Rodrigo Borgia est devenu Pape. Après avoir cédé tous ses titres et promis de couper les liens avec sa famille illégitime et sa maîtresse Giulia pour obtenir son poste, il doit devenir un autre homme. Combat perdu d’avance ?
On aime
Comme on le disait dans le résumé, Borgia a tout promis pour être élu. Promis d’être quelqu’un d’autre. Amusant de voir ces cardinaux qui élisent quelqu’un pour qu’il change à 100%. Rodrigo semble sincère dans ses promesses et surtout (c’est la première fois qu’on le ressent aussi juste), John Doman est très bon dans ces moments où il essaie de se convaincre qu’il va changer... pour céder à sa nature dans la seconde qui suit.
Cette succession de déception est une brillante étude de la faiblesse de l’homme, de la maîtrise des pulsions... la nature animale contre la raison divine. Rodrigo dit même "Nous" quand il parle de lui. Comme s’il co-existait physiquement deux personnes en lui : le Pape, rénovateur et concerné par les questions de moralité, et Rodrigo, qui est incapable de ne pas succomber aux avances de Giulia Farnese.
La situation en devient drôle. Qu’il s’agisse de son premier promis hautain, supérieur (et joué très très faux, mais c’est un autre débat), drivé par Giulia pour la rendre amoureuse ; ou du second, veuf, charmeur et qui n’a qu’une seule envie : consommer le mariage. Au départ ennuyeuse à souhait, on se met à s’amuser des revirements de la jeune femme, de ses humeurs changeantes. Ce qui lui arrive est très secondaire, mais au mois, on rigole.
Enfin, surtout une. Vanozza. L’ex-"femme" de Rodrigo. Vanozza, si elle a obtenu sa fortune grâce au Cardinal honteux, n’en reste pas moins une femme intelligente, une femme d’action, qui repère tout de suite l’ambition qui brûle en Giulia Farnese, et décide de s’en faire une alliée pour se débarasser de la tutrice de Lucrézia.
Positif. Tout simplement positif. C’est un jeune homme posé, intelligent, qui aime parler de religion, qui théorise. S’il juge les actions de Cesare comme étant mauvaises, il ne tourne pas le dos à l’homme, et cherche à le remettre sur le droit chemin.
Les personnages comme lui sont rares dans « Borgia ». On aurait pu citer le jeune Cardinal De Medici, mais il n’aparaît pas dans ce double-épisode. Son humanité fait un bien fou.
Pareil que pour Lucrézia, ses péripéties font rires. Du coup, on se dit que c’est le but de Fontana. Et voir cet imbécile qui pense avec le contenu de son caleçon devenir le chef de l’armée du Vatican est à mourir de rire. Sa réaction tient d’un "Ah ouais ? Cool, merci !" moderne, d’où la réaction attérée de l’ancien titulaire du poste.
Histoire de revenir sur Rodrigo et ses contradictions. Alors qu’il veut remettre le Vatican sur le droit chemin, il fait les mêmes erreurs que son prédecesseur en nommant cardinaux Alessandro Farnese (parce que sa soeur est sa maîtresse) et Cesare Borgia. Des bébés qui n’auront à gravir aucun échelon pour arriver au sommet.
Je ne parle pas de l’épilogue-cliffhanger, où l’on apprend une nouvelle choquante sur Giulia (enfin, choquante... pas tant que ça). Je parle de l’intronisation de Farnese et Cesare, avec un petit modèle de scène en montage alterné avec d’un côté, Rodrigo qui décide à avouer un grand secret en pleine cérémonie, pendant que sa fille joue au docteur dans le sous-sol avec son mari. Fille qui entend ce secret tout en échangeant des faveurs sexuelles.
On aime moins
Il est très difficile de dégager une impression cohérente de la série, tant les épisodes varient en qualité, et surtout en rythme. Si l’épisode 5 est bien équilibré, le 6e traîne en longueur, malgré son final réussi.
L’intérêt des épisodes 3 et 4 est mis de côté dans ces deux épisodes, certains personnages disparaissant du cadre. C’est bien dommage, tant leur insertion dans le récit avait reboosté l’intérêt des intrigues.
On attend de voir s’ils resortent du chapeau de Fontana, ou si leur "prise de pouvoir" n’était que ponctuel.
Si on peut s’amuser devant les mésaventures de Juan et Lucrézia au second degré, pas grand chose ne sauve Cesare de la faillite. Le personnage est agaçant, et cette dualité entre l’animal et l’homme d’église qui fonctionne si bien avec Rodrigo sur ce double épisode se plante dans les grandes largeurs avec Cesare.
Jeu, mise en scène, écriture, peu importe la cause, il y a un souci énorme avec ce personnage que personne ne semble avoir réussi à régler.
Un double-épisode à l’image de la série, qui oscille entre le bon et le beaucoup moins bon, mais qui a le mérite de donner envie d’en voir plus.
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Dernière mise à jour
le 10 octobre 2011 à 11h05