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Nico & Recreation
Promenade N°1
Non, l’été ne sent pas (toujours) des pieds
lundi 24 août 2015, par
Sur le coup, je me suis dit que c’était assez vrai.
Disons les choses : l’été, c’est le moment de rattraper ce que l’on a loupé, beaucoup plus que celui où on va s’emballer pour des nouveautés.
Je l’avoue : c’est plus une considération statistique qu’artistique, pour le coup. Il y a moins de séries, je fais vite le tri. Et tant pis pour CBS, ses vaches découpées, ses ours alcooliques et ses croates inexpressifs : même si le nombre augmente d’année en année, je ne fais pas vraiment de quartier.
La question semblait réglée. Et puis Mr Robot, UnREAL et Show Me A Hero sont arrivées dans mon planning : en y repensant, je me suis dit que c’était une période faussement calme. Avec de bons moments et d’autres moins. Avec de grandes réussites, aussi. Et ça depuis plusieurs années.
L’idée m’est revenue en tête lorsque la rédaction m’a fait une proposition impossible à refuser [1] : pourquoi ne pas revenir sur ces dix dernières années pour montrer que l’été est une période intéressante, à la fois très différente et très proche du reste de l’année ?
Sauf que redire ce qui a déjà été dit par les autres rédacteurs, c’est moyennement intéressant. Il fallait donc choisir des séries pas ou peu évoquées. Ou de façon un peu différente. C’est là que mon été est devenu infernal.
Mais je n’ai pas lâché le morceau, j’ai repoussé des projets [2] et j’ai finalement arrêté mon choix sur neuf épisodes.
2005 : Six Feet Under

L’épisode : 5.10 – All Alone (HBO, 7 août)
Prendre le finale, c’était se risquer à balancer des platitudes. Écrire sur "Ecotone", l’épisode précédent ? Déjà fait. Je me suis donc penché, un joyeux jour de juillet, sur l’antépénultième épisode de la série. Celui où les Fisher font une fois encore face au deuil.
Dix ans après, cet épisode reste un modèle d’équilibre. Pour brasser tous les thèmes de la série (la scène de panique de David renvoie à un autre moment traumatisant) mais aussi s’inscrire dans la mécanique interne de la saison, celle des adieux. Un épisode qui joue à fond sur une évidence : désormais, les téléspectateurs sont eux aussi des Fisher.
2006 : Rescue Me

L’épisode : 3.08 – Karaté (FX, 25 juillet)
Au milieu des années 2000, la série de Tolan et Leary était populaire, mais on l’a un peu oublié depuis.
Pendant deux saisons, Rescue Me s’impose comme un mélange de beauferie et de sensibilité particulièrement efficace. Jusqu’au finale de la saison 2, particulièrement sombre, qui ouvre une période plus mélodramatique et un peu moins réussie.
Mais la série livre encore de beaux moments. Très justes. Très courts aussi. Dans le prologue de cet épisode, Silletti, le bleu de l’équipe, sauve un pompier d’une autre caserne après une explosion. Après l’opération, Gavin et les siens passent les uns derrière les autres pour lui donner une tape amicale. Ce n’est définitivement plus un bizuth, il fait désormais partie des leurs.
Le tout est vraiment bien mis en scène, preuve que le drama sait toujours taper juste.
2008 : The Middleman

L’épisode : 1.03 – The Sino Mexican Revelation (ABC Family, 30 juin)
Il y a ceux qui savent et ceux qui passent à côté d’un vrai petit bijou. Je ne vais pas redire ce qui a été écrit ici-même.
Cependant, de toutes les séries estivales retenues ici, The Middleman a une vraie particularité : elle tire le meilleur parti de son casting. Huit ans après, Matt Kesslar, Natalie Morales, Mary Pat Gleason et Brit Morgan n’ont jamais réellement retrouvé de rôle exploitant tout leur talent.
C’est vrai pour la distribution principale mais pas seulement : dans le rôle de Senseï Ping, Mark Dacascos propose une prestation en décalage complet avec ce qu’il fait d’habitude. Pour moi, il sera pour toujours le gars avec un masque de la Lucha Libre et un pouce qui tue. Respect.
2008 : Generation Kill

L’épisode : 1.07 – Bomb in the Garden (HBO, 24 août)
Les soldats des équipes Bravo et Alpha sont enfin arrivés à Bagdad. Après avoir fait tout et n’importe quoi (surtout n’importe quoi) en suivant les ordres d’un état-major complètement dépassé, ils regardent une vidéo retraçant leur expédition irakienne. Et très vite, les sourires laissent place au dépit.
Plus qu’une minisérie sur la guerre en Irak, Generation Kill est une impressionnante fiction sur l’incompétence, l’inertie et leurs effets. A la fin des vacances, vous allez retrouver un boss lamentable au bureau ? [3] David Simon vous propose de l’imaginer en tenue de camouflage avec une arme à la ceinture.
Cerise sur le gâteau : Alexander Skarsgard (Brad "Iceman" Colbert), à des années-lumière de True Blood, est bluffant.
2012 : The Newsroom

