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Aquarius - Avis sur les premiers épisodes de la série avec Mulder et Charles Manson

Aquarius: Le Test de Bechdel ? LOL !!!

Par Conundrum, le 6 juin 2015
Publié le
6 juin 2015
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Lorsque NBC a annoncé une série sur un charismatique gourou qui fédère autour de lui un groupe de jeunes femmes et d’hommes afin de réaliser sa vision macabre et égocentrique sous fond de drogues et de liberté sexuelle, je me suis dit que le réseau A-Suivre avait vendu les droits d’exploitations de l’histoire de EDUSA / pErDUSA à la chaine afin qu’elle réalise une série sur Ju et les dramatiques événements autour de la création du site.

Mais non, au final, rien d’aussi sordide, Aquarius, c’est juste une série sur Charles Manson.

Et comme j’ai regardé trois épisodes pour m’en assurer, mieux vaut rentabiliser l’expérience avec un bon petit "Premières Impressions".

Qu’est ce que c’est ?

NBC va essayer de vous vendre Aquarius comme une série au mode de diffusion révolutionnaire qu’on peut suivre en visionnage glouton et en rythme hebdomadaire traditionnelle avec une version américaine et une version européenne moins censurée.
Car c’est bien connu, en Europe, on fume, nos femmes se baladent seins nues, et on ponctue toutes nos phrases par un ‘putain-de-bordel-de-merde-de-mes-couilles’. Alors, on veut que les personnages de séries fassent de même, putain-de-bordel-de-merde-de-mes-couilles !

Aquarius, c’est surtout le retour à la télévision avec sa propre série de John McNamara. Si on oublie Fastlane, c’est le mec qui a crée la sympathique Eyes avec Tim Daly, l’agréable ré imagination du Fugitif (éclipsée par le succès des Experts en 2000-01) avec Tim Daly et l’inoubliable Profit sans Tim Daly. McNamara est un créateur producteur qui est capable de fournir du matériel très intéressant et qui n’a, malheureusement, jamais eu de grande série à succès capable de le montrer au grand public.

A l’écriture, il s’est entouré, entre autre, d’anciens collaborateurs tel que Sera Gamble (Eyes et Supernatural) et surtout Alexandra Cunningham qui, en plus d’avoir participé à Fastlane, NYPD Blue et Desperate Housewives, a développé la sympathique version américaine de Prime Suspect.

C’est avec qui ?

Aquarius c’est avec Fox Mulder, Melanie de Bunheads, un mec qui vous fera dire « Ah oui, tiens ! » si on vous dit que c’était un des Lions de la saison 5 de Friday Night Lights, une jeune femme de la CW et un des nombreux mecs blancs qui ont joué dans Game of Thrones dans le rôle de Manson.

Ça parle de quoi ?

Après Tout le Monde Aime Lizzy et Manhattan, la tendance des séries pseudo historiques continue avec le nouveau drama de NBC. Aquarius est une série qui s’inspire des faits de l’affaire Charles Manson comme les livres de Science et Vie de la Terre s’inspirent de la Bible. En gros, on y fait un peu ce qui nous arrange de la réalité.

Dans la série, Fox Mulder est Hodiak, un détective qui enquête sur la disparition d’une adolescente séduite par Manson.

Il y a un générique ?

Non, c’est la grosse arnaque !

W.G. Snuffy Walden, le monsieur qui nous a donné les beaux génériques de Friday Night Lights, My So Called Life, Once and Again et The West Wing est à la musique, et Aquarius nous propose…un gros écran noir avec « David Duchovny in ».

Pire que cela, on ne le laisse même pas nous proposer un beau score musical. La série est enchaine les morceaux les plus clichés des années 60 avec bien évidemment Paint in Black afin la fin du pilote.

Sur ce point, c’est une grosse déception.

Et, après trois épisodes, c’est bien ?

Je suis un peu gêné. Je ne peux pas dire oui parce que ce n’est pas si bien que cela. Et si je dit non, ça ne reflète pas le fait que ce n’est pas si nul que cela.

Le pilote commence assez mal. Sa fonction première est de présenter les personnages et dresser l’univers dans lequel ils ont évoluer. La première scène qui présente Hodiak, notre (anti-) héros ne donne pas une bonne première impression. C’est un détective surement assez doué pour résoudre une enquête mais pas assez pour retrouver ses clés dans son salon. Pas grave, quand on est un anti héros qui a un punching-ball dans son appart, on a pas besoin de clés pour démarrer une bagnole ! La suite ne rassure guère, il est contacté par son ex, toujours attachée à lui, qui vient lui demander de l’aide suite à la disparition de sa fille. On enchaine clichés sur clichés d’anti héros. Pourtant, assez rapidement, la série prend une tournure bienvenue quant à l’importance d’Hodiak dans la série.

Si la série commence par un gros « David Duchovny in », la série, tout du moins dans ces trois premiers épisodes, ne se lance pas dans un Fox Mulder contre Manson. Hodiak a rapidement un partenaire qui réduit l’exposition de Duchovny dans la série. Et au final, Duchovny semble beaucoup s’amuser avec le personnage, le gag récurrent sur l’apprentissage des droits à réciter aux suspects qu’il arrête est efficace. Mais surtout, cela accentue le changement des pratiques policières mis en avant par le partenariat entre un détective formé à la vieille école un jeune flic qui prend ses fonctions dans les années 60. C’est un bon duo que forme Hodiak et Shafe.

Surtout que Hodiak n’est pas trop pressé de retrouver la fille de son ex. En effet, Manson n’est pas le héros de la série. C’est le fil rouge de la série (saison ?) mais Aquarius a quand même la bonne idée d’incorporer l’intrigue policière de la semaine. Cela permet de ne pas être étouffé par toute l’affaire Manson, mais surtout d’explorer l’Amérique des années 60. Comme le montre le second épisode de la série avec Smash de FNL et Kyle Secor, ce n’est pas fait dans la plus grande des subtilités, mais Aquarius en tant que série policière au gout des sixties, ça passe plutôt bien.

Avec trois rôles principaux, souvent dans leur propre intrigue, on ne peut pas réduire Aquarius à l’affaire Manson, contrairement à ce que les bandes annonces de la série veulent vendre. Et c’est tant mieux, parce que si Gethin Anthony s’en sort plutôt bien, toute son intrigue met en avant le gros problème de la série : Aquarius, c’est un peu un beau « Je t’emmerde ! » au test de Bechdel. Les personnages féminins, c’est le gros problème de la série. Si Daredevil impressionne assez sur d’autres tableaux pour faire passer la pilule, c’est un plus gros problème dans une série dont l’un des aspects est la séduction de jeunes femmes à des fins criminelles.

Pour Hodiak, les femmes sont l’ex aigrie et l’ex encore éprise de son grand amour. Pour Shafe, c’est la gentille femme définie uniquement par son origine ethnique et la collègue qu’il faut protéger. Quant à Manson, on montre des femmes soumises sans jamais vraiment trop se poser sur elles. Emma, la jeune adolescente séduite par Manson, est un personnage faussement exploitée par les scénaristes. Elle n’est utilisée que pour explorer le monde Manson, elle réagit de manière béate à l’action, mais on ne s’attarde jamais sur ce qu’elle ressent ou ses opinions.

Aquarius ne sera pas la grande série de McNamara mais c’est une série estivale assez agréable pour être suivie sans trop de déplaisir. Le problème est que son écriture peu subtile et ses personnages qui ne peuvent pas cumuler chromosomes XX et quelconque intérêt risquent de nous lasser avant la fin de saison.

Conundrum