That’s What You Get, Folks, For Makin’ Whoopee: You go back to Lorelai Gilmore.
Mieux que ça, il nous offre même un des meilleurs teasers de toute la série, et je pèse mes mots. La scène se résume assez vite : après que Lorelai lui ait appris qu’elle a couché avec Chris, Luke saute dans sa Jeep et file chez l’intéressé pour lui coller son poing dans la figure. Ca dure environ une minute et c’est typiquement Gilmorien. Chose plutôt paradoxale puisqu’il n’y a aucun dialogue, juste l’une des musiques de la série (pas "lalalalalalalalaaaaa", beaucoup trop déplacée pour l’occasion, l’autre.). Au fond, je suis peut-être super optimiste et il serait peut-être temps que je rompe avec Grostaquin, mais ça me rassure encore plus sur le potentiel de Rosenthal. Parce que réussir à faire du Gilmore en passant outre l’une des bases de la série, c’est fort.
La construction de sa statue est donc en cours dans la salle de vénération de pErDUSA, entre Whedon et Abrams (Ju a insisté.).
On se retrouve ensuite le lendemain matin, ou le jour même, ou... en fait j’en sais rien, j’ai pas compris grand-chose à la chronologie de l’épisode, d’ordinaire les séries utilisent un "72 heures auparavant" ou un "2 ans plus tard" très utile pour se repérer, là c’est beaucoup trop subtil pour moi. Vivement que Gilmore Girls fasse des ellipses.
Bref, Rory discute avec sa mère de son voyage annulé en Asie, en étant clairement déçue. Pas la peine de le dire deux fois à Super Mommy, qui décore illico la maison et "cuisine" asiatique. Si tu ne peux pas aller en Asie, l’Asie viendra à toi. Sauf que c’est le moment que choisit Chris pour laisser un message fort compromettant sur le répondeur de Lorelai. En gros, ça dit "Salut, c’est moi, ça va ? Dis donc, on a couché ensemble l’autre soir et tu m’as pas rappelé espèce de grosse allumeuse. Ca te dit qu’on se revoit ou mes cadres de poney t’ont tant dérangé que ça ?". En gros, hein.
Rory entend la chose et n’est pas très contente parce que, t’vois, t’es vraiment trop égoïste de coucher avec papa alors qu’on commençait tout juste à vraiment bien s’entendre. De là, deux choses :
1. Si tu veux voir un exemple canonique d’égoïste, observe Izzie à la fin de la saison deux de Grey’s Anatomy.
2. En même temps, ta réaction se comprend. D’une part, ce n’est pas la première fois qu’on te fait miroiter une réconciliation entre tes parents, ce que tu as, comme 90 % des enfants, toujours souhaité (surtout quand lesdits parents sont über cools). D’autre part, c’est pas comme si c’était pas choquant d’imaginer Papa et Maman au lit. Vous imaginez les vôtres, vous ? C’est dégoûtant, n’est-ce pas ? Ne me remerciez pas. Prochaine étape : vos frères et sœurs.
Finalement, Rory comprendra que les parents ne sont pas parfaits (Haaaan, on m’aurait menti ?) lorsque Lane lui apprend qu’elle est enceinte. J’ai un gros problème avec Lane. Au début, elle était super drôle. Déjà, parce que l’actrice a trente ans et en fait douze, mais surtout parce que sa relation avec sa mère était complètement loufoque. Ensuite, ils ont fait évoluer le personnage, et ce d’une manière intéressante. Tout bon. Sauf que maintenant, on dirait que Lane est leur souffre-douleur, leur bouc émissaire, leur "AH ! Regardez, producteurs des Feux de l’Amour, vous m’avez refusé quand j’avais vingt ans, regardez ce que vous avez raté !".
Sérieusement, en moins d’un an, Lane a monté un groupe de rock, fait une tournée, s’est mariée et est enceinte. A ce rythme-là, dans dix ans, elle a trente records du monde, dix enfants et le permis poids lourd.
Je veux bien que pour certaines personnes, ça aille vite mais là c’est franchement trop. On n’a pas besoin d’un personnage qui cumule tout ce que les principaux ne peuvent pas faire parce que, ben, la série serait finie ou ruinée.
Par contre, ça nous vaut une scène tout à fait excellente : celle où elle avoue à Rory qu’elle fait désormais partie du clan des non vierges (forcément, puisqu’elle en tombe enceinte) et qu’il n’est plus nécessaire de lui mentir, elle sait. Elle sait qu’en réalité, le sexe, c’est franchement pas bon. Et lorsque Rory lui demande de décrire sa première fois, l’idée devient fabuleuse puisqu’on se rend compte qu’à vouloir rendre le moment romantique et inoubliable, Lane et Zach l’ont rendu affreux. Ils ont vu la lune, les étoiles, la mer et la plage, ils ont occulté le sable, le vent, les bestioles, la température et les passants. La frustration rend aveugle.
De son côté, Luke revient de chez Christopher et retrouve TJ. Daaaaaaaaaaaah ! La plaie ! Courez, fuyez, oubliez femme et enfants, sauvez votre vie !
