Critique des meilleures nouvelles séries télé (et des autres)
Regarde critique sur les séries TV actuelles

Gilmore Girls - Critique de l'épisode 1 de la saison 7

The Long Morrow: The prodigal show returns

Par Lyssa, le 28 septembre 2006
Par Lyssa
Publié le
28 septembre 2006
Saison 7
Episode 1
Facebook Twitter
Soyons euros (pour toi lecteur, dans cette review, plein de blagues moisies pour fêter la rentrée !), toute personne ayant un soupçon d’âme ne pouvait aborder la saison 7 de Gilmore Girls sans appréhension. Que va devenir la série sans les Palladinos ? Qu’adviendra-t-il de Lorelai après ce plan final ? Et surtout, surtout, Rory aura-t-elle profité de l’été pour porter une attelle dorsale ?

A cette dernière question, la réponse est oui ! Et pour cela, Alexis Bledel mérite d’être d’emblée dans le premier paragraphe de ma review. Fini le dos voûté, finie l’unique expression faciale, finis les démangeaisons dans la main dès que la caméra se tourne vers elle, non seulement Rory est plus que supportable, elle est de nouveau la Rory que l’on apprécie, mais en plus Bledel a-t-elle passé son été à l’Actor’s Studio. Mesdames mesdemoiselles messieurs, elle sait de nouveau jouer ! Oui !
Cerise sur le gâteau, et c’est finalement là que l’on voit que tout s’arrange : la frange lui va plutôt bien, alors que c’était, l’année dernière, une catastrophe capillaire digne de Rousseau. (Les deux. D’ailleurs, ça mérite le débat : qui du personnage de Lost ou du philosophe a la pire coiffure ?)

Le lendemain du départ de Logan, Rory se réveille comme une fleur, coiffée et maquillée de la veille, pour découvrir un cadeau. Emballée (jeu de mot, Ramucho) comme une gamine à Noël, elle déchante (de Noël, mouahaha, je vous avais prévenus.) vite en s’apercevant que Logan vient de lui offrir... une maquette de fusée. La de nouveau méga cool Rory passera alors tout l’épisode à faire moue hilarante sur moue hilarante pour comprendre ce que ce cadeau signifie.

Lorelai, quant à elle, refuse de retourner avec Luke ou d’entreprendre une idylle avec Chris. Elle explique effectivement à son entourage que tout est fini avec Luke, qu’il ne s’agissait pas d’une dispute mais d’une véritable rupture. L’entourage en question refuse de le croire, simplement parce qu’il s’agit de Luke et Lorelai, le truc immuable de la ville, le truc qui finira ensemble avec une maison, trois chiens, un canari et deux poneys, tout ça... Mais il faut se rendre à l’évidence, Lorelai a l’air d’avoir tiré un véritable trait sur cette histoire.
J’aime beaucoup ce nouveau virage. Même si les nouveaux scénaristes n’ont pas encore réalisé que Chris doit être le nouveau petit ami de Lorelai, parce qu’il est Keith Cool et que Luke est dénaturé depuis la saison 6, ils montrent ici une nouvelle approche de ce couple. Lorsque Lorelai apprend à Sookie qu’ils ont rompu, celle-ci s’évertue à ne pas le croire et à tenter de convaincre Lorelai qu’ils sont bel et bien faits pour être ensemble. Mais, et si, finalement, les deux ne s’étaient rapprochés de la sorte que parce que tous les habitants de Stars Hollow les y avaient encouragés ? Et si le cocon Stars Hollowien avait été leur mécène ? Toute la ville voulait que Luke et Lorelai se mettent ensemble, parce qu’ils s’entendaient à merveille, et qu’ils auraient fait un couple du même acabit. En apparence, c’est vrai.
Le souci, c’est que les personnalités des deux ne collent pas tant que ça. Si Luke est complètement indépendant, Lorelai l’est d’une manière plus subtile. Mère fille à seize ans, son indépendance n’est pas ancrée dans son caractère, il s’agit davantage d’un apprentissage forcé. Lorelai n’est pas si extravertie pour rien, ce n’est pas un trait utile aux scénaristes, une excuse pour écrire des scripts de quatre-vingt pages bourrés de répliques cultes et de situations marrantes. C’est aussi et surtout pour montrer la possibilité pour une mère d’être à la fois libre, aussi bien émotionnellement que financièrement, et à la recherche de quelqu’un avec qui partager cette liberté. Rien à voir avec le caractère d’ermite de Luke : Lorelai est sociale jusqu’au bout de sa pédicure. En cela, il lui faut quelqu’un d’aussi "civilisé" qu’elle.
C’est là qu’entre en jeu Chris. Même passé, même famille et surtout même caractère. Si Luke et Lorelai ont été présentés depuis le début comme des love interests, Chris et Lorelai ont toujours été présentés comme étant complémentaires. Donc bien plus faits pour être ensemble que Luke et Lorelai.

