ils sont semblables, elle ne pourra pas vivre sans l’adrénaline de la bataille. Pour Will, c’était une évidence. La surprenante décision de Diane dans ce finale montre que c’est aussi vrai pour elle. Ce n’est clairement pas le cas pour Alicia. Si on l’a déjà vu prendre du plaisir à la compétition, ce dernier tiers de saison, et l’affrontement avec Cary cette semaine montre que la remise en cause de son choix de vie professionnel n’est pas uniquement liée à la mort de Will. Elle est même prête à utiliser son attachement à Will lorsqu’elle prétend ne pas vouloir aller dans son ancien bureau pour rester en salle de conférence.
Un peu comme l’intrigue de la semaine est une excuse pour aborder un sujet bien plus intéressant, les histoires de fusions/acquisitions permettent de donner du matériel à tous ceux qui ne sont pas Julianna Margulies, mais ça n’est pas le vrai thème de cette saison. Toute cette saison a « le choix » comme thème sous-jacent. Et pas uniquement pour Alicia.
Robyn doit choisir entre les deux firmes, Kalinda doit choisir entre sa relation personnelle avec Jordana Brewster ou honorer la mémoire de son ami, Cary doit choisir d’accepter ou refuser la fusion et Diana doit choisir si elle veut devenir procureur général. Alicia doit choisir ce qu’elle veut réellement dans la vie. Et on ne parle pas de simple choix cosmétiques, mais d’amorces de profonds changements. Et de ce tout ce tumultueux épisode de fin de saison, c’est probablement ce qui va le plus me marquer.
Je m’attendais vraiment à ce que la série nous montre Alicia pratiquer la loi au sein de Lockhart/Gardner pendant X saisons. J’ai été agréablement surpris de voir que la série était capable de prendre un risque la saison passée en la poussant à ouvrir son propre cabinet, mais après 22 épisodes, même s’il est moins dramatique, ce finale pousse le bouchon encore plus loin. C’est toute la fabrique de la série que l’on remet en cause. Il se peut que la politique soit le futur d’Alicia, il se peut aussi que la pratique de la loi ne soit pas ce qu’elle ait envie de faire. Il est assez rare dans une série de voir un personnage principal, qui ne soit pas un jeune adulte, être totalement perdu dans son choix de vie. C’est un thème rarement abordé, encore moins dans un procedural de CBS !
Cela signifie aussi que la fin est proche. J’extrapole, et me trompe peut-être, mais si l’arc de la série d’Alicia est le chemin parcouru par notre héroïne, on arrive dangereusement d’un point de non-retour où The Good Wife aura trop dévié de son postulat de base. En règle générale, les changements de carrière, et de vie sont souvent le thème d’un dernier épisode ou d’un épilogue. On peut aisément voir Cary et Diane à la tête de leur firme, ce qui serait un parallèle assez fin avec la saison 1 où Cary était clairement le poulain de Diane. Tout comme on peut aisément voir Alicia se lancer avec passion et dextérité dans une carrière politique, elle passe de la Brave Épouse qui soutient son mari à la femme qui a une carrière qui rivalise avec celle de son mari.
Cette saison était celle d’une transition difficile opérée avec brio. Elle aura eu le mérite de remettre Cary et surtout Diane sur le devant de la scène. Je ne vois ce qui pourra rivaliser en intensité la saison prochaine avec une Diane qui découvre la trahison d’Alicia et Cary, d’un Will qui confronte Alicia et de la mort de Will. Dans un sens, ce n’est pas plus mal. The Good Wife, ce n’est pas Scandal. La série ne doit surtout pas céder à l’enchainement de retournements de situation et un peu de stabilité pourrait faire du bien à la série. En tout cas, ce fut très agréable d’être autant surpris par un drama qu’on gardait en estime. Et ça fait bien de se dire qu’il n’y avait ni le logo HBO , ni celui d’ABC mais le bel œil de CBS sur mon écran.
