Sur ma carte d’identité, à signes particuliers, j’avais un beau « néant ». Gamin,
j’étais persuadé qu’on avait tous un sosie sur Terre. A huit ans, j’avais défini que le mien se trouvait probablement au Moyen-Orient. Je me disais que si j’étais remplacé par ce double (forcément) maléfique, physiquement, il n’y aurait rien qui pourrait me démarquer de lui. Bref, je n’avais rien de particulier.
Maintenant, j’ai une belle petite marque de brûlure sur l’avant-bras qui pourrait faire réaliser à ma femme que j’ai été remplacé par ce fameux sosie iranien qui a exactement les mêmes traits que moi, celui que la science m’a promis.
Ce « néant » peut aussi caractériser les signes particuliers de trop de saisons depuis l’excellente fournée 2004/2005. C’est sûrement l’âge, mais j’ai beaucoup de mal à les différencier. Pourtant, aujourd’hui, la rentrée est assez entamée pour nous donner une bonne idée de ce que la cuvée 2012/2013 nous propose. Elle commence à prendre forme et des tendances se dessinent déjà sous nos yeux.
Sur les quatre prochaines chroniques, dix signes particuliers de la saison seront établis. On commence avec Shonda la Merveilleuse, le câble, et un cruel manque dans le paysage audiovisuel US.
10 Shonda est Merveilleuse. Vraiment.
Jéjé a déclaré en public sur Twitter que le second épisode de la nouvelle saison de Grey’s Anatomy était ce qu’il avait vu de mieux en ce début de saison.
Il y encore quelques mois, j’aurais classé ce tweet dans le dossier « Sacré, Jéjé ! » avec sa tentative de défense du film The X-Files 2 [1] et avoir le générique de Bibiphoque sur son iPod. Mais voilà, je suis plus enclin à le croire aujourd’hui. La raison ? Scandal.

Un rattrapage estival permet de découvrir une série tout en sachant si on va se passionner pour une cause perdue, annulée après deux ou trois épisodes, ou si elle peut s’installer sur la longueur. Sans comparaison avec les séries que l’on aime et qu’on suit lors de la saison, on est facilement plus clément. Le réel test vient donc avec la rentrée. Si la série arrive à s’intégrer sans effort à notre planning hebdomadaire, il n’y a plus de soucis à se faire. Et Scandal y est facilement arrivé.
J’en ai un peu parlé mais non seulement Scandal confirme les qualités de sa premières saisons, mais Shonda nous propose une ouvre dont l’arc principal semble être maîtrisé et qui ne se repose pas sur de l’effet des retournements de situation comme 24 savait le faire. C’est la première fois que je me passionne pour une série de Shonda et j’en suis le premier surpris. Pas besoin d’aimer le reste de ses séries pour regarder Scandal. Scandal est même une série plutôt musclée avec son lot de meurtres, et de grosses surprises et d’intrigues assez audacieuses.
Bien joué, Shonda.
9 Non merci, je n’ai toujours pas besoin d’un abonnement au câble.
Je ne le cache pas, il y a très peu de série du câble que j’aime suivre. Je n’aime ni les séries rétro qui rappellent celles des années 80 à la Monk ou Psych [2], ni les séries qui privilégient le fond à la forme. Il y a quelques séries qui m’ont vraiment marqué, telles que Rubicon, Mad Men ou The Sopranos, mais rarement plus d’une en même temps.
Je préfère généralement les séries de networks pour une raison assez simple. J’aime voir des scénaristes talentueux réussir à fournir des œuvres fortes et intelligentes avec les restrictions de networks. Je sais qu’un Mad Men version FOX aurait été moins intéressant que ce que AMC nous propose. Mais j’avoue avoir plus d’admiration pour les équipes de production de The Good Wife qui doivent fournir deux fois plus d’épisodes que leurs collègues du câble avec un niveau de qualité élevé et régulier.
Pour faire simple, j’aime l’idée de la qualité grand public. Et je ne me rappelle pas d’avoir eu un planning séries aussi chargés formé de Homeland et d’une dizaine de séries de network. Ce renouveau permet de ne plus se reposer aussi fortement sur la real-tv, comme ce creux horrible des années 2000. Sans dénigrer le genre, je n’ai plus le temps, ni l’envie de regarder des émissions d’un genre qui a du mal à se renouveler.
A l’exception de Survivor, bien évidemment.
8 Il fait quoi, en ce moment, Joe Michael Straczynski ?
Plus que d’une série dramatique humaniste, la télévision US a besoin d’un space opera. Un bon gros space opera sans les mots Star et Trek dans le titre. Si visuellement, elles peuvent vieillir difficilement, ce sont souvent des œuvres avec un début, un milieu et une fin.
Une série ne vient que trop rarement avec une date de péremption. Elle a trop souvent le temps de dériver ou pire d’errer sans fin. Lost nous a montré les méfaits de ne pas définir une fin à son intrigue. Elle a quand même bénéficié de l’annonce de la date de fin de série avec un bon coup de fouet à son intrigue principale... avant de totalement louper sa sortie.
Doctor Who comble les inconvénients de sa longévité en donnant la part belles aux associés du Docteur. Leurs départs, comme celui d’Amy récemment, donnent une conclusion à un chapitre d’une longue saga.
Une série, et surtout une série de science fiction, doit savoir où elle va. Sur ce dernier point, on fera difficilement mieux que Babylon 5. Peu importe les départs non prévus de ses acteurs, ou les annulations annulées, Babylon 5 montre les atouts d’avoir une intrigue définie dès son pilote. Et c’est ce qui nous manque actuellement.
Nous avons besoin d’une œuvre de science-fiction forte et ambitieuse avec des intrigues complexes. Games of Throne remplit peut-être ce manque d’épique dans les séries, mais rien ne vaut une bonne vieille série dans l’Espace. Battlestar Galactica a quitté nos écrans depuis assez longtemps pour qu’on redécouvre le genre avec autre chose qu’une série Stargate.
Et qu’on se mette d’accord dès le début : une fin de série ne doit pas être ouverte à l’interprétation de son spectateur. Moi, j’ai toujours pas compris ce qui était arrivé à Starbuck et comment les Cylons du Pif ont pu entendre une chanson de Bob Dylan !