« Braquo 1 » ne nous avait pas franchement enthousiasmés. Le regard d’Olivier Marchal sur le monde, expurgé de toute quête du bonheur et dans un pessimisme de tous les instants, s’il peut être digeste sur 2h sur grand écran devient intenable sur 8h. Son absence de science de la série télé s’y trouvait mis en valeur de façon gênante, surtout venant de quelqu’un qui côtoya Hughes Pagan.

Dans une tradition très « Canal+ », l’auteur principal d’une série a passé la main. Abdel Raouf Dafri a prit la suite d’Olivier Marchal pour « Braquo 2 ». Le fait que la chaîne appelle cette suite 2 et pas 2e saison appuie ce qu’on observe depuis des années : Canal+ ne fait pas de la série télé, elle fait du cinéma pour la télévision. Sauf que…

Sauf que Raouf Dafri aime la télé. Il l’a déjà prouvé avec « La Commune ». Il connait la science de la série télé. Ça veut dire qu’il sait comment placer un cliffhanger, que ce qui est annoncé doit être résolu, que les personnages doivent être bien écrits… le B.A. Ba.

Caplan et Morlighem

Qui ont visiblement beaucoup d’ennemis à gérer.

Olivier Marchal nous avait rebattu les oreilles avec le prétendu héroïsme du flic Caplan. Jusqu’à l’intégrer dans les dialogues, histoire qu’on comprenne bien. Sur les deux premiers épisodes de la série, on n’en parle plus. Les personnages sont même mis plus bas que terre. Walter Morlighem s’occupe du parc automobile du commissariat, Roxanne Delgado redevient fliquette en uniforme, Théo Vachewski est viré, et Eddy Caplan va en prison.

Forcément, avec une base pareille, on se demande où la série va aller, surtout qu’en ville sévit un groupe d’ancien militaires décidé à flinguer tout ce qui gêne sur leur passage. Mais Abdel Raouf Dafri n’a pas vu qu’« Oz », il a aussi regardé « 24 ». Et c’est sur cette dernière que « Braquo 2 » prend modèle. Le but : faisons d’Eddy Caplan notre Jack Bauer, une âme damnée prêt à tout pour avoir un résultat, prêt à s’infiltrer dans le groupe de militaire pour le dézinguer de l’intérieur.

Caplan caché

Boo (avec la voix de Droopy)

C’est gros, c’est énorme, ça possède un niveau de crédibilité inexistant (ambiance bien aidée par un Samuel Le Bihan qui joue mal comme jamais, et qui nous fait nous demander : 1.Qu’est devenu ce type prometteur qui jouait dans « Capitaine Conan », et 2.Qui est ce sosie qui a prit sa place ?), mais « Braquo 1 » était elle-même non-crédible. « Braquo 2 » a le mérite d’être amusante. Les méchants sont très méchants, tout droits issus d’une bande dessinées, très caractérisés. Les gentils sont très ambivalents. Les vulgarités pleuvent, on a l’impression que toutes les réponses à n’importe quelle question c’est « j’t’emmerde [insérez le nom du personnage ici]… ».

Alors qu’en fin de saison 1 je pensais en avoir fini avec la bande à Droopy (pardon, Eddy Caplan), je me surprend à prendre plaisir à regarder ce deuxième opus. La seule crainte que ce double-épisode provoque, c’est qu’à copier le modèle de « 24 » et ses qualités, la série risque aussi de copier ses gimmicks lourdingues et ses poncifs. A voir sur la durée.

Le sosie de Samuel Le Bihan

Avec « Braquo 2 », Canal+ offre une variation très « divertissement » de sa noirceur habituelle. Dynamique, dés-intellectualisée, sans discours social, elle pourrait s’avérer au final être un bon divertissement télé. Parfois, c’est tout ce qu’on demande.

Soit j’ai un problème d’audition naissant, soit c’est un problème à souligner, mais le travail sur le son des dialogues les rendent quasiment inaudibles. Des voix graves qui chuchotent passent très mal, et certains dialogues nécessitent une seconde écoute. Bon après, c’est peut-être mon système audio qui merde, dans quel cas, vous pouvez envoyer vos dons au Village à l’adresse suivante : "Pour que Dominique entende les dialogues de Braquo", 2 rue des sonotones, 99064 Larsen-ville.

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