Sopranos: Mai 2007
Lorsque je regardais ma collection, j’entendais les voix de mes collègues. Lyssa me disait ‘Prends Ugly Betty, une série miroir sur la situation de la femme dans une monde corporate, certes déformant, mais qui sonne si vrai. En plus, Betty, elle est trop moche, c’est trop drôle.’ Jéjé y allait de son ‘Ugh ! Desperate Housewives, c’est encore mieux qu’en saison 1. Regarde Bang en boucle pendant 10 jours’. Entre deux ‘James Tupper est trop beau !’, Feytrys essayait de me convaincre de regarder Men in Trees en comparant la série à un Ed au féminin. Et Joma était le champion de Brothers and Sisters, un drama réussi, certes conventionnel rattrapé par un casting impeccable et un fort capital sympathie.
Et après mûres réflexions, je commençais à craindre que la douleur que j’ai au bas du ventre quand je regarde ces séries d’ABC était due au fait que je commençais à développer un utérus.
The Sopranos
Je commence à avoir un peu de mal avec la ‘girlisation’ de la chaîne. Et ce n’est pas l’arrivée du certes sympathique Notes from The Underbelly qui va aider. Heureusement mes boys sont de retour : Entourage et surtout, The Sopranos. Du coup, j’ai décidé de rattraper mon retard pour suivre en direct la fin de ma meilleure série HBO. Et pour The Sopranos, cette fois ci, c’est la bonne, on assiste enfin à la fin, maintes fois annoncée, de la série. La première partie de la saison était un arc en lui-même et suivait la convalescence d’un Tony Soprano gravement blessé par Junior. Et comme à l’accoutumée, cette nouvelle saison n’a pas déçu. A l’exception, bien sûr, de l’intermède Vito.
L’homosexualité de Vito n’a jamais été utilisée comme simple ressort comique. Certes, voir Vito draguer Finn, le copain de Meadow, était très drôle, mais voir Vito, l’homme qui a tué l’ancien copain de Meadow, non seulement draguer Finn mais être défendu par la fille de Tony, c’était de la belle ironie comme The Sopranos nous a habitué. Mais, malgré tout, le personnage ne méritait vraiment pas qu’on le suive dans une intrigue aussi longue. Même s’il est présent depuis longtemps, ce n’est pas Paulie ou Silvio. L’idée que Vito rejette une vie où il aurait pu être heureux sans avoir à se cacher parce qu’il n’aime pas gagner son argent en travaillant, était excellente mais on aurait pu se contenter de voir Vito fuir, puis revenir quelques épisodes plus tard et se passer de la version Director’s Cut de ‘Les Aventures de Vito et Johnny Pancakes à Gayverwood’.
À part cela, ce début de saison 6 est à la fois déstabilisant et captivant. The Sopranos est l’une des rares séries où la sensation de danger sonne vrai. Il est clair que nous ne sommes pas dans 24 ou Lost, la mort d’un personnage n’est pas un simple ressort pour booster l’audience. Dans The Sopranos, la mort est méritée. Même si elles sont souvent attendues, aucune ne sonne faux. On savait Adrianna condamnée au moment où le FBI l’a piégée. Elle aura mis quelques saisons à mourir, mais c’était inévitable. Et la scène où elle réalise qu’elle est sur le point d’être assassinée, était mémorable. Et oui, on est loin de celle de Tony Almeida dans 24 en saison 5.

Évidemment, quand Tony se fait tirer dessus par son oncle dans un excès de démence, on sait très bien qu’il survivra au moins jusqu’à la fin de saison. Mais, contrairement à Meredith dans Grey’s Anatomy, l’acte a un impact profond sur Tony et la série. L’ultime saison semble suivre sa convalescence et toutes les ramifications qu’elle a sur son entourage. Elle commence avec un double épisode étonnant qui suit Tony, dans le coma, s’imaginant dans une autre vie. Une vie honnête où Gloria est à la place du Dr Melfi. Evidemment. Dans la ‘vraie vie’, on suit une Carmela désemparée, et un Silvio, en capo d’interim, qui se retrouve lui aussi à l’hôpital à la fin du dyptique.
C’est là que la série n’est pas sans rappeler Once and Again. Tout comme le drama d’ABC, The Sopranos maîtrise parfaitement ses personnages secondaires. Tous les membres des familles de Tony sont des personnages complexes. A.J. n’est pas que le simple môme trop gâté et tête à claques, c’est un jeune homme perdu qui cherche sa place. Et qui serait le porte-parole idéal de l’association "Un enfant qui ne subit pas de violence parentale est un enfant en danger" dont Alec Baldwin est président. A.J. est tour à tour odieux avec Carmela, touchant au chevet de son père, émouvant lorsqu’il cherche à exercer vengeance, et pathétique dans sa vie sociale.
Encore une fois, l’ironie est aussi présente dans son intrigue. Cette saison 6 montre à quel point A.J. est différent de son père. Tony se plaint auprès du Dr Melfi de ne pas se reconnaître dans sa mauviette de fils, et pourtant il réalise, après que A.J. tente maladroitement de tuer Corrado, que c’est une bonne chose qu’ils soient différent (‘I never wanted this life for you. You’re a good kid’). Et on découvre que la seule chose qu’A.J. a hérité de son père est qu’il est sujet à des crises d’angoisse. La recherche d’identité par la filiation est un thème récurrent dans cette saison par ailleurs. Paulie est perdu quand il apprend que sa mère biologique est, en fait, sa propre tante ; Janice explique à quel point elle est différente de sa mère tout en utilisant les mêmes techniques sournoises que la matriarche de la famille pour arriver à ses fins. Mais, dans une série où la famille n’est pas uniquement définie par le sang, cette thématique s’applique aussi à Tony et Christopher, l’homme qu’il considère comme son fils.
