Accueil > pErDUSA > Chroniques > Billets > Fin 2019

Bilan

Fin 2019

Les 29 Meilleures Séries du Moment (et 6 Séries Moins Top)

mardi 31 décembre 2019, par Jéjé

Un peu de constance dans un monde en mutation permanente. Comme au semestre dernier, nous avons identifié 29 séries dont les saisons sont à voir absolument.

Et donc nous reprenons notre idée du semestre dernier d’un TOP 10 où les membres de la rédac’ expliquent ce qui fait qu’elles et ils aiment davantage ces 10 séries à toutes les autres (qu’elles et ils ont pu voir).

Tableau rouge

Mais derrière cette apparente stabilité se cache l’un des événements les plus marquants de l’histoire de pErDUSA. Jamais ce show n’avait été absent des tableaux rouges depuis leur création. Pas une seule fois.
L’histoire d’amour de pErDUSA et de Survivor est terminée !
Personne n’a regardé la saison en entier. La catastrophique gestion par la production des faits de harcèlement sexuel d’un candidat envers une autre a eu raison des dernier·es accros de l’émission de CBS...

The Winners Are...

1 Watchmen

// Iris
HBO - Mini-série - 9 épisodes

"I’m in every moment we were together all at once."

Fan du graphic novel original, j’attendais avec appréhension la série événement qu’a été Watchmen, et j’ai tardé à vraiment m’y plonger. Pourtant, dès ses débuts, les graines d’un très grand show sont plantées, avec une scène d’ouverture qui nous happe directement dans cet univers si proche du nôtre et pourtant complètement différent.

La série a habilement su reprendre les points forts du comics, sa critique sociale, et les mettre au goût du jour. Elle nous dresse ainsi un portrait des suprémacistes blancs qui est sans concessions, et son discours sur le racisme et la question de la transmission de la souffrance est fascinant. Tout cela servi avec des visuels absolument magnifiques et dans une ambiance à la crédibilité déconcertante.

Mais ce qui pour moi la place au haut du podium est une histoire d’amour inattendue, que je ne veux pas spoiler si ce n’est pour en dire qu’elle est d’une beauté et d’une pureté pour lesquelles on peut être reconnaissants. La scène culminante de ce drame romantique est le moment où Watchmen est pour moi devenue la série de la saison, et qui est venue apporter un peu de lumière à un hiver qui en manquait.

2 Succession

// Nico
HBO - Saison 2 - 10 épisodes

C’est ce qu’on appelle confirmer avec la manière. Après une première saison que l’on aurait pu rebaptiser 1001 façons de tuer le père et d’y renoncer, la série créée par Jesse Armstrong aura continué de creuser avec brio le sillon qui est le sien.

Un pied dans le soap, un autre dans la tragédie, les deux mains dans la satire, Succession livre un saisissant portrait de la société néo-libérale et de ses élites. Des élites toujours plus promptes à courir après une image, à une représentation faussée d’elles-mêmes. Des élites qui redoutent aussi en permanence le moment où elles seront rattrapées par leur médiocrité crasse.

A ce titre, la série confirme le talent du showrunner Armstrong mais elle s’inscrit aussi dans le prolongement direct de The Big Short et Vice, du réalisateur Alan McKay (producteur exécutif de ce drama).

Succession, au fond, c’est une histoire de mariages improbables. Celui de la vacuité et de la solitude. Celui du cynisme et de la fragilité. Celui du grotesque et de l’émotion nue.

Hunting et sa scène de chasse du haut des miradors, Tern Haven et la rencontre avec la famille Pierce, double démocrate du clan Roy ; Dundee et le rap de Kendall (une des meilleures scènes de série de l’année)… les séquences aussi inattendues que jubilatoires auront été nombreuses tout au long des dix épisodes diffusés par HBO entre août et octobre.

Mais il y a aussi les autres. Toutes les autres. Celles qui font de Succession la série qui met en scène avec maestria, par les mots et par les gestes, la violence toxique (très masculine, pour tout dire) qui bouffe aujourd’hui nos sociétés. Comme la gifle de Logan à Roman dans Argestes. Ou le discours de Logan (encore et toujours) à Kendall dans This is not for tears, le season finale.

