Daybreak, Part II: L’expression latine de la facilité scénaristique
Sans attendre de miracle de cet épisode final (un comble pour une saison 4 placer sous le signe de la foi) la vision de Daybreak part II confirme ce que je ressens désormais pour la série : un mélange de plaisir et d’exaspération.
Une nouvelle approche
J’avais préparé mon titre, un plan, et commencé à jeter des idées sur ma feuille quand Ju a pondu un excellent article dans Ma Semaine à Nous qui reprenait, en plus de mon titre super évident, la plupart des arguments que je voulais développer ici.
En clair j’étais baisé !
Il fallait trouver autre chose à dire, en tout cas ce n’est pas parce que Ju me met dans l’embarras que je ne mets pas son article à lire ici.
Plaisir
Il y a pas mal de choses qui ont titillé ma glande pinéale et libéré plein de sérotonine. Pas autant que dans From Beyond, certes, mais suffisamment pour apprécier, à un certain niveau, ce final.
Parmi les quelques idées (oui il y en a eu plusieurs !) que j’ai bien aimées, deux ressortent plus que les autres.
La première, c’est qu’un sentiment bien humain comme la vengeance soit venu perturber la trêve entre les cylons et les humains.
Et surtout c’est bien le seul intérêt trouvé à Tory depuis qu’elle fut choisie pour devenir une cylon du pif. Parmi les final five s’il y en a bien un qui n’a servi à rien, c’est bien Tory. Finir étranglée par Tyrol (tient c’est marrant je me rends à peine compte que le soit disant couple éternel est presque un anagramme du nom et prénom de chacun) pour le meurtre de Cally est un de ces heureux hasards que le technique d’écriture de Moore nous offre de temps en temps. Pour rester dans le ton de l’épisode : un miracle !
L’autre concerne la fin de Baltar et de Caprica Six. Il était évident que depuis son procès, les scénaristes ne savaient pas quoi faire de Baltar. Lui offrir une rédemption finale conclut plutôt bien le personnage. Surtout que, contrairement à ceux de Kara et Lee, ses flashbacks servaient à quelque chose. Et le voir pleurer sur l’épaule de six (moi aussi j’aimerais pleurer sur l’épaule de Tricia) après avoir fait allusion à sa jeunesse dans la ferme de son père fonctionnait parfaitement.
Tient en parlant de flashback, voir vomir Adama après une nuit d’alcool m’a rappeler de drôles de souvenirs.
Exaspération
La méthode Moore d’écriture me gave profondément. Surtout quand le monsieur s’en vante ouvertement.
Non Ron, tout les romanciers n’écrivent pas sans savoir où ils vont, la plupart ont même le plus souvent un plan d’ensemble et n’ont pas tous des flashs d’intrigues sous leur douche. Surtout, tant que la série suivait plus ou moins l’actualité des USA, il y avait une certaine ligne directrice. A partir du moment où Ron a décidé de se pencher sur les cinq derniers cylons et placer la religion en avant, les chances de trous dans l’histoire ont augmenté.
Les différents Deus Ex Machina (déjà pointé par Ju) qui parsèment ce final n’ont à surprendre personne. Avant que Ron Moore ne décide que Tyrol devienne opportunément un cylon, ses parents, comme par hasard, avaient étudié l’oeil de Jupiter, ce qui avait permis à ce brave Galen d’en déchiffrer une grande partie.
Là ou Star Trek à son technobabble, Galactica à la religion.
Le cas Starbuck porte aussi mon exaspération à des niveaux rarement atteints. Laisser la porte ouverte sur ce qu’elle est, pourrait être une bonne idée, si on avait eu au moins différentes réponses à cette question, même si elles se contredisaient. Mais ça n’a jamais été le cas.
Quand un personnage s’exclame « what am i ? » et que son créateur répond juste qu’il était évident que Kara était un ange, cela me fait doucement rigoler. C’est la solution de facilité pour éviter de s’étendre sur le retour de Kara... Dans un Viper qui plus est (Dieu est mécanicien), et sur sa capacité à trouver la terre... Deux fois ! (trop fort)
Moore me rétorquera que les voix du seigneurs sont impénétrables, moi je dirais qu’elles sont surtout très compliquées : on fait mourir Kara, on la fait revenir, on la fait trouver la Terre qui est un désert radioactif, on lui fait entendre du Bob Dylan qui lui fait trouver une nouvelle Terre. Désolé ce n’est pas un plan divin, juste les errances d’un scénariste qui ne sait pas où il va.
Faire arriver la flotte coloniale dans le passé lointain de notre planète était un bon point, seulement la manière de le gérer m’a posé quelques problèmes. Que Lee décide d’abandonner toute technologie pour éviter qu’un nouveau cycle recommence c’est bien beau, mais que toute la flotte suive son avis, là ça coince. Personne pour contredire, personne pour argumenter, rien, c’est poussé le nihilisme à son maximum.
Surtout que quand Lee explique qu’en diluant le patrimoine génétique humain dans celui des homo sapiens, les humains donneront le meilleurs d’eux même. Je me demande bien ce qu’il a voulu dire par là, parce que ça aurait pu avoir de la valeur si leur arrivée avait eu lieu près de 140 000 ans plus tard.
Une des plus vieilles traces d’art est apparu vers 60 000 avant JC, le langage serait apparu vers 50 000 avant JC, l’agriculture vers 10 000 avant JC. Aux vues de ses dates, en quoi les humains des 12 colonies auraient apportés quoi que ce soit à homo sapiens ?
Alors oui, arrivé plus tard n’aurait pas collé avec l’Ève mitochondriale et donc Hera n’aurait eu qu’un intérêt limité dans la série, à part celui de lancer Adama contre la colonie.
Il y avait quand même des moyens plus simples que le renoncement total pour obliger les humains à abandonner leurs technologies.
On avait compris que le cycle de violence pouvait recommencer et qu’il ne tenait qu’à nous de le changer, mais ça ne semblait pas assez évident à Dieu... Pardon, Ron n’aime pas être appelé comme ça. Enfin, on sait maintenant qu’il faut arrêter de regarder l’épisode quand Jimmy Hendrix se met à chanter.
« They have a plan »... Qu’ils ont oublié en route et qui doit donc être corrigé à l’aide d’un nouveau téléfilm. J’adore !
Bon je vais arrêter là, j’ai l’impression de radoter.
4 saisons inégales, un geekasme, dans l’ensemble je ne crache pas sur la série, même si une intégrale sera difficile à regarder. En tout cas, il y a peu j’ai revu Pegasus et j’étais content d’avoir encore la chair de poule durant le prégénérique. Les deux dernières saisons n’ont pas tuer complétement le série pour moi.
Post-Scriptum 2 : Damn you Ju ! Et merci bien sur.