Et il est pas trop mauvais, notre bilan du mois.
Mais en fait, c’est surtout parce qu’on a regardé Daredevil. Parce que grâce à ça, Blackie a pu en faire la critique complète, Jéjé a pu trouver une excuse raisonnable pour ne pas aimer, et Drum a un peu parlé de son héros, un mec blanc.
Ju, qui n’a rien compris, a regardé la mauvaise série Netflix.
On a aussi regardé d’autres séries.
1 Jane The Virgin
27 avril / Jusqu’ici, un sans faute
Par Blackie
Que dire de plus que cette photo ? Franchement. On ne résume pas mieux à quel point Jane The Virgin est formidable. Dans ce qui est peut-être la scène la plus farfelue à ce jour, et il faut compter dans ce même épisode la tête de Rogellio flottant dans l’espace (!), Jane et Petra se lancent dans un combat de catch épique. Bien sûr, ce n’est que l’imagination de Jane qui s’évade. Le réel combat organisé au Marbella est un prétexte pour que chaque paire de personnages en conflit se voit illustré sous la forme d’une fabuleuse affiche, nom de catcheur approprié avec. Mais Jane et Petra vont plus loin, et je ne me souviens pas avoir vu Gina Rodriguez et Yael Grobglas s’éclater autant auparavant. Le combat se termine par K.O... à coup de bébé ! Quelqu’un s’est dit " Bof, une femme enceinte vierge, c’est rien du tout. Faisons-on en une femme enceinte de huit mois, en combinaison moulante en cuir, faisant du catch et se servant de son ventre comme d’une arme !" Il y a des gens merveilleux.
Et après ces conneries, la série trouve encore le moyen de me filer les larmes aux yeux durant les dernières minutes. Formidable, je vous dis.
2 Mom
9 avril / 99 bottles of beer on the wall, 99 bottles of beer. Take one down and pass it around
Par Iris
L’alcoolisme et l’addiction en général, que ce soit la nôtre ou celle de gens vraiment proches, est un sujet dont il est difficile de parler ; encore plus quand on s’adresse à des gens qui n’y ont jamais été confrontés directement. C’est pourtant l’objet de base de Mom, la dernière sitcom de Chuck Lorre, qui nous raconte les aventures d’une mère (Bonnie) et de sa fille (Christie), toutes deux alcooliques, sur cette route interminable qu’est la sobriété. Une route dangereuse, qu’on peut quitter à tout moment, mais à quel prix ?
Cette question, l’épisode précédent de Mom y répondait aux travers des lèvres de Christie, qui racontait à ses amies des Alcooliques Anonymes à quel point la consommation de pilules lui manquait.
« [All the worries], it all goes away with a couple of pills, two bottles of red wine and a big fat joint. But... you know what else goes away. My family. My freedom. My friends. Pretty much everything that’s important to me. »
Parce qu’il n’y a pas de vraie relation possible avec un alcoolique, ou un drogué, puisque toute relation stable implique une part de confiance en l’autre, en sa présence, et que tout disparaît lorsque les substances viennent reprendre leur place dans la vie d’un dépendant. Y compris ceux qui l’entourent. Et un addict peut essayer de prétendre qu’on est toujours là, qu’il est toujours là, mais c’est faux. Ce n’est plus la même personne ; c’est quelqu’un de possédé par sa maladie.
Mais Christie résistait à ses pulsions, et c’était Bonnie, sa mère, qui de son côté y succombait. Et tout l’épisode 19 traitait des implications de cette rechute. En allant des subterfuges pour avoir plus de pilules jusqu’à l’ultimatum que Christie donne à sa mère après avoir découvert qu’elle n’était plus sobre : si celle-ci ne remonte pas sur le wagon, elle n’aura plus le droit de faire partie de la vie de sa fille et de ses petits-enfants. Ce à quoi Bonnie répond qu’elle ne supporte plus la sobriété, disant ainsi au revoir à la vie de famille qu’elles avaient enfin construit durant ces deux dernières saisons.
Et c’est cette douleur très précise que l’interprétation toute en retenue d’Anna Faris réussit à retranscrire à la perfection plus tard dans l’épisode, lorsque Christie en parle avec son groupe des AA. Celle d’avoir enfin réussi à construire un lien qu’on aurait dû avoir depuis toujours avec un parent, juste pour le voir se briser sous ses yeux.
- You’re not responsible for Bonnie’s sobriety.
Get it. It’s just... I can’t believe she threw it all away.
Honey she’s an alcoholic.
She’s my mom.
Yeah well you got to separate those two out.
That’s really easy for you to say but... she’s not your mother. And... like an idiot... I thought she was finally mine.