Tony a du mal à accepter la prise de distance de Christopher. La "rebellion" de Chris a commencé avec sa liaison avec Juliana interprétée par la trop rare Julianna Margulies des bonnes saisons d’Urgences. Juliana et Tony étaient sur le point de commencer une relation, quand elle fut rejetée par Tony. Ce dernier se sentait coupable de tromper Carmela. Julianna, blessée et humiliée, a trouvé confort auprès de Christopher qu’elle a rencontré aux Alcooliques Anonymes. Chris dévoile sa relation auprès de Tony, visiblement blessé. Mais rapidement, Julianna et Christopher retombent dans leurs mauvais penchants, drogue et alcool. Christopher, marié et sur le point d’être père, met fin à cette relation aux penchants oedipiens. Malgré la rupture, Tony et Christopher ne sont plus aussi proches qu’ils ne l’ont été. Christopher a décidé, sous les conseils de son sponsor, d’éviter les lieux où il serait tenté de boire (exit le Bada Bing), et est totalement concentré sur son film d’horreur qui est enfin fini. Tony lui sert juste pour les finances et comme source d’inspiration pour l’un des rôles du film (qui finira tué par les mains du personnage inspiré par Chris, il est partout cet Œdipe !). Et quand, dans le film, le capo a une liaison avec la fiancée du héros (qui est clairement Christopher), Tony est blessé et humilié que Chris fasse écho de la fausse rumeur de la liaison entre Adrianna et Tony.
Même si David Chase, le créateur de la série, a annoncé à chaque saison que ce sera la dernière, c’est la première fois qu’on ressent vraiment que la fin est proche. On sent le calme avant le cataclysme. La mort de Johnny Sack qui a succombé à son cancer, a fait de Leotardo le nouveau boss de N.Y. Les tensions entre New York et le New Jersey refont surface. Le FBI est sur le point d’agir contre le chef mafieux. Et même dans sa vie privée, Tony réalise qu’il n’est plus aussi fort qu’avant, qu’il est proche de la fin. Et il n’est pas le seul. La scène d’ouverture de cette dernière fournée d’épisode voit Carmela réveillée en sursaut par la police qui tambourine à sa porte et se demande ‘Is this it ?’ Elle sait que rien n’est acquis définitivement, et que sa vie privilégiée arriverait à sa fin un jour où l’autre. Tout cela montre que David Chase maîtrise parfaitement sa série. Elle va se finir dans ses termes. Finir sa série est un exercice délicat trop souvent raté, mais avec Chase à la barre, nous sommes plus que confiants.
Le guide pErDUSA de ce qui est fun et Kief’ Cool ... sur Saturday Night Live !
A l’occasion de la diffusion de la troisième partie de la série documentaire, Live From New York, consacrée aux années 90 de l’émission début mai sur NBC, Mégalopolis consacre son guide à Saturday Night Live.

Le livre qu’il faut lire
Live From New York
Saturday Night Live est une institution à la télévision US mais peu connue chez nous. L’émission, à l’antenne depuis 32 ans, a lancé les carrières de Dan Ackroyd, John Belushi, Chevy Chase, Bill Murray, Eddie Murphy, Mike Meyers, Will Ferrell et Tina Fey.
Live from New York est une série d’entrevues avec quasiment tous les grands noms de l’émission et retrace l’histoire de sa production. Les interviews sont sans tabous, tout le monde a le droit à la parole et revient à sa manière sur les périodes troubles et sur l’apogée de son succès. Le livre est passionnant et particulièrement instructif sur l’impact de l’émission qui n’a jamais vraiment percé chez nous.
Le livre qu’il est bien si t’aimes bien Jay Mohr
Gasping for Airtime
Parce que oui, Saturday Night Live a lancé des carrières, mais n’a pas su exploité les talents de tous ses humoristes. Ainsi, malgré leurs passages dans l’émission, Laurie Metcalfe, Sarah Silverman, Janenane Garofalo, Robert Downey Jr., Julia Louis Dreyfuss et une poignée d’autres artistes trouveront la gloire qu’ils méritent ailleurs que dans l’émission mythique. Dans son livre, Gasping for Air Time, Jay Mohr (Action) retrace rapidement les débuts de sa carrière et surtout son passage de deux ans sur Saturday Night Live. Il explique les difficultés pour un jeune humoriste de trouver sa place à l’antenne et surtout que, même si elle peut être très douleureuse, voire humiliante, faire partie de la distribution de Saturday Night Live reste une expérience mémorable.
Le site qu’il est drôle
Funny or die
Ou le YouTube de l’humour. Will Ferrell, un ancien de SNL devenu star de cinéma, a lancé www.Funnyordie.com, un site où les internautes peuvent poster leurs vidéos drôles. Évidemment, comme l’accès est libre, tout n’est pas hilarant, mais on peut y dénicher quelques perles comme Alec Baldwin vs Dora ou la vidéo de Ferrell lui-même, The Landlord. Et quand on sait que les dernières recrues de SNL et MadTv, respectivement Adam Samberg et Lisa Donovan, se sont fait connaître par le web, Funny Or Die pourrait rapidement devenir une niche de talent à découvrir.