Avançant sans cesse sur un fil, le récit sert admirablement tous les personnages. Des hommes et des femmes parfaitement conscients du jeu de dupes auquel ils se prêtent et qui, inexorablement, les ronge de l’intérieur.

Au fond, LA scène de la saison qui traduit le mieux tout cela, c’est - évidemment - la séquence de la crique, toujours dans le season finale. Tom confie alors à Shiv une interrogation bouleversante : il se demande s’il serait plus malheureux avec ou sans elle. Transformer, le temps d’une scène, un authentique cloporte obséquieux en puissant personnage tragique, c’est une sacrée performance. Et ça méritait bien un « A ».

3 Euphoria

// Max’
HBO - Saison 1 - 8 épisodes

Oh le nouveau Skins !
Oh la nouvelle Buffy !
Oh la … non. Euphoria a beau être une série adolescente, est bien un récit initiatique sur une droguée qui tente de s’en sortir, porte bien en elle des valeurs d’inclusivité, travaille sur l’intersectionnalité, Euphoria n’en reste pas moins elle-même.
En suivant l’histoire de Rue et Jules, on passe du scepticisme (un pilot très moyen) à une admiration sans bornes pour le travail fait sur les personnages et la réalisation incroyable. Elle met en scène la toxicité que les relations humaines ont sur nous, que nous le voulions ou non, et c’est étrangement cathartique.
Bref, Euphoria, c’est de la bonne came.

4 The Crown

// Max’
Netflix - Saison 3 - 10 épisodes

Cinquième place dans l’ordre de succession à Chernobyl au dernier tableau.
Elizabeth n’est pas très heureuse mais comme dans toute cette saison 3, elle va ravaler sa petite ambition personnelle et laisser le peuple parler.
Mais le regarder de haut.
Une fois n’est pas coutume, qui dit nouvelle saison, dit ravalement de façade chez les Windsor. Claire Foy laisse place à la magistrale Olivia Colman qui s’impose en une scène dans ce rôle toujours aussi prenant. Même si cette saison souffre d’un petit ventre mou quand on s’éloigne trop d’Elizabeth, Margaret et Philip (parfois), elle nous a bouleversé avec l’apparition de Charles et tout ce qu’il a déjà dû subir.
Parce que The Crown, ce n’est pas juste un joli service à thé que l’on sort le dimanche pour le Netflix & Chill, c’est une plongée dans les douleurs et les (peu de) gloires que le pouvoir de la couronne apporte.
Vive la Reine !

5 She-Ra and the Princesses of Power

// Blackie
Netflix - Saison 4 - 13 épisodes

Après seulement un an et déjà quatre saisons, il n’y a vraiment plus aucune excuse pour encore croire que She-Ra n’est faite que pour être appréciée par un très jeune public. Et ce n’est pas pour rien qu’elle remonte encore d’une place dans notre Top10. Même si honnêtement, la chanson de son générique lui vaut un A automatique !
C’est que la série a largement dépassé le buzz de ses débuts et que Noëlle Stevenson, sa créatrice, ne se contente pas de cocher des cases pour se donner des airs progressifs (coucou Disney). Cette saison 4 fit notamment parler pour l’arrivée d’un personnage non-binaire, DoubleTrouble. Mais iel fut surtout une formidable addition créant la discorde dans tous les camps avec beaucoup d’humour, et basculant les dynamiques entre plusieurs personnages. L’attention fut aussi portée sur Mara, la précédente She-Ra, afin de chambouler la perspective de l’héroïne.
C’est une saison de changements à tous les nouveaux (y compris dans le glow up de Glimmer), qui étend sa mythologie autant que son univers littéral. Après trois saisons à clairement établir ses gentils contre ses méchants, Stevenson a pris un malin plaisir à effacer ces limites, creuser la complexité de ses personnages, et faire questionner son héroïne sur tout. Sans oublier de nous faire marrer au milieu avec le traditionnel épisode à part, qui emprunte cette fois son style aux mystères d’Hercule Poirot.
Si She-Ra n’est vraiment faite que pour les petites filles, alors laissez-moi ne pas grandir !

