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Dexter - Critique de l'épisode 2 de la saison 3

Finding Freebo: Si Junior aime nourrir les poissons

Par Blackie, le 15 octobre 2008
Publié le
15 octobre 2008
Saison 3
Episode 2
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Mieux que le précédent, sûrement moins bon que le prochain. C’est de cette manière simpliste que je résumerais cet épisode à tous ceux qui ne veulent pas se taper trois pages de commentaires pour connaître mon avis, parce qu’ils ont enfin décidé de se mettre à Mad Men et qu’il n’y a pas de temps à perdre. Les autres prendront le temps de remarquer que je remplis toujours mes intros avec du vide et que ça se voit qu’elles me soûlent. Ils auront raison.

Germes ambulants

Ce n’était pas une mauvaise blague, la grossesse de Rita est confirmée.
Les interrogations de Dexter concernant le futur de son bébé apparaissent donc, comme on s’en doutait, et ne sont pas des plus originales : Est-il fait pour avoir le sort d’un enfant entre ses mains ? Va-t-il inévitablement le transformer en assassin ? Des questions qui riment légèrement inutiles pour moi, la spectatrice qui voit tout cela de loin et sait que Dexter n’a aucune envie d’imiter son propre père, et que son traumatisme personnel ne se transmet pas par les gènes. Bien qu’effectivement, il y a de quoi se demander quel type de choc subirait ce gamin s’il découvrait les activités nocturnes de son père, ce qui risque fort d’arriver vu qu’il ne cesse de se faire choper. Rejet ou imitation ? En attendant une réponse, la vision d’un mini-Dex est tout simplement très drôle.

Les conclusions de l’an dernier laissent en tout cas penser que Dexter pourrait s’arrêter de tuer s’il en avait envie. Il ne continue que parce qu’il aime cela, pas par besoin, comme un fumeur occasionnel (je sais, ma comparaison vise dans le mil). Et quand on a un bébé à la maison, il est simplement plus difficile de garder son hobby. Va-t-il arrêter de tuer pour cet enfant ? On ne va peut-être pas avoir quarante-deux saisons, quand même.

C’est Harry qui endosse le rôle du Harvey de service, parce que la relation à ses propres parents est toujours le modèle de référence pour élever ses enfants, que l’on en suive le modèle ou s’en éloigne délibérément, et que Dexter a toujours des choses à régler avec ce fantôme. "J’aurais pu te surprendre. Il n’y avait pas de raison que je ne devienne pas comme ça" se dit-il dorénavant, persuadé qu’Harry l’a transformé en monstre plutôt que le meurtre de sa mère, tandis qu’Harry était le héros l’ayant canalisé. L’adulation paternelle a disparu depuis un moment, mais Dexter en arrive maintenant à lui rejeter la faute. Devenir père lui-même le persuade que les parents façonnent entièrement leurs enfants, projetant ainsi toutes ses craintes. Bon ok c’est aussi pour donner quelque chose à faire à James Remar, qui n’a même plus droit à ses flashbacks dans les années 1980. Faut bien l’occuper.

Ce bébé, c’est donc de l’incertitude à chaque instant pour un homme qui aime tout calculer, contrôler, et pour qui l’inattendu n’est synonyme que de désordre. En témoigne le cas Oscar Prado. Bref, c’est un problème pour lequel il devra trouver une solution autre que l’avortement ou l’adoption, des options que Rita décide d’éliminer pour lui. Il n’avait qu’à se décider plus vite.
Je continue à aimer l’attitude générale de notre blonde, qui n’a définitivement plus rien à voir avec celle de la saison 1. Malgré les horreurs que sa famille a subi, elle se débrouille effectivement très bien avec ses gosses, a de quoi en être fière et peut s’occuper d’un autre toute seule si Dexter ne veut pas être impliqué. Je trouve cela bien brave, d’autant qu’elle sait parfaitement qu’il ne la laissera jamais totalement se démerder (au minimum un gros chèque par mois), mais elle ne dit pas non plus qu’elle a envie de cet enfant, juste qu’elle est bonne dans ce rôle et que le fait de réussir est suffisant. C’est pas tellement la meilleure des raisons, m’enfin.

La loi, l’ordre et la moustache

Même si toutes les cartes ne sont pas sur la table, ce que nous réserve la saison apparaît bien moins flou. En particulier en ce qui concerne Miguel Prado, qui soulève tout doute concernant son rôle : il ne sera pas un remplaçant de James Doakes, pris dans un jeu de chat et de la souris. Miguel est plutôt proche de Dexter, prêt à régler les choses par lui-même. Puisque grâce à son autre frère Ramone, il talonne de peu notre analyste sur les traces de Freebo et débarque seul, flingue au poing. Même s’il ne franchit pas la ligne du meurtre parce qu’il hésitait et fut devancé, il n’en était pas loin et valide carrément l’acte de Dexter en gardant son secret, avec chauds remerciements à la clé. Certes il pense avoir affaire à un accident et non un meurtre de sang froid, mais le fait est que la loi est mise de côté au profit de l’ordre fait par soi-même, ce qui lie définitivement les deux hommes l’un à l’autre. La perte d’un frère, un boulot dans la justice, une loi personnelle, une figure paternelle imposante… les points communs forts entre eux s’accumulent pas mal et Dex commence une relation toute nouvelle pour lui, celle de la complicité.

