Qu’est-ce que c’est ?
De la télévision verte. Du recyclage de recyclage. Le serpent qui se mort la queue. Le Roi Lion des séries télé.
GCB, pour Good Christians Bitches/Belles (je vous épargne l’historique du titre), est à peu de chose près l’adaptation en série télé des Real Housewives de Bravo, franchise d’émissions qui a transposé au format "télé-réalité" The OC et… Desperate Housewives.
Elle est diffusé le dimanche soir sur ABC après Desperate Housewives dans l’objectif avoué d’assurer la succession du soap emblématique du network.
Le cycle éternel de la nature, on vous dit.
De quoi ça parle ?
C’est un peu Revenge à l’envers.
Amanda (si, si…), une gentille blonde est de retour là où elle a grandi, mais elle ne sait pas que toutes ses anciennes connaissances ont decidé de se venger d’elle.
Bon, Amanda ne les avait pas piégées et envoyées purger des peines de prison pour avoir blanchi de l’argent pour des terroristes, c’est un peu plus léger comme point de départ. Elle leur a essentiellement mené la vie dure au lycée.
C’est donc plutôt Revenge rencontre Mean Girls.
Comme l’explique la campagne actuelle de prévention du Ministère de l’Education nationale, le harcèlement à l’école peut avoir de conséquences sur le long terme. Les souffre-douleurs d’Amanda ont bâti leurs existences en réaction à leurs expériences de l’école et ne sont pas prêtes à accepter l’évolution positive d’Amanda… Construite, en plus, aux côtés de libéraux de Californiens.
Car, élément essentiel de GCB, les sources du retour d’Amanda se situent dans une banlieue chic de… Dallas, Texas !
C’est avec qui ?
Des femmes. Beaucoup de femmes. Forcément. (Et le JAG !)
Botoxées, refaites, leurs plastiques n’ont rien à envier à celles des dames de Cougar Town. Mais c’est pour la bonne cause.
La transformation, quasiment achevée, de Kristin Chenoweth (Wicked, The West Wing, Pushing Daisies…) en canard la rend ainsi parfaite pour le rôle de la chef des Texanes en colère.

Leslie Bibbs (Popular), moins retouchée mais carrément anorexique, incarne comme il faut la maigreur venue de la Californie.
Les autres actrices font partie de ces visages familiers (encore un peu reconnaissables ) qui peuplent les séries annulées de courte durée : Annie Potts (Any Day Now), Miriam Shor (Big Day), Jennifer Aspen (Rodney), Marisa Nichols (The Gates).
Et c’est bien ?
C’est drôle, c’est vif, c’est super…
Vous pouvez me faire confiance, c’est tout de même l’avis de quelqu’un qui préfère Revenge à Boardwalk Empire.
Qui a une vaste expérience des Real Housewives pour proposer une appréciation éclairée des rapports entre GCB et ses mythes fondateurs.
Et qui a regardé plusieurs saisons du JAG.
Plus précisément, la grande réussite de ce pilote, outre une garde robe d’un mauvais goût des plus sûrs, est de présenter un épisode d’une série qui sait ce qu’elle veut être. Ca paraît être la moindre des choses, mais en ce moment, après avoir vu un pilote de drama, on est rarement capable de percevoir le potentiel de la série sur le long terme (Awake, Revenge) ou d’identifier ce que la série considère comme être ses forces. L’épisode est souvent farci d’un maximum de pistes (un peu d’espionnage, un peu de médical, un peu de mystère, un peu de surnaturel, un peu de tension sexuelle, un peu de comédie…) qui donnent une image brouillée et incertaine de ce qui va être raconté les semaines suivantes (A Gifted Man, Pan Am).

GCB, elle, ne joue que sur les relations (conflictuelles) d’un groupe de femmes au profil similaire. Elle ne va pas même pas chercher l’oppositon de la sophisitication de la grande ville de la côte contre le trash de la banlieue texane (Suburgatory s’y est bien pris les pieds dans le tapis, de ce point de vue là).
Si Amanda revient effectivement de Los Angeles en femme différente, à la fin de l’épisode, elle a retrouvé ses racines locales et rentre dans le jeu avec les mêmes armes que ses rivales.
A savoir les tenues qui piquent les yeux, les citations de la Bible et les coups-bas.
La série est suffisamment sûre d’elle-même pour conclure sur l’évolution de ce personnage et pas sur un quelconque mystère qui voudrait donner l’illusion de l’existence d’une grande trame narrative globale déjà pensée.
Bibbs, Chenoweth et leurs consoeurs s’en donnent à cœur joie et s’amusent avec leurs personnages de femmes futiles dans cette transposition cartoonesque de l’esprit Real Housewives. Ceux (et celles) sensibles à l’image du sexe « faible » n’ont pas à s’inquiéter, leurs accessoires masculins (le magnat macho du pétrole, l’homo dans le placard…) logent à la même enseigne du ridicule assumé.
Un chouette pilote, donc, pour peu que l’on aime la grosse comédie.