Bon, ceci dit, même s’il reste l’un des plus antipathiques personnages que j’aie vu à la télévision, il est ici un peu plus supportable que d’habitude. D’abord, il m’a fait rire lorsqu’il prend Luke dans ses bras, ce qui était pour le moins imprévu. Je me suis demandé sur le coup si c’était un éternuement intérieur, si mes mâchoires étaient possédées par le démon ou si mon cerveau était attaqué par une mite qui me faisait voir Patrick Dempsey à sa place, expliquant ce "hihi" qui aurait alors été, oh non pas un rire, mais un gloussement. En fait, nan, c’était vraiment un rire.
Ensuite, TJ a une utilité, ce qui n’était pas le cas auparavant, sauf à remplir les trente pages de script manquantes aux scénaristes pour boucler leur boulot et partir se la couler douce à Nouméa. Comme Luke lui annonce qu’il vient de rompre avec Lorelai, TJ l’embarque chez lui et Liz pour parler, dîner tranquillement et parler. Genre les gros boulets qu’on a tous eus dans notre entourage : "Tu veux parler ? Non ? Tu ne veux pas ? Tu es SUR ? Je suis là, tu sais, on peut parler. MMH ? Bon. Et sinon, CA VA ?". Le tout amène finalement Luke à révéler pourquoi il ne conçoit plus de couple avec Lorelai, ce qui aurait été impossible avec quelqu’un d’autre que Liz puisque... ben, il est un asocial primaire et n’a pas d’amis.
En plus, Rosenthal vient peut-être de me faire comprendre que TJ n’est pas caricatural pour rien. Il y avait une "subtilité" (vous voyez les guillemets ? Si j’avais pu, je les aurais mis en taille 42) nouvelle dans le personnage, qui me fait le voir maintenant comme un beauf américain de base, le genre qui décore sa maison de la manière la plus laide possible. Si vous avez pensé à ça avant moi, je vous maudis sur trois générations, vous aviez qu’à m’envoyer un mail et de toute façon, je suis plus intelligente que vous.
Parallèlement, on retrouve une Lorelai un peu moins triste, ce qui permet de passer de "Grmlb, c’est pas du Lorelai, ça." à "Oh, une autre facette...". Et qui dit nouvelle facette dit nouvel angle de jeu pour Lauren Graham qui, ça devient lassant, excelle. Ses expressions lorsqu’elle retrouve Luke dans le supermarché sont d’une tristesse incroyable. Ca ne touche pas au simple chagrin d’amûr, ce qui explique pourquoi elle ne pouvait pas simplement s’écrouler sur le canapé avec un pot de glace et pleurer comme Rory lui reproche de ne pas avoir fait. Ca touche à quelque chose de beaucoup moins négligeable. Lorelai n’a pas seulement perdu un petit ami, elle a perdu un meilleur ami.
L’univers du supermarché change tellement de Stars Hollow que la scène ne peut qu’en prendre une dimension inédite et ajouter du dramatique à ce qui vous fait déjà faire des yeux de cocker. Couper l’univers coloré de la ville pour aller vers le blanc javellisé est déroutant, tout comme les réactions des personnages. Luke est résigné, fatigué par son couple avec Lorelai.
Oh, et il sort le même discours que celui que j’ai sorti dans ma dernière review : il ne sont pas faits pour être ensemble, Lorelai "[belongs] with someone like Christopher". IN YOUR FACE ! Et à ceux qui hurlent devant leur écran que la tête de Lorelai montre clairement qu’elle n’est pas d’accord : c’est trop ballot, de là où vous êtes, je ne vous entends pas.
L’épisode termine sur Lorelai en larmes sur son canapé, réconfortée par Rory fraîchement rentrée à la maison. La scène rappelle beaucoup celle, inversée, où la mère retrouve la fille, enfin décidée à pleurer sa rupture avec Dean. Le début de la pente à remonter pour Lorelai ? Ca risque de ne pas être si simple, mais si le traitement est aussi équilibré que dans cet épisode, ça peut être intéressant à suivre.
Au final, le seul problème touche peut-être à la forme. Certaines scènes sont beaucoup trop longues, du coup le rythme n’est pas aussi rebondissant que d’habitude. L’important, ceci dit, c’est que le fond est particulièrement bien étudié, bien analysé, en adéquation avec les personnages (Rory garde son amabilité de la semaine dernière, Luke retrouve la sienne, TJ est un peu mieux, seule Lane est en deçà de ses capacités) et est très, mais alors très riche. Les niveaux de lecture sont multiples : plutôt que de s’intéresser à "Luke et Lorelai s’aiment-ils ?", la série s’attache à savoir s’ils sont vraiment faits pour être ensemble puisque les sentiments ne sont pas suffisants. Le tout en laissant le téléspectateur assez libre pour interpréter lui-même la situation.
Je préfère que Rosenthal mette un peu de temps à trouver la forme qui lui convient - et il a montré qu’il en était capable - en gardant un très bon fond plutôt que l’inverse. Vas-y bonhomme, tu viens de mériter tes épisodes de tâtonnement, on te pardonnera les quelques faux pas.