ODILE VUILLEMIN — ‘‘J’étais persuadée de ne pas avoir le rôle de Chloé dans Profilage’’
Rencontre avec l’héroïne de la série qui fait bouger les lignes de TF1
Par Nicolas Robert • 2 avril 2012
Dans le monde un peu triste de la série policière de TF1, « Profilage » détonne, en bien. Avec ses réussites et ses limites, elle parvient à faire évoluer ce géant immobile. Son interprète principale n’y est pas pour rien. Rencontre.

Elle aurait pu être ethnologue. Elle pourrait être chanteuse (si elle avait plus de temps). Elle est surtout l’interprète de Chloé Saint-Laurent, l’héroïne de « Profilage » sur TF1. Alors que la saison 3 est actuellement diffusée sur la chaîne, Le Village est allé à sa rencontre pour savoir ce qu’il y a dans l’ADN de ce personnage haut en couleur.

Le Village : Chloé, votre personnage, est vraiment atypique à la télévision française. Il repose sur un vrai travail de composition. Comment l’avez-vous “rencontrée” ?

Odile Vuillemin : Franchement, je ne m’attendais pas à me retrouver un jour héroïne d’une série en prime-time sur TF1. Et ça principalement parce qu’après mon audition, j’étais persuadée de ne pas avoir le rôle ! Je me souviens avoir trouvé le projet vraiment super et en lisant mon texte, je me suis dit que je ne devais pas le jouer. Je devais essayer de voir ce qu’il y avait dans le sous-texte. J’ai laissé mon cerveau travailler tout seul, et quand je me suis lancé dans mon monologue, il s’est vraiment passé un truc à part. Une sorte d’instant de grâce, quelque chose qui m’est rarement arrivé. Au final, on m’a dit que j’avais proposé quelque chose de très différent de ce que les autres actrices avaient fait… Parfois, j’y repense et je me demande à quoi ça ressemblait.

Vous êtes celle qui connaît le mieux l’héroïne… comment la décririez-vous à quelqu’un qui ne la connaît pas ?

C’est un personnage qui a beaucoup évolué mais ça reste un mélange de moineau et de chat écorché vif. Chloé, elle a un côté assez autiste mais elle est aussi super attachante. Et surtout, elle évolue toujours sur un fil. L’interpréter c’est vraiment particulier : elle pompe énormément d’énergie. Mais c’est une aventure d’autant plus belle à vivre que son histoire m’offre une grande palette de jeu : j’ai eu des scènes très différentes à jouer tout au long de la saison 3.

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Une saison qui marque une véritable étape, avec le départ de Guillaume Cramoisan et l’arrivée de Philippe Bas…

C’était un des points un peu difficiles de ce début de saison. Il fallait tout à la fois jouer le deuil de Chloé, qui perdait un partenaire avec lequel une vraie alchimie s’était créée, et il fallait qu’elle trouve ses marques avec le commandant Rocher. La relation est très différente : avec Guillaume et son personnage, c’était des rapports un peu comme chien et chat. Avec son successeur, un certain nombre de choses passent à travers le respect qu’ils ont l’un pour l’autre.

Vous l’avez vécu comment, ce challenge de début de saison ?

Douloureusement. C’est dur de grandir, surtout pour Chloé (rires). Il fallait que je sois vigilante parce qu’avec un personnage comme celui-ci, il faut éviter de tomber dans la caricature. Surtout qu’il peut m’arriver d’être très cabotine.

La vérité est dans les détails, comme on dit…

C’est ça. Le futile est essentiel. Ce personnage, il existe à travers une foule de détails, que ce soit sa façon de parler, son fameux sac et plein d’autres choses.

On vous sent super perfectionniste, dans votre façon d’aborder les choses…

Et voilà pourquoi c’est frustrant de passer quatre plombes à préparer un gâteau qui est englouti en dix minutes (rires). Non, c’est vrai : je n’aime pas le foutage de gueule. Du coup, éviter le dérapage, ça demande beaucoup de vigilance tout en conservant un côté instinctif dans l’interprétation… Je savais que ce serait très compliqué de la faire grandir mais c’est aussi une véritable expérience, parce que j’ai la chance d’avoir un beau personnage. Ce qui est aussi intéressant, c’est que cette saison, on aborde pas mal de choses, notamment avec un final très travaillé et pour lequel, avec le réalisateur, on a notamment parlé d’un épisode de House avant de se lancer…

Vous regardez beaucoup la télé ?

Je ne regarde pas de séries françaises, hormis « Fais pas ci, Fais pas ça ». Sinon, je regarde quelques séries américaines et d’autres productions. J’aime voler chez les gens, picorer chez les autres.

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La force de « Profilage », c’est quoi pour vous ?

Ce qui me plaît, c’est qu’on participe à la sortie des profils de héros uniformisés. Avec le personnage de Chloé, on se retrouve avec une anti-héroïne, quelqu’un qui est fragile, qui a des défauts mais qui accepte ses failles. Et c’est ça aussi qui le rend intéressant.

Et de quoi avez-vous avez envie, aujourd’hui ?

J’aimerais bien tourner un long-métrage. Ou une comédie musicale. Mais quand je le dis à mon agent, il me répond « prends ton agenda et dis moi quand tu étais dispo ces derniers temps » (rires). On va bientôt débuter le tournage de la saison 4 : on va en avoir pour presque un an. C’est un rythme de travail intéressant pour développer des choses mais c’est aussi très accaparant… Donc j’espère qu’on pourra jouer de vraies scènes drôles dans « Profilage », comme il y en a au début de cette saison. Et si on fait un épisode sous forme de comédie musicale comme dans « Grey’s Anatomy », ça m’ira aussi ! (rires)

Post Scriptum

« Profilage »
Saison 3 : 12 x 52 mn. 2012.
Une production Beaubourg Audiovisuel pour TF1.
Créé par Fanny Robert et Sophie Lebarbier.
Avec Odile Vuillemin, Philippe Bas, Vanessa Valence, Raphaël Ferret et Jean-Michel Martial.

A voir tous les jeudis à 20h50 sur TF1.