Mais bon, ce n’est que mon avis hein, vous pouvez être totalement aveugles et rester shipper Luke/Lorelai, c’est pas grave, vous mourrez simplement aigris et ridés en vous disant, non pas "J’ai eu une belle vie.", mais "Sacrebleu, Lyssa avait raison !".

Côté Stars Hollow, Taylor décide d’installer une caméra de surveillance au carrefour du restaurant de Luke. Lors de l’inauguration, Kirk fait office de cobaye mais, ébloui par les flash de la caméra, finit par écraser la précieuse voiture de Taylor en plein dans le resto !
Catastrophe, Luke n’est pas content, Kirk joue les martyrs... Le plus intéressant reste que l’ex de Lorelai finit par réaliser qu’il n’en a pas grand-chose à faire comparé à la perte sentimentale qu’il vient de subir. Il remplit alors son pick-up d’affaires pour deux jours (Leçon n° 1 : on ne part pas en vacances avec une fille à bord d’un simple pick-up, un pick-up ne contient rien, on assume son hétérosexualité et on achète un bus) et propose à Lorelai de partir loin, loin d’ici, loin de ce monde affreux et si égoïste, loin de ce monde civilisé, et d’aller où elle veut. Luke est prêt, Luke veut se marier.
Leçon n°2 : quand une fille vous demande un truc et que vous répondez non, inutile de tenter une marche arrière, vous allez droit dans le mur. Vous vous entendrez répondre "Trop taaaard !". C’est ce qui arrive à ce pauvre Luke, pourtant si émotionné devant sa donzelle. Le voyant s’acharner dans la semoule, Lorelai décide de l’achever en lui avouant qu’elle a couché avec Chris. Luke est colère et part sans dire un mot.

Parallèlement, Rory comprend la référence fuséesque de Logan, qui se révèle être super romantique, lui avouer un amour véritable et incommensurable, gnagnagna. L’appelant alors illico pour le remercier, Logan lui apprend qu’il a prit des billets d’avion pour elle, afin qu’elle puisse venir le voir à... Noël. Rory déchante, vu qu’elle aurait aimé passer tout l’été avec lui.
Je me permets une parenthèse pour dire que, franchement, dire à sa copine "Viens passer Noël avec moi, dis à ta mère que tu seras pas avec elle en décembre, je te demande pas ton avis, note l’impératif", c’est super égoïste. Egoïste genre c’est le seul moment de l’épisode où j’ai eu des relents de la saison 6, lorsque Rory et Logan étaient un couple d’enfants pourris gâtés qui faisaient ce que bon leur plaisait sans se soucier de quiconque.

Les deux autres mauvais points de l’épisode sont liés. The Long Morrow était quasiment intégralement axé sur les relations amoureuses des Gilmore Girls. Pour quelqu’un d’hautement shipper, je suppose que le bonheur est au rendez-vous, pour quelqu’un de pas franchement shipper, c’était un peu trop. C’est là qu’intervient le deuxième point noir : l’absence de Richard et Emily, qui aurait pu éviter ça. Un petit dîner du vendredi soir, une Lorelai survoltée pour cacher sa rupture à ses parents et l’affaire est dans le sac !

Ce n’est, ceci dit, qu’une goutte d’eau dans le Merlot qu’est l’épisode. Tout le reste est traité avec intelligence et est tout à fait digne de Gilmore Girls. C’est triste à dire, mais la série sans les Palladinos se porte bien mieux : sûrement avaient-ils épuisé leur imagination.
Dans les DVD de la saison 1, Amy Sherman Palladino avoue à demi-mot qu’elle n’aurait jamais pensé être achetée par une telle chaîne (comprendre une chaîne aussi passable que la WB)... Je pense qu’elle n’avait alors pas imaginé non plus faire de bons scores, en tout cas pas tels qu’ils feraient durer Gilmore Girls sept ans.
Quand on y réfléchit, les personnages n’évoluent peut-être pas du tout au tout, mais les épisodes des premières saisons sont quand même assez denses. Denses en situations insolites, denses en répliques, denses en références... Le script lui-même est exceptionnellement long par rapport aux séries "classiques". Comment ne pas, au bout de cinq ou six ans, être à court ? Surtout lorsque l’on ne prévoyait pas une telle longévité ?

Pour redonner un souffle nouveau, il fallait un regard nouveau. Bien sûr, tout ne se joue pas sur ce season premiere, mais il me semble être un tremplin très prometteur pour le reste de la saison. On croise les doigts de pied, on souffle de soulagement, on sourit et on attend sagement, mais impatiemment, le prochain épisode !

Lyssa