N°108: Qui a tué Sydney ?
19 octobre 2009
Episode Semaine
L’inspiration, ça ne se commande pas. Ce n’est pas de notre faute si deux séries à l’antenne sur l’infâme CW sont la source d’un enthousiasme presque inquiétant chez certains rédacteurs de pErDUSA. Bien sûr, on aurait préféré être surpris et enchantés par des séries politiques et profondes, mais que voulez-vous ? On n’a que Vampire Diaries et Melrose Place sous la main, comme en témoignent respectivement Tigrou et Jéjé...
N’oublions toutefois pas cette règle immuable : il est plus facile de parler d’une série dramatique que d’une sitcom. Gizz a donc fait un effort incommensurable pour nous rappeler que le vrai souffle d’air frais de cette rentrée vient des comédies. Les fou rires déclenchés par The Middle, Modern Family et Community n’ont rien à envier à ceux de la Vieille Christine, plus en forme que jamais.
Tomemoria est à contre-courant, pour changer : alors que tout le monde essaye d’oublier les récents Star Wars, il regarde le dessin animé Clone Wars, et en plus il en parle !
Et comme ça fait longtemps qu’on ne s’est pas moqué (au moins 48 heures depuis la critique de Flashforward par Ju), nous avons accompagné les textes de cette semaine par certaines des pires photos promo de la rentrée : travail lamentable sur Photoshop, regard dans le vide à la Joey Tribbiani, fausse mise en scène catastrophique, pompage honteux. Tout y est !
La CW n’est pas tellement plus douée avec ses photos promo, mais Katie Cassidy s’en sort pas trop mal. C’est donc elle qui a l’insigne honneur d’apparaître en vignette de cette 108ème semaine.
Melrose Place
Jéjé ne se refait pas
Si j’ai bien compris l’humeur du moment à pErDUSA, le drama qui remporte tous les suffrages est (pour changer) une série sur des vampires romantiques qui aiment les très jeunes filles. Sauf que cette fois-ci, il n’y a même plus la caution HBO.
Alors tant qu’à vanter les mérites d’une série de la CW, je préfère prendre celle qui s’offre des références cinématographiques d’une tenue un peu plus digne.
Oui, monsieur, à Twilight, je préférerais toujours Boulevard du Crépuscule.
Je sais que sur le forum, sous le coup d’un spleen passager, j’ai pu dire un peu de mal du pilote, mais après six épisodes, j’ose maintenant le crier haut et fort, Melrose Place est la meilleure série diffusée sur la CW. (Ou la deuxième... Précision utile si je ne veux pas être sous le coup d’une fatwa blackienne ! Et oui, j’en suis toujours en milieu de saison 1, mais j’ai vu tous les épisodes de Glee !)

Un tel revirement s’explique par :
• Ma passion immodérée pour les one-liners de new Amanda : je rigole franchement au minimum deux fois par épisode. Minimum légal pour un épisode de Old Christine, pour toute autre série (comique ou non), c’est un exploit. Comment dire du mal d’une série qui évoque les sourcils de Zackary Quinto et la fan-base de folles furieuses de Kathy Griffin en l’espace d’une semaine ?
• Le fait que j’aime bien avoir tort... Pas en public évidemment, mais j’aime bien qu’une série me prouve qu’elle était plus futée que je n’avais pu le penser au premier abord. La résurrection de Sydney, passée sous silence dans le pilote, est l’un des points-clés du mystère de sa mort (rien que le fait que la série permette d’écrire ce genre de choses est source de réjouissance supplémentaire) dans une enquête qui se révèle une transition narrative idéale entre l’ancienne et la nouvelle série : certes, les anciens sont de retour mais avec une date d’expiration. Ce principe me plaît beaucoup.
• Le fait que vingt ans après, je suis encore capable de citer le nom du personnage qui a tiré sur J.R. alors que je ne peux citer un seul nom de personnage de Flashforward que je viens de voir il y a moins d’une heure. Oui, j’ai envie de savoir qui a tué Sydney. Ella, Violette, le fiston Mancini et le cuisto ont tous les motifs du monde, ça ne peut donc pas être eux. (J’ai lu beaucoup de Mary Higgins Clark dans ma jeunesse pour avoir ce niveau de perspicacité). Il nous reste l’instit’ vraiment inutile et plutôt gentille, le gentil garçon transfuge de Greek plutôt inutile et vraiment gentil et Meredith Grey verison rue St-Denis.