3 Arrow
29 avril / Les Héritiers du Démon
Par Ju
Il y a deux semaines, en regardant Daredevil comme tout le monde, alors que le ninja aveugle d’Hell’s Kitchen se battait avec un autre ninja, je me suis fait la remarque que le grand perdant dans cette histoire n’était pas forcément le mec en feu qui continuait quand même à se battre (quelle était cool, cette scène !), mais peut-être un peu Oliver Queen.
Mais si, vous savez, le mec qui commence tous les épisodes de sa série par « My name is Oliver Queen » ! Capuche himself !
Le plus gros reproche que j’ai envie de faire à Daredevil ne concerne pas ses deux épisodes flashbacks boiteux de milieu de saison (les deux seuls épisodes ratés, hein, n’écoutez pas les râleurs). Non, le plus gros problème de la série, c’est qu’elle a donné un sacré coup de vieux à Arrow. Et cette année, Arrow n’avait VRAIMENT pas besoin de ça.
C’est moche de tirer sur une ambulance, Monsieur le Justicier Sexiste Aveugle au Costume Dégueulasse !
Par où commencer ?
La saison 3 de Arrow, c’est une saison avec les flashbacks les plus étirés en longueur et inutiles du Monde. Et je m’y connais flashbacks inutiles, hein, j’ai écrit quelques critiques de Lost, je vois venir une analepse bouche-trou à mille kilomètre. Ça fait 21 épisodes qu’Oliver et sa perruque traquent mollement un virus hyper mortel (moins un détour où il est rentré à la maison buter un dealer) sous un filtre orange. Vingt-et-un-putain-d-épisodes.
La saison 3 de Arrow, c’est celle où Ray Palmer a pris le devant de la scène pendant des semaines pour préparer le terrain à sa propre future série dérivée. Celle où les scénaristes ont jugé bon de tuer leur meilleur personnage féminin pour mettre sa sœur que tout le monde déteste à sa place. Une saison où des choses se passent, sans que les conséquences se fassent réellement ressentir puisque personne ne semble plus capable de réagir à quoi que ce soit de façon compréhensible. Une saison où Felicity pleure toutes les semaines sans exception.
Et si là où les scénaristes voulaient en venir est assez amusant (l’épisode de cette semaine était même très réussi), la façon dont ils y sont arrivés étaient la pire possible. Parce que Malcolm qui fait tuer Sarah par Thea après lui avoir lavé le cerveau pour qu’Oliver soit forcé de combattre Ra’s Al Ghul à sa place, sauf qu’il perd, sauf qu’il survit, sauf que du coup Ra’s décide d’en faire son héritier, sauf qu’il ne veut pas, donc il tue Thea (encore elle !) pour échanger son jacuzzi magique contre son obéissance, ça n’a pas trop de sens. Il est un peu tordu, Monsieur La Tête du Démon. Du coup qu’il décide de marier l’Héritier du Démon à la Femme du Démon (qui est la Fille du Démon) cette semaine, ça ne m’a même pas choqué. Du tout. C’était drôle.
Je ne l’ai pas imaginée cette saison 2 réussie.
Si ?
4 Cougar Town
31 mars / Vu en avril !
Par Conundrum
Il y a des séries qu’on regarde un peu en se forçant, mais qui nous donne la pêche une fois l’épisode fini. On sait qu’elles sont drôles mais on a tendance à oublier à quel point elles sont efficaces car d’autres sont plus bruyantes et font plus parler d’elles. Cougar Town était souvent l’une de ses séries. Peut-être pas lors de sa dernière saison un peu faible, mais elle était longtemps une série honorable d’une qualité très constante.
Malheureusement, on ne parle que très peu de ces séries. Et cette année, Cougar Town s’est assez essoufflée pour accepter l’annulation sans tristesse. Si Courteney Cox était largement plus à l’aise que dans les saisons précédentes, la série ne s’est jamais remise de trois évènements difficile à gérer. Le premier était la décision de voir Laurie et Travis ensemble et parents d’un enfant. Leurs intrigues ensemble n’étaient pas des plus intéressantes, même s’il était inévitable qu’ils finissent par former une famille. C’est bien dommage car les voir parents aurait du elargir les thèmes abordés dans la série. Cougar Town n’aura pas bénéficié d’un second souffle avec des personnages qui en avaient bien besoin. Les scénaristes n’ont pas réussi avec Travis et Laurie ce qu’ils avaient brillamment géré avec Jules et Grayson, à savoir rendre les personnages beaucoup plus intéressants une fois mis ensemble.
