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The Mindy Project - Bilan complet de la première saison de la série de Mindy Kaling

Bilan de la Saison 1: En attendant la saison 2

Par Conundrum, le 13 septembre 2013
Publié le
13 septembre 2013
Saison 1
Episode 24
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La vie de Mindy Lahiri (Mindy Kalling) n’est pas si compliquée que cela. Mindy est une obstétricienne dont l’ex (Bill Hader) vient de se marier ... mais il a divorcé depuis.

Mais ce n’est pas grave, car Mindy vient de rencontrer un chic type (Ed Helms) qui est là pour rester... mais pas très longtemps. Mais là aussi, rien de grave, parce qu’il y a aussi cet agent sportif (Tommy Dewey), non, attendez, ce prof de latin (BJ Novak), ou peut-être qu’il est militaire (Seth Rogan), non, il est pasteur, c’est ça, c’est Casey, le pasteur (Anders Holms ) !

Et à un moment, il y a les frères Meyers, et les frères Duplass dans le lot. Mais bon, même sans copain, elle a Jeremy (Ed Weeks), son collègue/sex buddy qui au final, n’est juste qu’un simple collègue. Et elle a Danny (David Messina), son collègue avec qui elle entretient une relation qui mêle attraction, rivalité, respect et amitié.

Mais peu importe, parce que si sa vie sentimentale est un peu dure à suivre, Mindy travaille dans un univers stable avec un mentor incarné par Richard Schiff de The West Wing. Non, attendez, c’est Stephen Tobolwsky de Glee. Oh, puis au final, oubliez le mentor. Mais pas besoin de mentor quand on a des assistants comme Shauna (Amanda Setton), Beverly (Beth Grant) et Betsy (Zoe Jarman), puis Shauna, Betsy et Morgan (Ike Barinholtz), puis Besty, Morgan et Beverly puis Beverly, Betsy et Tamara (Xosia Roquemore) et enfin Beverly, Morgan, Betsy et Tamara.

OK, l’environnement de Mindy est peut-être aussi instable que sa vie sentimentale, mais elle peut compter sur sa meilleure amie, Gwen, incarnée par Anna Camp... jusqu’au moment où elle disparait. Mais des BFF, Mindy en a autant que de rouges à lèvres, elle en a des blondes, des garçons manqués, des qui parlent fort, des qui sont en fauteuil roulant et des qui couchent avec ses collègues. Elle a aussi un frère apprenti rappeur qui va à la fac.

D’accord, la saison 1 de The Mindy Project était peut-être aussi complexe à décrire qu’une saison de 24 : un gros boxon sans queue ni tête. Et il est très facile de se moquer de la série sous cet angle. Mais ça ne veut pas dire qu’il s’agisse d’une série ratée. Loin de là.
Tout comme elle ne sait pas quoi faire de sa distribution secondaire, Mindy Kalling ne semble pas savoir ce qu’elle veut faire de sa série. Est ce une comédie romantique ou une comédie de bureau ? Au final, peu importe, Mindy essaie tout. Et la saison 1 est l’endroit idéal pour expérimenter. Une chose est sure, entre le pilote et de le dernier épisode de la saison, il y a une constante dans la série : Mindy.

Mindy est personnage sans filtre qui dit tout ce qu’elle pense, c’est un peu comme si Cordelia Chase de Buffy avait fait des études de médecine. Et si Mindy Kalling n’a pas la plastique de Charisma Carpenter, elle a son inébranlable confiance en elle. Aussi efficace au travail qu’instable dans sa vie personnelle, Mindy Lahiri a des principes mais ne s’encombre pas du politiquement correct. Elle ne cherche pas à s’adapter à son environnement, c’est au reste de la planète de s’adapter à elle. Et elle est d’ailleurs prête à éduquer le monde sur ses idées. Mindy est une outsider qui ne s’est pas isolée à cause de ses différences, mais qui les affiche fièrement.

Quant aux changements de la série, ils sont bien souvent pour le meilleur. La rapide disparition du Dr Shullman, en charge du cabinet, lance une dynamique plus plus pertinente avec un management collégial entre les trois médecins, plus à même à être source de plus d’intrigues.
La pauvre Shauna, quant à elle, n’a pas eu grand chose à faire avant que Berverly ne revienne. Et l’arrivée de Ike Barinholtz, qui est aussi scénariste de la série, n’arrange pas les choses pour ceux qui ne sont ni Mindy, ni Danny tant il monopolise le reste du temps d’antenne. Quant à Gwen, sa meilleure amie, à la vie rangée et traditionnelle, elle remplissait plus une fonction qu’être un vrai personnage dans la série. Elle était la confidente et un miroir aux excentricités de Mindy, mais c’est aussi, de façon bien plus efficace, l’un des rôles de Danny. Sa kelleyrisation renforce le rôle de Danny.