A mon avis, "inutile" et "très gentil" sont deux gros indices.
• Le travail de la directrice de casting. Quand je regarde un guilty pleasure, j’aime ne pas devoir faire d’efforts. Il ne faudrait pas que je sois trop perturbé par l’apparition de têtes connues dans des rôles différents de ceux qu’elles eus précédemment. Que joue donc l’ancienne star de porno scientologue de Nip/Tuck ? Une chef d’un réseau de prostitution. Que joue la rivale méchante de Casey dans Greek mais qui avait quand même un bon fond ? Une prostituée qui a quand même un fond fond. Que joue la bimbo courte sur pattes et bien manipulatrice de Dynasty et Melrose Place ? Réponse : le 17 novembre.
Ne manque à la série (comme le disait déjà Blackie la semaine dernière pour autre chose) qu’un vrai générique. Et ce n’était pas compliqué. Il suffisait de reprendre les images du premier avec les anciens qui se tenaient par l’épaule au milieu de la rue, et de rajouter quelques plans des nouveaux accrochés de la même façon... comme cela avait déjà été pour Jo en son temps.
Interlude "Chaud" et "Froid"


Oui, je l’assume, j’aime The Vampire Diaries
Tigrou a une nouvelle meilleure amie
Lire l’avis de Tigrou sur les premiers épisodes de The Vampire Diaries.
Interlude Pompage


The Connes Wars
De qui Tomemoria est-il le padawan ?
Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine, j’étais fan de Star Wars. Vraiment fan. A la Andrew fan. Vous voyez le tableau. Depuis j’ai bien grandi. Et si ces films gardent une certaine place dans mon cœur, je suis beaucoup plus lucide face à leurs défauts (Hayden Christensen pour ne citer que lui) et leurs idées foireuses (non une grosse Natalie Portman qui soupire pendant tout un film, ça ne sera jamais une bonne idée). Mais au fond, je crois que le principal défaut de Star Wars, c’est Lucas lui-même. The Empire Strikes Back l’avait prouvé, ce n’est qu’en tant que producteur exécutif que le monsieur peut gérer son jouet. Dès qu’il touche aux dialogues ou à la réalisation de trop prêt, les erreurs pleuvent.
C’est pour ça que la première version de la guerre des clones, dirigée par Genndy Tartakovsky de 2003 à 2005 avait été une réussite. Pourtant, Lucas avait déjà commencé à proposer des idées de merde (tels que des épisodes d’une minute chacun… bien sûr George). Le Volume un fut finalement composé d’épisodes de trois minutes, mis bout à bout pour former un ensemble d’une heure. Si le résultat est imparfait, il se conclut par un épisode plus long que les autres (sept minutes, youhou !) qui introduit le général Grievous de manière renversante.
C’est bien simple, là où ce personnage est, dans l’épisode III, un vilain megalo qui se congratule de son génie juste avant d’être pris d’une quinte de toux imbécile, le Grievous de Clone Wars est un être intimidant, silencieux et surpuissant. Son massacre de Jedi en fin de Volume 1 laissait penser qu’il volerait la vedette à un méchant comme Palpatine.
Dans le volume 2, Tartakovsky et son équipe se sont surpassés, en racontant les heures précédant l’épisode III. On suit ainsi les efforts de trois Jedi qui tentent tant bien que mal de protéger le chancelier contre Grievous, venu le kidnapper. Les épisodes duraient ici douze minutes et donnaient une furieuse envie de voir le troisième épisode. On pouvait donc penser qu’on avait rendu honneur à la guerre des clones, après en avoir entendu parlé pour la première fois dans la bouche d’Alec Guiness.