Le deuxième problème qui a sérieusement plombé cette dernière saison est le départ de Bobby. Si son épisode d’adieu était réussi, la série a eu mal à combler le vide. A juste titre, Tom et Chick ont pris plus d’importance. Si Brian Van Holt nous a un peu manqué, travailler sur des personnages secondaires qu’on connait peu était une bonne idée. Le problème est que leurs intrigues n’étaient pas toutes des réussites. Pire encore, Andy a beaucoup souffert de ce départ. Andy était ancré par deux aspects : mari d’Ellie et binôme de Bobby. Sans ce dernier aspect, Andy devenait un personnage plus difficile à gérer. Les intrigues de la vie de couple des Torres sont souvent contrebalancées par des intrigues plus légères avec Bobby. Si Andy qui décide de ne plus travailler est une bonne idée, Andy coincé dans un costume Buzz l’Eclair l’est beaucoup moins. L’amitié Bobby-Andy aidait souvent à vendre ce genre d’intrigue, seul, il n’y a rien d’attendrissant ou de drôle de voir un adulte dans cette position, même dans une sitcom absurde.
Ces deux éléments ont beaucoup déstabilisé la série, mais surtout ce dernier épisode a mis en avant un élément que je n’avais pas vraiment assimilé : le départ de Bill Lawrence et Kevin Biegel s’est fait beaucoup ressentir cette saison. Le premier était occupé avec ses multiples projets de séries, le second nous a donné le sympathique Enlisted. Et si, jusque-là, leur départ ne m’avait pas dérangé, on note quand même une différence significative entre l’avant dernier et le dernier épisode de la série. De retour pour l’ultime épisode, Cougar Town a retrouvé un peu de sa splendeur. Les dialogues étaient plus percutants, l’ensemble était bien ficelé, et même si l’intrigue était un peu téléphonée (et cruelle), elle se joue des clichés des épisodes finaux.
Ce n’était pas le meilleur épisode de la série, mais ce regain de qualité en fin de course était bienvenu pour une série qui restera malheureusement très mésestimée.
5 Grey’s Anatomy
23 avril / Le Spoiler Qui Fait Plaisir
Par Jéjé
Tout le monde le sait désormais. McDreamy, le personnage de Patrick Dempsey dans la série, est mort dans cet épisode. MORT.
Et surtout, tout le monde l’a su quelques heures avant sa diffusion aux Etats-Unis, puisque les réseaux sociaux et le reste d’Internet ont croulé sous les messages indignés qui évoquaient la circulation d’un terrible spoiler qui allait gâcher le visionage de l’épisode.
Dans ce micro/non-événement d’Internet, j’ai été bien sûr marqué par la bêtise de ceux qui ont condamné ce spoiler en feignant de ne pas se rendre compte qu’ils contribuaient à la propagation de l’information « sacrilège » dans des messages d’un même niveau d’hypocrisie et de crétinerie que les articles « dénonçant » la mise en ligne des quatre premiers épisodes de Game of Thrones quelques heures avant la diffusion du season premiere.
Mais j’ai surtout constaté que ceux qui s’offusquaient le plus de ce spoiler était ceux qui ne regardaient pas Grey’s Anatomy.
Ceux qui suivent la série, au vu du dernier plan et de la structure des derniers épisodes, se doutaient de l’imminence de la fin du personnage de Derek Sheperd. Sa mort n’a jamais été envisagée comme une surprise, elle arrive dans le contexte d’une intrigue racontée sous la forme de la tragédie.
Et savoir avant la diffusion que Derek mourrait dans cet épisode m’a permis de ressentir plus intensément ses éléments tragiques et d’apprécier plus justement sa dimension ironique et absurde.
Dans la première partie, Derek devient l’incarnation ultime du Héros Idéalisé de la Médecine Moderne par la série en sauvant à lui tout seul et quasiment à mains nues quatre inconnus. Mais c’est loin d’être aussi lourdaud et béta que l’épisode d’Urgences avec George Clooney dans les égouts inondés de Chicago [1]. Car on sait. On sait que Derek ne sera pas récompensé, que malgré ces événements, il ne pourra infléchir l’inéluctable de son destin.
Et connaître l’issue rend chaque décision que prennent les médecins du petit hôpital où il se trouve après son accident à la fois douloureuse et savoureuse. Si j’avais perdu du temps à me demander s’il allait s’en sortir, j’aurais moins savouré l’idée sur laquelle est construite la deuxième partie de l’épisode, qui consiste à confronter la vision fantasmé du chirurgien à la dure réalité de la médecine pratiquée pour le commun des mortels aux Etats-Unis.
Donc (une fois n’est pas coutume), merci les spoilers.
NB : Et franchement, j’ai dû mal à croire que ABC ne soit pas à l’origine de la circulation de ce pseudo-spoiler. Si rien n’avait été dit, seuls les habitués auraient regardé l’épisode. Incidemment, l’épisode a été le programme le plus regardé ce jeudi-là (seulement derrière The Big Bang Theory) et la plus forte audience de la série depuis son season premiere cette saison, avec 30% de spectateurs supplémentaires par rapport à ses moyennes.
[1] Attention, j’adore Urgences. Ses premières saisons sont bien supérieures à celles de Grey’s Anatomy, mais franchement, cet épisode dans les égouts…