6 The Boys

// Feyrtys
amazon - Saison 1 - 8 épisodes

Ça commençait mal, très mal. Cette scène de « Femme dans le frigo » on ne peut plus archétypale a bien failli me faire arrêter la série alors que je venais de la commencer. Il aura fallu attendre le milieu du pilote pour qu’au détour d’une scène inattendue (et qui fait forcément penser aux exactions de Louis CK), je change petit à petit d’avis sur la série. Au final, The Boys est une critique plutôt réussie des super-héros, de la fabrication des idoles et même du capitalisme. Son humour noir et sa violence ne mettent jamais mal à l’aise, servant toujours le récit et ses personnages, complexes.

7 The Handmaid’s Tale

// Sebargio
Hulu - Saison 3 - 13 épisodes

Souvenez-vous, c’était l’été 2018 : à la fin de la saison 2, nous laissions notre pauvre June qui n’était plus Offred mais Ofquelqu’und’autre dans une crise de Statuquoïdose aiguë. Et ça n’était pas franchement une bonne chose tant je garde un mauvais souvenir de cette deuxième saison (qu’on peut résumer par « c’est la saison 1 avec June enceinte »).
C’est donc à reculons que j’ai renouvelé mon abonnement OCS cette année pour voir la saison 3.
Pour être franc, j’ai quasiment attendu que la saison soit entièrement diffusée pour regarder et m’en débarrasser rapidement…
Et je me suis régalé devant cette saison, contre toute attente donc. Sans spoilers inutiles, ENFIN les choses ont avancé, ENFIN les scénaristes ont eu le courage de sortir du statu quo et plus jamais les choses ne seront comme avant à Gilead pour June et les Waterford. Enfin. La série se permet même de nous offrir des épisodes brillants, une intrigue savoureuse et des rebondissements.
Certes, elle tombe encore parfois dans le torture-porn (je pense notamment à l’épisode de l’hôpital) mais le reste est tellement bien que je lui pardonne des choses que je ne lui pardonnais plus. Une excellente nouvelle donc que cette saison 3. En espérant que la saison 4 soit la dernière, qu’elle soit à la hauteur des saisons impaires et qu’elle nous offre une conclusion satisfaisante.

8 Unbelievable

// Feyrtys
Netflix - Mini-série - 8 épisodes

Elle fait partie des trois séries préférées de Barack Obama en 2019 [1] avec la saison 2 de Fleabag et Watchmen, elle est dans le top 10 de la rédaction pour cette fin d’année et a beaucoup fait parler d’elle au moment de sa sortie : Unbelievable fait sans aucun doute partie des séries qui auront marqué 2019.

Et c’est mérité : la série est portée par de grandes actrices (Toni Collette, Merrit Wever et la formidable Kaitlyn Dever que l’on avait déjà adorée dans la saison 2 de Justified) et endosse la lourde tâche de raconter l’histoire d’une insupportable injustice et de ses conséquences, en parallèle d’une enquête policière somme toute classique dont on retiendra surtout l’amitié tissée entre les deux inspectrices chargées de l’enquête.

Le point fort d’Unbelievable est de donner aux victimes une place sinon centrale, au moins majeure dans le récit, alors qu’elles sont trop souvent occultées ou cantonnées au rang monolithique de victime au profit des avancées de l’enquête. Son point faible et la raison pour laquelle je lui ai préféré un B à un A, c’est sa tendance à se montrer didactique, à trop vouloir appuyer ses propos par des chiffres et des pourcentages, comme s’il fallait convaincre des spectateurs sceptiques de la gravité de la situation quand il s’agit de la prise en charge des plaintes de viol par la police [2]. Malgré ses défauts, Unbelievable reste une série importante que l’on ne peut que recommander autour de soi.