Seulement voilà, il a fallu que Lucas, après un épisode III pas trop mauvais (disons le meilleur de la nouvelle trilogie, ce n’est pas bien dur) nous reparle de la guerre des clones. D’abord un film, sorti en 2008 qui est en fait les trois premiers épisodes d’une nouvelle série, mis bout à bout. On avait vu ce que ça rendait avec le film Sex And The City, le résultat est bien sûr désastreux. L’histoire n’a aucun enjeux, les personnages (que je suis sensé aimer depuis le temps) ont la profondeur d’un cendrier et, bien sûr, le film regorge d’idées de merde. Et la plus grosse, c’est celle-là.

La Padawan d’Anakin… Anakin qui devient donc plus ou moins Maître Jedi. Alors qu’il râle parce qu’il n’est que chevalier dans l’Episode III. Bien joué George !
Et si je vous parle de tout ça, c’est parce que depuis une semaine, je me suis fait les cinq premiers épisodes de cette abomination. Je me disais que peut-être, parmi l’amas de nullité, de blagues pour gamin de cinq ans et d’univers étendu dévasté, je trouverais quelques scènes au-dessus du lot : une remise en cause de la légitimité du chancelier, un lynchage de Jar Jar Binks (vous aussi vous l’aviez oublié ?) pour avoir proposé les pleins pouvoirs à Palpatine, des tensions grandissantes entre le Conseil et le Sénat, voir même une enquête menée pour découvrir qui est le fameux Seigneur Noir des Sith. Mais non, que dalle. Juste de l’action mal rendue et sans personnalité. Même lorsque Padmé et Anakin sont réunis, on ne ressent aucune tension quant à leur mariage clandestin ou à leur rôle clé dans le déclenchement du conflit. C’est rageant d’avoir tant de choses à exploiter, tant de voies à suivre et de constater que rien n’est fait. On produit du divertissement facile, du temps de cerveau disponible. Et on s’ennuie. Mon Dieu ce qu’on s’ennuie.
Interlude Regards Dans le Vide


Rions un peu...
Gizz se muscle les zygomatiques
La plupart d’entre vous l’aura remarqué, cette année est un bon millésime pour les comédies. Pour tous ceux qui sentaient un vide quasi-sidéral sur les networks depuis la fin d’Arrested Development, on ne peut que se réjouir d’une grille de rentrée plutôt riche qualitativement.
Pour ce qui est des trois "anciennes" séries qui contentent toujours mon plaisir de téléspectateur, je ne suis toujours pas déçu de How I Met Your Mother. Mes camarades m’ont suffisamment signifié à quel point j’étais seul dans ce bateau, mais j’ai lentement appris à assumer mon goût pour la série, notamment cette semaine avec le Double Date fort jouissif.
Au top depuis maintenant 4 ans (ou presque, avec un petit passage à vide en fin de saison dernière, rattrapé par l’épisode musical), It’s Always Sunny in Philadelphia continue d’être drôle et méchant. Les mécaniques sont bien huilées, et on est rarement surpris dans le déroulement des intrigues, mais le petit groupe ne lasse pour l’instant pas. Personnellement je suis même de plus en plus fan du personnage de Dee, qui surpasse de plus en plus régulièrement ses camarades.
Enfin, Old Christine est mon rendez-vous jamais décevant de la semaine, m’assurant au moins deux fous rires francs. Le retour des Meany Moms cette semaine doublant ce chiffre.
Assez parlé des vieux pots, et tournons-nous vers les vraies nouveautés de la rentrée !
La communauté perdusienne est restée plutôt muette par rapport à Hank, et c’est bien normal. La série n’est qu’une autre tentative de faire du Frasier avec Kelsey Grammer, après la tentative un peu ratée de Back To You. Cette fois ABC réussit le défi de rendre Grammer antipathique dès les premières minutes de la série, qui est en passe d’être annulée (son épisode de Thanksgiving vient d’être remplacé par une rediffusion de Charlie Brown).
