La semaine dernière, devant l’avant dernier épisode de Parenthood, lorsque Sarah annonce à son père qu’elle va se marier, il m’était impossible de ne pas pleurer. Et cela m’a vraiment surpris et un peu déstabilisé, je dois avouer.
Non pas parce qu’un mec, un vrai, ne pleure pas. Je suis assez confiant en ma virilité pour chialer devant Parenthood, mais parce que, tout comme je n’ai jamais eu de crise de fou rires devant une sitcom, je ne m’attendais pas qu’une série me provoque une si forte émotion. Repenser longuement à épisode, être perturbé, ou être touché par une série, m’arrive fréquemment. Mais provoquer une réaction instantanée comme un éclat de rire ou une crise de sanglots était une expérience nouvelle. Et il y a encore 3 ans, je ne pensais que Parenthood me ferait craquer.
J’allais parler du finale en faisant un parallèle avec le pilote, en parlant de ce qui m’a gêné cette saison, j’allais regarder l’épisode manière analytique mais à cinq minutes et deux secondes, une scène que j’avais déjà vu dans la bande annonce m’a fait à nouveau sangloter avant même le générique de l’épisode. Du coup, je ne vais pas parlé de ce que ne fonctionne pas dans cet épisode parce qu’avoir une réaction aussi forte au fait voir Amber sauter dans les bras de Crosby prouve que Katims sait ce qu’il fait. Même si toute cette intrigue sur The Luncheonette me semblait bancale et interminable.
Ce qui m’a le plus touché, et ce que j’avais oublié avant de revoir le pilote, c’est la force et l’importance de la relation Zeek et Sarah. Zeek était un personnage difficile, probablement le plus dur du pilote avec Amber. Lors de ce finale, il demande à Sarah s’il a été un bon père. En soi, sans avoir vu (ou revu) le pilote, c’est une belle scène, mais lorsqu’on se rappelle la scène où Adam explique à son père qu’il ne veut pas élever Max de la même manière dont Zeek a élevé ses enfants, elle n’en devient que plus forte. Le Zeek en fin de vie n’est plus le même que cet homme borné et égoïste du début (et milieu) de la série.
Et je me suis souvent plaint de l’incapacité des scénaristes à donner des intrigues solides à Sarah. Ce qui est d’autant plus frustrant qu’elle est notre John Carter de la série. C’est notre point d’entrée, celui dont le changement de vie s’inscrit dans la genèse de la série. Dans le pilote, Sarah retourne vivre chez ses parents. Et c’est un personnage souvent négligée. Si son histoire avec Hank est touchante, si sa découverte qu’il est atteint du syndrome d’Asperger est puissante, Sarah était même reléguée au second plan dans ses propre intrigue. J’aurais aimé plus la voir s’adapter et confrontée aux difficultés de partager sa vie avec une personne atteinte de cette condition. J’ai eu beaucoup de mal à m’attacher au personnage, jusqu’à ces deux derniers épisodes. Et dans ce finale, Katims m’a gentiment expliqué pourquoi.
Sarah et Zeke n’ont pas eu des intrigues aussi puissantes que la découverte d’un fils caché, que le cancer de son épouse ou des difficultés d’adoption et de couple. Sarah a souvent été éclipsée par le talent de Mae Whitman et la découverte tardive de ceux de Miles Heizer. Sarah a aussi souffert d’avoir un partenaire qui a gagné le seul Emmy majeur de la série (il est difficile de sympathiser avec quelqu’un qui fait souffrir ce pauvre Mark), et de finir avec un puissant Ray Romano. Et de par la structure de la série, Zeke et Camille ont souvent été relégués au second plan. Et lorsqu’on s’attardait sur eux, Zeke avait rarement le beau rôle.
Il était donc très facile d’éclipser Sarah et Zeek, qui, au final, malgré les grandes personnalités sont probablement les plus discrets des Braverman. Katims, par l’intermédiaire de Zeek dans cette belle scène où Hank vient lui demander la main de sa fille nous explique qui est Sarah et pourquoi elle est la préférée de Zeek. Sarah malgré tous ses problèmes n’a jamais été motivée par la recherche de choses matérielles. Elle ne cherchait qu’à se donner intégralement aux autres. C’est mielleux, mais c’est simple et vrai.
Sarah revient chez ses parents pour donner une meilleur vie à ses enfants. Elle s’est donnée entièrement à Seth, malgré ses problèmes. Elle s’est lancé dans une carrière d’auteur (de manière brève et agaçante mais avec succès). Elle cède aux charmes de son ex dans le pilote, pas à cause de son physique, mais à cause de sa sensibilité. Qu’elle se donne aux autres ou sa passion, c’est probablement la seule constante de Sarah et je n’y porté que très peu d’attention. L’autre élément auquel je n’ai pas attention, c’est la force de la relation Zeek et Sarah. Avec le recul, ce n’était pas un hasard qui les premiers symptômes des problèmes cardiaques de Zeek ont lieu lors d’un voyage père-fille à Las Vegas.
Mais ce lien spécial n’est pas arrivé tardivement. Aux tout débuts de la série Zeek essaie de convaincre Sarah de ne pas devenir serveuse pour subvenir aux besoins de sa famille, mais de poursuivre sa carrière d’artiste. Ce n’est pas sa mère, qui partage la même passion que sa fille qui la pousse, mais Zeke. Le même type qui pense que Max doit s’endurcir, le même type qui pense à avoir guéri Adam de sa sensibilité. Dès les débuts de la série, Zeek, pas le gentil patriarche de fin de série, mais l’homme rude du pilote, montre une affinité envers une Sarah qui a quitté le domicile familial de manière abrupte, qui n’a pas parlé à sa famille pendant plusieurs années. Quand Zeek explique que Sarah a été son professeur, c’est vrai. Ce n’est pas une ligne de dialogue qui cherche à donner de l’importance artificielle pour booster le niveau d’émotion. C’est une petite scène qui résume parfaitement la plus belle intrigue de la série.
Parenthood a eu des moments très forts , presque tout le monde a eu son quart d’heure de gloire en six saisons. Il y a beaucoup à retenir de la série. Il y a beaucoup à dire sur ce final. Je pensais que ce serait Max ou Hank qui me toucheraient le plus. Peut être même Amber et son frère ou Julia et Joel, que j’ai appris aussi tardivement à apprécier. Je savais que la mort de Zeke allait me toucher, mais je ne pensais pas que la relation entre Sarah et son père serait mon moment préférés de cet épisode. Le fait d’avoir mis cette scène avant le générique m’a totalement mis en condition pour l’épisode. Il n’y avait plus cynisme, je ne pensais plus que c’était la dernière fois que j’allais voir un inédit ou même à quoi écrire dans cette critique.
Et en soi, il y avait plein d’éléments obligés d’un dernier épisode, des flash forwards, un mort, un mariage, des bébés et des apparitions surprises attendues et inattendues qui nous font scander un puissant Clear Eyes ! Full Heart ! Can’t Loose ! Il y en avait d’autres un peu tirés par les cheveux. C’était un épisode réussi, une fin digne, mais c’est cette petite scène simple, qui se sera mon dernier grand souvenir de Parenthood, celui qui m’aura fait vraiment ressentir instantanément une émotion forte.
Encore une fois c’est totalement mielleux, comme tout ce qui se passe dans cet épisode, comme les paroles de la chanson du générique, qui avec d’autres acteurs, ou quelqu’un d’autre que Katims, m’aurait fait lever les yeux au ciel. Mais Parenthood a rendu très difficile de lever les yeux au ciel quand on sanglote.