9 Orange is the New Black

// Jéjé
Netflix - Saison 7 - 13 épisodes

Taystee. Gloria. Red. Piper. Alex. Suzanne. Flaca. Boo. Nicky. Dogget. Cindy. Lorna. Poussey. Diaz. Maria. Blanca. Frieda. Fig. Sophia. Maritza. Norma. Angie. Gina. Mei. Miss Rosa. Vee. Badison. Daddy. Barb… Et les autres.
La seule série de l’année dont la fin a été pour moi un déchirement.
Sept saisons, c’est trop peu.
Et non, il n’y a pas jamais eu d’essoufflement.
Et non, ce n’est pas déjà bien qu’il y ait pu y avoir une conclusion.
Et non, je ne veux pas que ce soit fini.

(Et non, je n’ai pas oublié de regarder la saison 6 l’été dernier.)

10 Tales of the City

// Jéjé
Netflix - Mini-série - 10 épisodes

L’annonce d’un revival des Chroniques de San Fransisco ne m’a pas fait lever un sourcil. Je n’avais qu’un souvenir très vague des mini-séries des années 2000, il m’en restait l’idée d’adaptations un peu poussives, nostalgiques d’une époque qu’elles n’étaient pas parvenues à faire vivre à l’écran.

En ancrant l’univers des Chroniques à notre époque et en dehors du récit d’Armistead Maupin, en se faisant côtoyer ses personnages emblématiques, vieillis, à une génération plus jeune, en explorant des luttes qui ne sont pas celles des époques des livres (Tales of the City s’intéresse à la fois aux tentatives d’affirmations de femmes trans de leur droit d’exister dans les années 60 et aux dimensions intersectionnelles des vies contemporaines LGBTQI+), cette nouvelle édition refuse d’avoir du passé une image figée et idéalisée et se révèle dès lors totalement enthousiasmante.

D’autant qu’on s’amuse énormément grâce aux situations cocasses qu’induit un mystère dans l’esprit des livres et une Laura Linney dans l’une de ses meilleures compositions.

(Tales of the City a également le triste mérite de révéler que les histoires LGBTQI+ n’intéressent pas nos (supposé·es) allié·es hétéros de la rédaction ! Pas la peine de faire semblant… Qui a regardé Tales of the City et Pose ?! QUI ?!)

Avec une mention spéciale de Blackie, Iris et Feyrtys pour "Le Seul Bébé Réellement Mignon de Toute l’Histoire de la Télé"

"The Ovaries Tribe has Spoken"
— Blackie

Mais la majorité n’a pas toujours raison.
Voici donc un TOP 10 (dans l’ordre alphabétique) des meilleures séries du semestre qui n’ont enthousiasmé qu’un·e seul·e d’entre nous (et qui montre que, non, il n’y a pas que HBO et Netflix dans la vie... Fichtre ! Pas de comédie d’ABC, pas de Real Housewives dans le TOP 10 ce semestre...) !

All Rise

// Jéjé
CBS - Saison 1A - 11 épisodes

Derry Girls

// Blackie
Channel 4/Netflix - Saison 2 - 6 épisodes

David Makes Man

// Jéjé
OWN - Saison 1 - 10 épisodes

For All Mankind

// Sebargio
Apple+ - Saison 1 - 10 épisodes

Lodge 49

// Feyrtys
AMC - Saison 2 - 10 épisodes

New Amsterdam

// Nico
NBC - Saison 2A - 9 épisodes

Emergence

// Feyrtys
ABC - Saison 1A - 9 épisodes

Sorry For Your Loss

// Iris
facebook - Saison 2 - 10 épisodes

The Expanse

// Tigrou
amazon - Saison 4 - 10 épisodes

This Close

// Max’
SundanceTV - Saison 2 - 8 épisodes

Et pour finir le tableau de toutes les séries qu’on a regardées... Toutes.

Tableau bleu


[1Même s’il a eu l’outrecuidance de nommer cette catégorie « séries télé aussi puissantes que des films »

[2Surtout quand ces mêmes chiffres sont répétés et ces mêmes défaillances dénoncées quinze fois par saison de Law & Order : Special Victims Unit

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

ConnexionS’inscriremot de passe oublié ?