Vient ensuite Bored To Death. Si j’écoutais un peu mon entourage, je dirais que les gens en pensent du bien, mais je préfère évidemment en penser du mal dans mon coin. J’ai arrêté la série il y a un ou deux épisodes, mais je pense en avoir vu suffisamment pour former mon opinion sur une série un peu ratée. Le rythme n’y est toujours pas, et le tout a un goût de superficiel, cherchant plus les récompenses aux Emmys que mon approbation (grossière erreur). On sent l’esprit "Sundance" de la série, tentant d’imiter le style des films indépendants américains très en vogue (et que Jason Schwartzmann connait bien), mais qui ne s’adapte guère au petit écran. Les dialogues se perdent dans l’ambiance musicale et les comédiens se regardent jouer. Dommage... (Et vous saluerez ma diligence à éviter un jeu de mot facile avec le titre de la série)
Vient ensuite Accidentally On Purpose. Mauvaise série flagrante qui emporte néanmoins ma sympathie, malgré son surjeu notoire et sa situation de départ peu encline à des années de bonne comédie. Mais Jenna Elfman me fait rire, Ashley Jensen me comptera parmi ses fans tant qu’elle aura son accent écossais, et le personnage de la soeur n’a pas encore eu raison de ma patience. Je regretterai certainement d’avoir défendu la série d’ici quelques semaines, mais je vivrai mon amourette tant qu’elle durera !
Et le meilleur pour la fin, le grand trio gagnant de la rentrée : Modern Family et The Middle sur ABC, et Community sur NBC.
Rarement ai-je été tant enthousiasmé par 3 nouvelles séries de network. Les 3, toutes différents qu’elles soient sont pour l’instant proches du sans faute comique, avec des castings quasi-parfaits et des réalisations originales.
Community, mon poulain de la rentrée est pour l’instant parfaite. En plus des dialogues géniaux et des personnages principaux (Britta et Jeff) du premier épisode, la série s’est enrichie de vrais personnages secondaires beaucoup plus drôles que les têtes d’affiche, et de post-génériques hilarants (le rap en espagnol est ma nouvelle tirade quand je veux prouver mes talents d’hispanophone, supplantant le vamos a la playa senor Zorro que les gens cultivés reconnaîtront). Allison Brie risque de m’obliger à regarder Mad Men, à la plus grande joie de Blackie.
Modern Family n’était pas ma préférée du lot au départ, surtout pour éviter de faire comme tout le monde, mais j’avoue maintenant qu’elle peut disputer la première place du podium à Community. Surtout depuis le post-générique de la semaine dernière (l’histoire de la jumelle décédée). L’épisode de cette semaine était encore plutôt original, et prouve que la série s’en sort aussi bien quand les 3 familles sont réunies que quand elles vivent leurs intrigues séparées. C’est d’ailleurs le plus gros atout de la série : réussir à donner des intrigues intéressantes et hilarantes à 3 familles différentes, et à secouer un peu le tout en les mélangeant de temps en temps. C’est ce qui me donne le plus d’espoir quant au futur artistique de la série qui ne risque pas de s’essouffler tout de suite. Je crierai aussi ici mon amour pour Julie Bowen, et ma préférence pour sa famille tarée.
Mais ma famille tarée préférée occupe le slot précédent sur la même chaîne. Si je classe The Middle sur la 3ème marche de mon petit classement, c’est plutôt parce qu’elle est moins originale que les deux autres (on sent l’influence de Malcolm In The Middle, à la différence que le récit se centre sur la mère de famille). Patricia Heaton s’en sort mieux que Kelsey Grammer après Back To You, et Neil Flynn s’est trouvé une bonne reconversion (même si son personnage paraît étrangement secondaire, passant loin après le personnage de Frankie et des enfants). Enfants qui font d’ailleurs aussi une grande partie du charme de la série. Axl n’est pas très intéressant pour le moment, mais Brick (aka Dewie 2.0) et Sue me font au minimum sourire à chacune de leurs scènes.

Sue est d’ailleurs peut-être le meilleur personnage de cette rentrée, comme le crie Ju sur tous les toits, et nous promet de bons épisodes à venir si les scénaristes continuent de lui donner autant d’intrigues que dans ces premiers épisodes.
Profitez-donc de ma bonne humeur du moment, c’est plutôt rare de voir un rédacteur de pErDUSA aussi guilleret devant son écran. Entre The Middle, Community, Modern Family, Old Christine et Sunny Philadelphia, quand vient la fin de semaine j’ai l’esprit aussi léger qu’une groupie venant de passer une nuit avec le bassiste du groupe (et dans les très bonnes semaines, peut-être même le chanteur).