Tout au long de la saison, il s’affirme dans son rôle de premier rôle masculin. Il est à la fois son antagoniste et son confident. On plonge dans sa vie personnelle, et même s’il a un côté un peu trop sérieux, il est une ancre solide dans un univers très changeant. Mais ce développement se fait au détriment de Betsy et surtout de Jeremy qui voient leur participation réduite, mais au moins ils ne rejoignent pas Shauna et le Dr Shullman.
On se retrouve alors avec une série à la structure qui se rapproche plus de 30 Rock avec un clivage entre les deux rôles principaux de la série et le reste de la distribution. Mindy et Danny deviennent les Liz et Jack de la série avec une dimension romantique en plus. Le reste de la distribution n’est utilisée que lorsque l’intrigue le demande.

La valse des copains de Mindy a l’avantage d’étoffer l’univers de la série. Ils ne sont pas de simples guests d’un épisode, mais deviennent, le temps de quelques épisodes, des personnages à part entière de la série. La série sait d’ailleurs tirer ses forces des stars invitées. Et on se fait rapidement à cet environnement en constante évolution car l’intérêt de la série ne réside pas dans les collègues ou les meilleures amies de Mindy, mais sur Kalling elle-même. Aidée de Chris Messina, elle porte la série sur ses épaules, on peut ne pas aimer ce qu’elle dit, mais si on adhère à son type d’humour, The Mindy Project est bigrement efficace et surtout lors d’un second visionnage.

En effet, le principal problème de la série venait de sa surpromotion lors de son lancement.

The Mindy Project était une série vendue comme un succès garanti tant par la chaîne qui voulait en faire un nouveau New Girl, que par des critiques trop enthousiastes. Quand la série est arrivée à l’antenne, elle était loin de nos attentes. Mais il faut aussi se rappeler que même Tina Fey nous a déçus avec les débuts de 30 Rock.
Ceci étant dit, lorsque l’on sait à quoi s’attendre, le second visionnage rehausse l’image qu’on se faisait de la série et y compris de ses premiers épisodes. Il apparait évident que Kalling voulait trop en faire, trop vite. Créer, produire, écrire et être le premier rôle de la série qui porte son nom est un peu trop pour elle.

Bien souvent, lorsqu’un humoriste développe sa série, il est associé à un scénariste qui développait un véhicule pour lui en fonction de ses forces. C’était le cas de Roseanne Barr, de Tim Allen ou de Ray Romano. Même la talentueuse Amy Poehler a choisi un projet au lieu d’en écrire un. Tina Fey a changé la donne. Mais Fey est une exception, Kalling, une voix comique forte, a besoin de support derrière la caméra.
Et c’est bien logiquement que lorsque ce renfort arrive de 30 Rock. Tracey Wingfield et Jack Burditt, deux anciens scénaristes producteurs de la série de Tina Fey, rejoignent la production de la série dans le dernier tiers de la saison. Il n’est alors pas surprenant que la fin de saison enchaîne les épisodes les plus efficaces.

Dorénavant, The Mindy Project se doit d’avoir pour mission de définir son identité. Elle doit confirmer les efforts faits en fin de saison. On peut se faire au casting changeant de la série comme une excentrique marque de fabrique de la série, un peu comme on s’est fait au titre idiot de Cougar Town. Tant que cela ne touche que les personnages secondaires ou tertiaires, ce n’est pas trop un problème.
En revanche, la série n’est pas exempte d’handicaps majeurs, et principalement son aspect comédie de bureau. Même si Kalling a été formée sur The Office, la vie du cabinet médical n’est pas un moteur comique efficace de la série. Cela vient tant de l’écriture que de l’exploitation de ses personnages secondaires. En effet, c’est un peu gênant lorsqu’on s’intéresse plus aux stars invitées qu’à la plupart de ses personnages réguliers. La valse des noms crédités à la série ne dérange pas, mais il faudrait leur donner un peu de matériel juste pour justifier leur présence.

Mais cela signifie aussi que la série fonctionne le mieux lorsqu’elle est centrée sur le relationnel de Mindy. Son auteur a peut-être une personnalité d’une adolescente rose bonbon, elle n’en est pas fleur bleue pour autant. Kalling est sans peur dans sa comédie, même si son nom est partout, il n’y a pas de vanité quand elle est source de ridicule. Il n’y a pas non plus d’apitoiement sur son sort parce que Mindy sait encaisser autant qu’elle sait attaquer. Et on nous rappelle régulièrement à quel point elle est efficace à son travail.

L’humour de Kalling n’est pas aussi universel que celui d’une Fey ou d’une Poehler, mais c’est une voix forte et unique à la télévision actuellement. La saison 2 positionne bien mieux la série que l’année dernière. Nous n’attendons plus que Kalling reprenne le flambeau de Tina Fey. On sait de quoi la série est capable mais on connait aussi ses limites, on demande juste à être conforté et qu’elle renforce les atouts de sa série. Et c’est un challenge bien plus facile à surmonter que d’être la nouvelle New Girl.

Conundrum