On vous avait déjà parlé d’« Un Village Français » à la rentrée dernière, et dit à quel point on attendait avec impatience la série de France 3. Elle arrive enfin et nous avons pu juger sur pièce, la chaîne ayant notamment organisé une projection orientée vers les sites Internet et les blogs en présence du producteur Emmanuel Daucé et des acteurs Thierry Godard et Marie Kremer.
Par rapport à ce que nous avions écrit cet automne, cette diffusion comporte une petite déception qui n’a rien à voir avec le contenu de la série elle-même. France 3 ne proposera pas les douze premiers épisodes en une seule vague de diffusion sur son antenne. En effet, le tournage des épisodes 7 à 12 vient tout juste de se terminer.
Ceux-ci arriveront néanmoins dès la rentrée prochaine, en septembre-octobre. La série devrait donc, avec un peu de chance, bénéficier tout de même d’un certain effet de fidélisation. Et l’écriture des épisodes 13 et suivants est déjà lancée, ce qui laisse espérer que la suite puisse arriver à une cadence suffisamment élevée pour que ce « Village Français » imprime sa marque dans l’esprit des téléspectateurs.
Créée par Frédéric Krivine, Philippe Triboit et Emmanuel Daucé (respectivement scénariste, réalisateur et producteur), « Un Village Français » se propose de raconter la période de l’occupation en France du point de vue de la population d’un petit village du Jura. Le sujet n’est pas exactement nouveau, mais l’ambition présente dans le traitement, elle, l’est. En effet, l’objectif est de raconter ces cinq années en cinq fois douze épisodes. 60 épisodes espérés pour creuser les personnages, leurs conflits, et proposer une fresque chorale qui aille au-delà de la dichotomie entre les héros résistants et les salauds collabos.
Le premier épisode s’ouvre alors que l’armée allemande envahit Villeneuve, dans le Jura, une bourgade fictive que les scénaristes ont un peu modelé sur la ville de Dôle. On fait alors connaissance avec la galerie de personnages, incarnés par des acteurs de qualité, dont plus d’un ont déjà travaillé avec Philippe Triboit (« Engrenages », « La Commune », co-créateur de la série et réalisateur des six premiers épisodes). Robin Renucci incarne Daniel, médecin qui se retrouve dès le deuxième épisode Maire malgré lui. Audrey Fleurot est sa femme Hortense, à qui les drames de la guerre vont offrir une bénédiction : un enfant longtemps désiré. Nicolas Gob, Thierry Godard, Marie Kremer et d’autres incarnent le reste de la population du Village. Des acteurs qui se félicitent d’un projet dont l’ambition première soit de faire évoluer leurs personnages face à des événements dramatiques. Marie Kremer, notamment, s’enthousiasmait de ce que son personnage de jeune institutrice innocente et naïve ait devant elle des perspectives nombreuses et riches...
“En 1940, vivre c’est choisir” dit la phrase d’accroche de la série. Si cette période met effectivement en exergue cette réalité, elle est bien entendue tout autant vraie aujourd’hui. C’est sur ce plan que la série a la capacité de parler à ses contemporains.
Pour nourrir la narration, Frédéric Krivine a constitué un atelier de scénaristes qui a travaillé longuement à enrichir les arches narratives. Pour ce qui concerne ces six épisodes, qui couvrent la période de juin à novembre 1940, les scénarios en eux-mêmes ont été écrits par Frédéric Krivine. Durant tout le travail d’écriture, l’équipe a bénéficié de la collaboration de l’historien Jean-Pierre Azéma, qui a permit notamment d’apporter un éclairage sur la chronologie des événements et sur les informations qu’un français lambda connaissait, ou pas, à tel moment donné.
Philippe Triboit initie donc la série en réalisant ces six premiers épisodes qui donnent le ton de la série.
Paradoxe, et vraie difficulté à affronter pour la série, « Un Village Français » est, à l’heure où toutes les chaînes privées comme publiques, revoient à la baisse le coût de leurs grilles, une fiction chère. France 3 et Tétra Média se sont donné les moyens de leur ambition pour mettre en scène une reconstitution historique vivante et convaincante. Mais dans ces conditions, sans doute la série aura-t-elle encore moins le droit que d’autres d’échouer à l’échelle de l’audimat. France 3 entend donc faire de la série un événément, comme en témoigne la facade de l’immeuble de France Télévisions. Le pari de la chaîne est de convaincre que le traitement du sujet est suffisamment différent de ce qui s’est fait avant pour justifier de s’intéresser à une nouvelle fiction ayant cette période de l’histoire pour cadre, et de démontrer que ce programme peut toucher au-delà des seniors.
La structure scénaristique de la série, si elle cherche à dévoiler sur le long terme la vie de ces gens, et est donc à suivre, « Un Village Français » ne verse pas dans l’hyper-feuilleton. Chaque épisode est ainsi assez accessible, ce qui est sans doute un avantage du point de vue des chances de la série de réunir une large audience.
Sans surprise, c’est très bien. Même si la série doit dépasser son quart d’heure introductif pour faire la preuve de ses qualités. Sans doute aurait-elle gagnée à en venir tout de suite à l’attaque de l’avion plutôt que d’aligner une suite de séquences d’exposition un peu lourdes et, pour la plupart, dispensables. Par la suite, l’écriture, la mise en scène et l’interprétation se conjuguent pour travailler l’épaisseur de personnages auxquels on n’a pas peine à s’intéresser et s’attacher. On notera la qualité de la photographie, travaillée et très réussie. La lumière des extérieurs, notamment, les met en valeur tout en servant fort bien le propos. A ne pas manquer, donc !
> « Un Village Français » est à découvrir le jeudi 4 juin à 20h35 sur France 3, ainsi que les deux jeudis suivants et reviendra à la rentrée pour six nouveaux épisodes.
Dernière mise à jour
le 20 octobre 2009 à 13h09