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21 Drum Street - A la défense d’une espèce en danger à la télévision : l’homme blanc privilégié

N°50: Une Trêve Pour les Mecs Blancs

Par Conundrum, le 19 avril 2015
Publié le
19 avril 2015
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Ah, mec blanc, t’as la vie dure en ce moment. Tout le monde dit qu’on te voit trop (tu dois l’avouer, c’est pas faux) et c’est rarement les bonnes personnes qui viennent à ta défense.

Faut dire qu’avec ta passion inexplicable pour les accessoires pour faire ton jogging, ton utilisation systématique du « Wesh Zyva » dans l’imitation du mec des banlieues et ta capacité, en tant qu’adulte, de te plaindre des cadeaux de Noël reçus de tes parents, quelque fois, tu nous rends la vie dure.

Mais, moi, je t’aime bien et pas uniquement pour ton regard terrifié quand tu ne sais pas si je suis sérieux quand je te dis qu’abréger mon prénom est raciste car cela a une connotation « colon qui parle au colonisé ». [1]

Malgré tes défauts, je pense que tu es un peu incompris mec blanc, surtout si tu as le malheur d’être hétéro et de ne pas avoir de problème d’argent. Après tout, ce n’est pas ta faute si on préfère les Braves Epouses, les mamans, les gamines qui mènent un groupe de survivants dans un futur apocalyptique, les gens qui chantent Pinot Noir et les fruits et légumes.

Aujourd’hui, alors qu’on aime rarement de te mettre en vignette, pErDUSA a décidé de t’honorer en mettant en avant trois mecs blancs qu’on aime beaucoup.

Tim Daly

Le brave époux de CBS est l’une des choses que l’homme blanc fait de mieux à la télévision.

 Alors non, ce n’est pas un anti héros du câble, le Dr McCord est un chic type. Non seulement Tim Daly gère très bien le fait que les scénaristes n’arrivent pas à décider si c’est le bon mari qui fait des pancakes, le professeur de théologie, l’ancien pilote ou le type qui aide la NSA. En une demi-saison, il a eu autant de fonctions que Barbie a eu de jobs en 50 ans. Mais Tim Daly rend le tout parfaitement crédible.

Mais ce n’est pas la raison principale pour laquelle Daly figure sur cette liste. Outre sa manière dramatique d’éplucher des clémentines (oui, oui, faites gaffe la prochaine fois que le Dr McCord mange des fruits dans sa cuisine), les McCord forment un couple qu’il fait plaisir à voir à la télévision. Un peu comme les Taylor de Friday Night Lights, il n’y a jamais de tensions artificielles censées provoquer une grosse engueulade résolue dans le dernier acte de l’épisode. Les disputes dans le couple sont celles de personnes intelligentes et matures qui se connaissent bien. Elles sont là mais n’évoluent jamais en concours de qui hurlera le plus fort.

Henry McCord est un excellent soutien pour sa femme, et un personnage bien défini pour qu’on s’intéresse aussi à ses propres intrigues. La vie de famille de McCord est d’ailleurs souvent plus pertinente que l’intrigue politique de la semaine. La tension de l’épisode où Elisabeth se trouve en Iran lors d’une tentative de coup d’état réside bien plus dans la manière dont la famille gère leur inquiétude (en protégeant leur cadet, en voyant Henry vulnérable devant ses filles) que dans la manière dont Elisabeth va revenir au pays.

Parce que, faut pas se leurrer, si on aime autant Madam Secretary c’est en bonne partie grâce à Monsieur Madame La Secrétaire.

Taran Killam

Ça fait longtemps qu’on aime bien Taran Killam. Si je ne garde aucun souvenir de sa participation à MadTV, son projet de série co-créée par Bill Lawrence, Nobody’s Watching, était une belle expérience.

Le projet de série était centré sur deux jeunes hommes, sans expérience mais doté d’une passion pour le genre, qui sont mis à la tête de la production d’une sitcom. Après la production du pilote, The WB n’a pas désiré commandé une série, Lawrence a alors mis le pilote à disposition sur Internet. Et le résultat était plus que plaisant, et pas que pour nous. Kevin Reilly, alors président de NBC, avait même le projet de reprendre la production de la série, mais seuls quelques webisodes ont été produits.

Pour un simple pilote, Nobody’s Watching nous avait assez marqué pour se rappeler de ses deux acteurs principaux. Si Paul Campbell a choisi de s’exiler dans Battlestar Galactica, Killam est resté dans la comédie. Si on met de côté sa participation décevante à un Scrubs en fin de vie, on était très heureux de le voir intégrer la distribution de Saturday Night Live. Et alors que l’émission a fortement réduit son quota de mecs blancs de la distribution, Killam est devenu un élément clé de l’émission.

Il n’est pas surexposé comme Kristen Wiig l’était à un moment, il n’est pas sous-utilisé comme Vanessa Bayer l’est actuellement. Taran Killam est aussi doué dans les sketchs, dans ses participations au Week End Update que dans ses imitations. Il en devient même décevant de voir Jim Carrey imiter McConeyghey alors que Killam est largement plus drôle dans la peau de l’acteur de True Detective.

Taran Killam fait partie de ces humoristes qui seraient doués dans une sitcom, mais qui sont mieux mis en valeur dans une émission à sketchs. Non seulement, le type est versatile, mais sa bonne humeur relève souvent le matériel quand ce celui-ci n’est pas à la hauteur de l’humoriste. Ces deux qualités sont assez rares pour être mise en avant et font de lui l’un des meilleurs éléments de l’émission.

Charlie Cox

On se doutait que Daredevil allait être plus réussi et plus pertinent que l’Agence Tout S.H.I.E.L.D.. Drew Goddard inspire un peu plus confiance que le Gamin Whedon et la Fille Whedon. En revanche, là où Daredevil m’a agréablement surpris, c’est dans son choix d’acteur principal.
Parce que côté séries de super héros, on fait rarement aussi blanc. Et donc, dans la lignée des mannequins de la CW ou de la pâleur des acteurs des séries Marvel de ABC, on annonce un nouveau mec blanc dans le rôle titre.

Mais Charlie Cox qui ajoute à la liste de clichés « anglais dans le rôle d’un américain » qu’il doit gérer, se montre remarquable dans le rôle. Et cette opinion, je me la suis faite que sur la scène du prégénérique du pilote. Les épisodes suivants n’ont fait que la confirmer.

Surtout que Daredevil est un rôle casse-gueule. Le personnage de Marvel rentre dans la lignée de ces super héros sombres qui oblige les parallèles fainéants avec les films de Nolan. Pourtant Daredevil est très différent de Batman ou de Green Arrow, il n’a pas vraiment de double identité. Matt Murdock ne joue pas un jeu lorsqu’il n’est pas Daredevil, il ne prétend pas être un playboy millionnaire. Il vit et est impliqué dans le monde qu’il défend. Du coup, Cox n’a pas à jouer deux rôles différents, il vend parfaitement le même personnage avec ou sans son costume.

Mais surtout, Cox doit incarner un aveugle mais aux sens plus développés. Il y a une scène dans le second épisode où il sait qu’un homme va frapper à la porte, mais cherche la main d’un personnage pour la remercier. S’il est doué dans les scènes d’action, c’est dans les moments où Murdock est limité par son handicap tout en utilisant ces capacités extrasensorielles où Cox démontre son talent. Réussir à faire dans la subtilité avec un personnage aussi difficile et proposer quelque chose de différent fait de Charlie Cox un mec blanc qu’on aime bien. Même si on préfère Rosario Dawson quand même.

Conundrum
Notes

[1Et, gars ? Tu ne le sauras jamais.