En l’espace de quelques saisons (et grâce à un partenariat avec HBO), le bouquet Orange Cinéma Séries est devenu en France un poids lourd de la diffusion en avant-première de grosses créations en langue anglaise (« The Walking Dead », « The Hour », « Game of Thrones », « Girls »…). Mais ses responsables n’en oublient pas pour autant la production française.
Le Village : En 2010, Orange Cinéma Séries lançait une shortcom « Plaisir de nuire, joie de décevoir ». En 2011/2012, c’était « Zak » et « Q.I. ». Où en êtes-vous aujourd’hui, côté production ?
Boris Duchesnay : Notre objectif, en 2011, était de se lancer dans le 26 minutes… et je pense que l’on ne s’est pas trop mal débrouillé. La production value de nos créations est limitée puisque nous avons peu de moyens mais je crois qu’elle est rattrapée par l’écriture et le jeu des comédiens. Le bilan est encourageant et nous allons continuer dans cette voie : la prochaine saison de « Zak » passe du format 10 à 26 minutes, et sa diffusion interviendra à la rentrée. La saison 2 de « Q.I. » est, elle, en cours d’écriture et son tournage devrait lui aussi avoir lieu à la rentrée. Mais nous travaillons aussi sur de nouveaux projets.
Pour « Zak », le changement de format, c’est une démarche originale…
C’est quelque chose qui entre complètement dans la volonté de développer du 26 minutes. La saison dernière, Canal + a proposé des créations comme « Platane » et « Kaboul Kitchen » en prime time, mais il y a encore beaucoup de choses à faire en la matière. Nous pensons qu’il y a, en France, une vraie demande pour ce format. En discutant avec l’équipe de « Zak », assez rapidement, on s’est rendu compte qu’il y avait, dans ce projet, la matière pour faire du 26 minutes. Et comme cette série est un vrai truc de bande, avec des gens qui font toujours plus que ce qu’on leur demande, nous n’avons pas été déçus.
Comment décririez-vous la façon dont vous travaillez sur les projets de série « Made in Orange » ?
C’est simple : nous avons peu d’argent, donc la seule chose que nous pouvons proposer à ceux qui viennent à nous, c’est une plus grande liberté. Concrètement, aujourd’hui, moi je n’ai pas les moyens d’aller faire chier les auteurs… alors autant initier autre chose. Sans forcément passer par la mise en place d’un chargé de programme qui sera là pour interférer sur les projets. Nous nous devons d’être plus efficaces, notamment pour tout ce qui est validation. L’idée, au final, c’est de développer un cercle vertueux et de profiter de la liberté offerte : le couperet de l’audience n’est pas le même, autant jouer là-dessus.
La liberté pour les auteurs, c’est un truc dont on entend souvent parler en France. Mais dans les faits, ça ressemble souvent plus un argument promo « en carton » qu’à autre chose…
Nous, nous revendiquons notre liberté et ça commence à faire son petit chemin. Plusieurs sociétés de production viennent nous voir parce qu’elles savent aujourd’hui que nous sommes demandeurs de projets innovants. Cela crée même une émulation assez incroyable.
Un mot sur les nouveaux projets que l’on verra chez Orange dans les prochains mois ?
Il y a d’abord « Lazy Company », une création en laquelle je crois beaucoup : c’est l’histoire d’un peloton de soldats américains qui s’est perdu sur le sol français juste après le débarquement. Dans le ton, on est entre « Band of Brothers », « Inglorious Bastards » et « Kaamelott ». De ce que j’ai déjà vu, je peux vous dire que c’est bien écrit, bien joué et que visuellement, ça va péter… C’est une production Empreinte Digitale et Six Pieds sur Terre ; la saison 1, qui comptera dix épisodes de 26 minutes, devrait arriver en janvier. A part ça, nous travaillons aussi sur un autre projet, « Beaufs in America », également en 10 fois 26 minutes. Il s’agit d’une sorte de road movie, avec deux beaux-frères que tout oppose et qui doivent traverser ensemble les États-Unis pour la Sofa Dance Cup.
A moyen, voire à long terme, quelle est l’ambition d’Orange ?
La production d’unitaires en langue anglaise à la HBO, c’est quelque chose d’attirant. Ce pourrait être l’occasion de mobiliser des financements pan-européens. D’ici à 18 mois, ce serait bien que cela devienne possible…
Dernière mise à jour
le 23 juillet 2012 à 16h05