C’est possible !
DÉCEMBRE 2010
Par Sullivan Le Postec • 23 novembre 2010
Bienvenue au Village, le webzine des fictions télévisées européennes et francophones.

Douze épisodes d’une série feuilletonnante livrés chaque année, en France ? On en était venu à croire que c’était impossible, même si cela a déjà presque existé – autant « Avocats & Associés » que « PJ » intégraient une dimension feuilletonnante à côté des histories bouclées, et elles ont tenu ce rythme des années, même si c’était rendu moins visible par une diffusion en deux sessions de six épisodes.

On en a parlé, de la nécessité de séries longues pour instaurer des rendez-vous à l’antenne. TF1 y arrive avec ses formula show policier, mais ce sont justement, de « RIS » à « Section de Recherches » ses programmes les plus aseptisés, expurgés de toute vision d’auteur ou personnalité. Sans compter qu’il a fallu une montée en puissance en trois ou quatre saisons pour en arriver à ces livraisons annuelles conséquentes.

A Canal+, on butte sur le problème depuis l’arrivée des Créations Originales modernes en 2005. La chaîne cryptée est même clairement revenue en arrière sur la longueur de ses saisons : après avoir ambitionné de multiplier les saisons de 10 à 12 épisodes, le format pourtant difficile à gérer de huit épisodes est redevenue la norme absolue. Même « Engrenages », qui a pu aligner douze épisodes pour sa troisième saison, va redescendre à dix pour la saison quatre. Dans le même temps, le producteur de cette série laissent entendre que pour eux, le seul moyen de livrer une saison chaque année serait de faire travailler en parallèle deux équipes scénaristiques livrant chacune une saison sur deux. On ne sait pas vraiment à quoi, dans ces conditions, est sensé tenir le point de vue et le ton de la série.

Bref, on en reste à une industrialisation dans ce que le terme peut comporter de plus péjoratif. Et à se demander comment ce qui est possible ailleurs – et je ne parle pas des États-Unis, mais de la Grande-Bretagne, qui travaille à moyens comparables, et où un scénariste solitaire permet de livrer systématiquement six épisodes par an, le chiffre pouvant monter entre 8 et 14 épisodes par an en cas d’écritures collectives – pourrait ne pas l’être en France.

Un an après la diffusion de la saison 2 du « Village Français », les douze épisodes de la saison 3 arrivent à l’antenne. Et la saison 4, également de douze épisodes, est sur les rails pour revenir à la même période l’année prochaine. C’est donc possible. Pourquoi ?
Parce qu’« Un Village Français », c’est un vrai bon concept de série, un trio efficace qui en tient les rênes, une écriture efficace et bien optimisée qui travaille dans la confiance de la production et aujourd’hui de la chaîne. C’est tout ça, et puis un peu d’orgueil : ‘‘nous sommes orgueilleux. Comme on s’est engagé, on le fait !’’ nous a confié Philippe Triboit dans l’interview qu’il nous a accordée, et qui sera prochainement en ligne.

De l’ambition, et la fierté de ce que l’on fait, et de faire ce que l’on a dit. Avouez que comme recette, il y a plus compliqué.


  • UN VILLAGE FRANÇAIS — Saisons 1 & 2 : montée en puissance
    Critique. Diffusés au printemps et à l’automne 2009, les deux premières ‘‘saisons’’ de la série, 12 épisodes en tout, racontent la première année de Villeneuve sous l’Occupation. Le début d’un ambitieux projet censé durer cinq ans.
  • PREVIEW - Un Village Français
    Jeudi 4 juin, arrive sur France 3 une série événement, qui témoigne d’une ambition nouvelle pour la fiction française : un parti-pris de long terme qui joue à fond sur les avantages de la sérialité.