Heureusement qu’on nous a montré rapidement que Miguel n’est pas le dernier des demeurés, parce que cette scène m’aurait fait penser le contraire tant Dexter sonne aussi faux que lorsqu’il se fait passer pour un junkie ou un dealer au langage de djeunz. « Je me suis débattu et le couteau s’est planté… dans son cou. » Ah oui, c’est souvent cette zone qu’est touchée en premier quand on se débat. Toujours viser vers la tête avec un couteau, c’est connu !

Ce qui m’ennuie, en plus du simple fait que je trouve encore quelque chose qui me dérange, c’est que Dexter ait utilisé le garage d’à côté. Il prend le temps d’aller chercher ses outils de travail et de papotter avec Rita avant de repasser, mais pas de se trouver un endroit éloigné et plus discret que le lieu même où il capture sa victime ? Il est vrai qu’on l’a vu plus d’une fois rester sur place, mais je n’ai pas pu m’empêcher de repenser à la cabane abandonnée qu’il utilisait durant les premiers épisodes. Cela, c’était intelligent.
Je suis surprise aussi que Miguel n’ait pas voulu voir le corps de Freebo, pour être sûr, pour le plaisir de voir son frère vengé, pour avoir une vision de ce qu’il était sur le point de commettre de lui-même, je ne sais pas. A sa place, j’aurais aimé avoir cette satisfaction. Mais il fallait bien qu’il ne voit pas le décor de cellophane...

Bref, Jimmy Smits ne sera pas le nouveau boulet de service malgré la pire des moustaches du monde, et ne nous fera pas roupiller avec du déjà vu. J’apprécie quand même que l’existence du sergent Bulldog soit rappelée grâce à Laguerta, qui se sert de ses propres souffrances pour donner les meilleurs conseils à son ex. Qu’elle aime encore. C’est pas sa vie sentimentale qui va s’améliorer, mais elle joue déjà plus les connasses, on peut pas tout réussir.

Strawberry fields

J’ai un gros problème avec Joey Quinn. Le personnage ne se démarque déjà pas, mais son interprète est en plus mauvais. Pas une seule fois il ne débite ses lignes de façon naturelle, ce qui rend chacune de ses interventions assez pénibles. J’espère qu’il prendra la cadence générale plus vite que Jennifer Carpenter ne le fit ou qu’il mourra dans d’atroces souffrances, peu importe.

Bref, Debra n’a pas tellement tort de ne pas collaborer avec les Affaires Internes et cela va plus loin que de se faire apprécier par ses amis, contrairement à ce qu’elle dit. Un flic, surtout à la Criminelle, doit avoir une totale confiance en ses collègues qui tiennent plus d’une fois sa vie entre leurs mains. Cela, sans avoir à se demander toutes les cinq minutes si ces-dits collègues ne vont pas chercher la merde dans sa vie privée pour pouvoir le poignarder dans le dos. En jouant la balance envers un type qu’elle connaît à peine, Deb y gagnerait peut-être une insigne mais pas la confiance de sa brigade. Ne pas accepter un flic ripoux quand on voit un est une chose, chercher spécifiquement des noises à un autre flic pour son propre avantage, c’est totalement différent. Le problème est que les Affaires Internes ont décidé de tout miser sur Debra, parce qu’apparemment ils sont trop nuls pour chercher autre chose, et il y a fort à parier qu’Amado (la petite chieuse a un nom) va trouver un moyen de forcer Deb à collaborer. Excusez-moi si, pour l’instant, je baille encore sur cet arc.

Il y a tellement mieux à côté. Comme son enquête sur la mort de Teegan, qu’elle arrive à relier à Freebo toute seule, comme une grande, en ne partant de rien si ce n’est l’aide d’Anton l’indic de Quinn, qui l’aiguille vers un dealer aimant être payé en nature. Seul le fait qu’elle n’ait pas son nom laisse l’avantage à Dexter pour trouver Freebo le premier. Mais grâce à elle, les deux enquêtes sont liées en un clin d’oeil et en plus d’impressionner ses supérieurs, Debra revient en course sur l’affaire la plus importante du département. La débutante qui bafouillait les théories de son frangin et se faisait casser en deux secondes est loin, elle aussi. Et si Quinn m’indiffère, Anton a suffisamment de charisme et d’apport à l’histoire pour me faire souhaiter qu’il s’incruste.

Les proportions de l’affaire de la saison commencent donc à se profiler. Les raisons de la présence d’Oscar chez Freebo et le pourquoi de la tentative de meurtre seraient peut-être liés à l’affaire Chickie Hynes, un homme innocent envoyé en taule pour meurtre par Miguel. Dans le tableau se trouve le troisième frère Prado, également dans le business de la justice. Mais un shérif au tempérament à faire peur et qui doit avoir un rôle là-dedans.
Ajoutons à cela le meurtre de Teegan qui ne semble pas commis par Freebo, mais un autre tueur en série ayant la particularité de prélever des morceaux de peau. Parce que je crois un type sur son lit de mort qui est totalement confus à ce propos, mais ne se défend pas concernant les autres meurtres. Et que Showtime met des stupides promos pour la suite à la fin de ses épisodes.
Pour l’instant, les conclusions à tirer ne ressemblent à rien, mais il y a suffisamment d’éléments pour se demander enfin ce que ce gros bordel signifie. En espérant que cela va s’étoffer suffisamment pour qu’on s’en arrache les cheveux.

Blackie