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21 Drum Street - Drum attends le retour des héros. Mais pas de Heroes, hein !

N°7: Bon, ça reprend quand Urgences ?

Par Conundrum, le 6 septembre 2012
Publié le
6 septembre 2012
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A l’aube de l’élection américaine, il faut se rendre à l’évidence : Barack Obama a déçu. Le symbole a plus marqué que les actions. Et le plus grand échec de l’administration Obama est bien évidemment l’absence de drama populaire aux valeurs humaines sur les networks américains.

Sous Clinton, on a eu Homicide, NYPD Blue et Urgences, sous Bush, c’était Les Experts, NCIS et Criminal Minds.

Avec le retour des démocrates à la Maison Blanche, tout ce qu’on a eu, c’est le passage de relai entre vampires et zombies. Certes, Southland est à l’antenne, mais de manière tellement discrète que je n’ai même pas eu l’occasion de vous parler du moment où, lorsque Lydia se fait agresser, sans m’en rendre compte, je m’étais planté les ongles tellement fort dans le biceps que l’épisode m’a laissé de belles marques de griffures pendant deux jours.

Les Démocrates nous doivent un drama sur un métier de service public où des gens sont confrontés à la misère, à la détresse, à tout ce qu’il y a de plus répugnant et de plus beau dans la société américaine. J’ai besoin d’un drama médical qui n’est pas mené uniquement par la libido de ses personnages principaux au physique de mannequin ou par le cynisme agaçant de leur héros. J’ai besoin d’un drama policier qui se concentre plus l’impact du travail sur les policiers que sur le caractère sensationnel des crimes. Je veux découvrir un univers par les yeux d’un John Carter tout frais. Et surtout, je veux que ce drama fasse une audience de malade !

Les acteurs, quasi inconnus avant le pilote, doivent devenir des stars et être à la une de Entertainment Weekly avant la fin de l’année. Il faut que la série rafle tous les Emmys principaux sans que personne ne bronche et ne crie au scandale. Après deux ou trois ans, il me faudra bien évidemment un scandale dans les coulisses où un acteur irremplaçable à la David Caruso ou Sherry Stringfield décide de quitter la série sans aucun impact sur l’audience.

The Good Wife ne me suffit plus. Je ne veux plus entendre les gens parler uniquement de Dexter. Je ne veux plus voir les gens du RER regarder uniquement Games of Thrones sur leur portable. L’échec de ne pas avoir réussi à donner un successeur populaire à Lost doit prouver aux networks qu’une série comme The X-Files ou du calibre de la série du bon vieux Gigi est une exception et pas la règle. Les networks ne doivent pas se sentir tous obligés de lancer leur nouveau drama au grand principe de science-fiction quand il y a de grandes chances que cela donne des produits comme Alcatraz, FlashForward ou V.
L’érosion rapide de la qualité, de l’intérêt et de l’audience de Desperate Housewives montre que jouer sur le voyeurisme et la carte « ne pas faire confiance à son prochain car il cache un secret monstrueux » n’est pas une solution sur le long terme.

C’était probablement une époque différente, mais je suis heureux de voir que des séries comme St Elsewhere, NYPD Blue, Urgences et Homicide ont un grand nombre de saisons à leur actif, même si cette dernière n’a pas connu le succès ces trois autres grandes séries. C’est la preuve que le public américain est réceptif à autres choses que The Voice ou CSI.
C’est naturel de croire et de se passionner pour des médecins qui ne commencent pas leur consultation par « vous avez la CMU ? Parce que moi, la CMU, ça ne m’arrange pas ». Il est important de se passionner, de temps à autre, pour des flics à l’éthique plus proche d’un Andy Sipowitz qu’un Vic McKay.

Je pensais, en suivant le cycle de développement de la saison 2012 que Jason Katims de Friday Night Lights était l’homme de la situation avec son drama médical mais NBC n’a pas laissé le projet dépasser le cap du pilote. Alors peut-être que Dick Wolf va nous surprendre. L’homme derrière Law and Order a une nouvelle série à l’antenne, Chicago Fire sur la vie de pompiers. Et vu la dernière fois où on a parlé de pompiers dans les journaux en France, s’il y a un bien un métier qui mérite qu’on redore son blason par une série de qualité, le sujet est idéalement trouvé.

En tout cas, j’espère que d’ici une dizaine d’années, je me serais passionné pour Chicago Fire, j’aurais été agacé par des changements de distribution, j’aurais commencé à suivre la série plus par habitude que par passion, j’aurais arrêté la série sans m’en rendre compte puis l’aurais reprise sporadiquement lorsque Jéjé me parlera d’un épisode très spécial en essayant de me convaincre que les nouveaux personnages ont de l’intérêt. A l’annonce de l’arrêt prochaine de la série, je me serais remis à la regarder sérieusement jusqu’au final où j’essaierais, en vain, de retenir mes larmes devant les dernières minutes en repensant à quel point j’avais aimé Chicago Fire, que je n’entendrai plus jamais le générique et en réalisant à quel point ma vie a changé depuis ce texte.

Conundrum