L’épisode : 1.08 – The Blackout, Part.1 (HBO, 12 août)
En trois saisons, The Newsroom aura alterné les moments intéressants et les séquences exaspérantes (avec ou sans Twitter).
Dommage. Par moments, le show de Sorkin montre ce qu’il aurait pu être : une série qui raconte comment on fabrique de l’info à une époque où les intérêts, la communication à outrance et la course à l’audience rendent tout ça très compliqué. Avec de vrais antagonistes et pas des baudruches qui se dégonflent à toute vitesse.
Dans cet épisode, Will McAvoy, qui veut accueillir un débat de la primaire républicaine de 2011 sur son plateau, est véritablement confronté à la question des compromis. S’il veut faire son job, il doit transiger, lâcher du lest et accepter de faire ce qu’il ne veut pas.
Pour le coup, ça marche vraiment… ce qui n’est pas si courant dans les coulisses d’ACN.
2013 : Breaking Bad

L’épisode : 5.14 – Ozymandias (AMC, 15 septembre)
Le prologue qui rappelle le chemin parcouru. Le sort de Hank. La scène du téléphone. L’épisode le plus tendu jamais diffusé à la saison des claquettes. Point barre.
2014 : The Bridge

L’épisode : 2.02 – Ghost of a Flea (FX, 16 juillet)
Si la rédaction de pErDUSA compte un éminent spécialiste des ponts et tunnels en Scandinavie et sous la Manche, ce dernier s’est très peu exprimé sur « Bron au pays des moustaches qui suent ».
La saison 2 développe cependant une intrigue tentaculaire sur les liens entre les agences fédérales et les cartels mexicains. Tout ça avec des personnages touchants (Matthew Lillard décroche son meilleur rôle), pile ce qui manque à True Detective saison 2.
Et puis dans The Bridge, il y a Eleanor Nacht (Franka Potente), surprenante mennonite qui zigouille tout ceux qui lui cassent les pieds. Dans l’épisode retenu, on lui propose de mettre une robe rose. Sa réponse : « Le rose, c’est pour les petites filles qui veulent devenir princesses et les putes. Je ne suis ni l’un ni l’autre ». Voilà.
2014 : The Hotwives of Orlando

L’épisode : 1.04 – Intervention Party (Hulu, 15 juillet)
Le projet dont Jéjé aurait dû être showrunner : une parodie des Real Housewives où chaque personnage est inspiré d’authentiques figures aperçues sur Bravo. Avec, au générique, Casey Wilson (Happy Endings), Angela Kinsey (The Office) ou encore Kristen Schaal (Flight of the Conchords).
J’ai tendance à me méfier des parodies dont la durée dépasse celle d’un sketch du SNL. Pour que ça tienne debout, il faut rester dans le registre du clin d’œil sans négliger les personnages et encore moins l’histoire.
Les sept épisodes de la saison 1 confirment que ce n’est pas toujours évident. Il y a des temps faibles mais le visionnage vaut le coup malgré tout. Grâce à plusieurs personnages et de très bonnes répliques. Ceux de Kinsey et Schaal en tête (une bigotte et sa sœur, ex-enfant star toujours saoule qui déclame fièrement : « Je suis née à la télé, j’ai prévu d’y mourir »).
A cela s’ajoute Veronica Von Vandervon (Andrea Savage). Une couguar qui multiplie les allusions salaces devant la caméra avant de les expliquer. Systématiquement.
En résumé, c’est stupide mais ça détend. La saison 2, The Hotwives of Las Vegas, vient d’arriver sur la plateforme.
2015 : Playing House

L’épisode : 2.01 – Hello, Old Friend (USA, 4 août)
Playing House, c’est l’histoire de deux amies d’enfance dont les liens se resserrent alors que l’une va devenir mère et que l’autre décide de revenir dans sa ville d’origine.
La recette est simple et la distribution fait des merveilles. Logique : les deux actrices principales, également créatrices du programme (Lennon Parham et Jessica St Clair), sont deux amies de longue date.
Le show ne cherche pas à systématiquement montrer en quoi les personnages sont différents et/ou se ressemblent pour faire rire. Elles sont amies et elles avancent ensemble. C’est tout. Et c’est ce qui fait la différence.
Rythmée, cette comédie possède un ton bien à elle et les seconds rôles sont souvent bons. Même le chien qui s’appelle René, au centre de cet épisode.
[1] « On sait que tu n’es plus trop dispo mais on envisage de faire un reboot de Glee. Côté minorités, on est pas mal mais il nous manque un handicapé. Tu en es ? »
[2] Créer un site avec un complice dont le nom ressemble beaucoup à Martinique Bonté, pour écrire un dossier « 100 Mamans de séries » notamment.
[3] Si vous êtes ici, vous avez 80% de chances d’être français. La réponse est donc « oui ».