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Iris in Treatment - Sur l’étonnement d’avoir le cœur brisé par la saison 4 de The Wire

N°2: Corners 2006 > Kony 2012

Par Iris, le 30 juin 2012
Par Iris
Publié le
30 juin 2012
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Il y a des séries qui demandent une introduction, qu’on les présente, qu’on les conseille. The Wire ne fait à mon avis pas partie de celles-ci, tant elle a déjà été discutée. Tout ce qu’on pourra en dire a déjà été dit, et probablement suffisamment bien pour que ça n’ait pas à être répété. Je n’ai du coup pas besoin de vous expliquer que c’est une fresque de Baltimore et de l’influence de la drogue sur cette ville. Que ce qui commence comme le combat de flics devient beaucoup plus.

Avant même de me lancer dans The Wire, je savais tout ça. Mais quand je m’y suis finalement risquée j’ai été un peu étonnée. Déjà parce que la série n’était pas aussi difficile à appréhender que ce à quoi je m’attendais. Mais surtout parce que si mon marathon de la première saison m’avait fait comprendre que la série était effectivement, comme les bruits de couloirs le voulaient, assez excellente, c’était tout ce qu’elle avait fait.

Je ne comprenais pas pourquoi tant de critiques ne juraient que par elle, je ne comprenais pas ce que pouvait bien être ce « beaucoup plus », qui me ferait parait-il revoir la série encore et encore.
Il m’a fallu 3 saisons et demie pour y arriver. Et je crois que je regrette un peu. Pas d’avoir mis aussi longtemps à le comprendre, mais simplement d’avoir compris. Parce que j’ai atteint un point de non-retour émotionnel que j’ai très rarement atteint devant une série TV, ou même devant de la fiction en général.

Tout a déjà été dit sur The Wire. Du coup ce que je fais n’a probablement aucun intérêt pour vous. Aucun intérêt pour vous. Parce que pour la première fois depuis longtemps après une saison de série, j’ai besoin d’en parler. Parce que j’ai vraiment l’impression d’avoir été un peu brisée, aujourd’hui, d’une manière dont je pensais pas pouvoir encore être brisée.

La saison commençait bien, pourtant, sur une de ces notes optimistes tellement rares pour la série. Cette saison, on allait s’intéresser au système scolaire. Prez, un de mes personnages préférés, qui avait grave merdé la saison dernière et s’était du coup fait virer, devenait professeur dans un lycée. Malgré ma haine d’Hilary Swank et de tous ces films où un prof sauve les élèves d’une classe de quartier défavorisé grâce au Pouvoir Des Livres Et Des Poètes Disparus, j’avais confiance en The Wire pour mieux gérer tout ça, pour ne pas verser dans les bons sentiments.

Ça, c’était au moment où je croyais encore qu’il pouvait exister des bons sentiments dans The Wire. C’était un peu avant que David Simons m’arrache le cœur, aux alentours de l’épisode 12, point culminant de la descente en enfer, dans des enfers plus grands, qu’a été cette saison 4. Non, tout ce qu’on y a vu, c’était que les enfants grandissant dans ces rues de Baltimore étaient condamnés. A avoir trop vu, trop jeunes. A être bousillés, même si une porte de sortie leur est offerte.

Et c’est ça le plus douloureux au final. C’est le moment où tu comprends que tout ce que tu as vu jusqu’à maintenant, ce n’était pas vraiment des choix, juste une conclusion logique. Le précipité obtenu quand tu places une solution B dans une solution A.

Et ça fait très mal. Même quand tu as conscience du monde dans lequel tu vis, même quand tu sais que tu es chanceuse d’être née dans un pays privilégié, même quand tu as déjà été confrontée en vrai à ce que la drogue pouvait bousiller. Ça fait mal et ça fait peur. De s’attacher à des personnages, et de réaliser progressivement qu’ils n’auront sûrement même pas droit à un bittersweet ending. Que même celui qui s’en sort le mieux n’a tout de même pas vraiment de quoi être heureux.

Et là logiquement, je devrais poursuivre mon marathon, enchaîner avec hâte sur la cinquième et ultime saison. Mais je doute que ce qui suivra change quoi que ce soit à mon opinion sur la série, ou plus précisément à ce que j’en retiendrai. J’ai oublié les flics, Omar, Stringer Bell, les Grecs, Marlo et les crimes. Tout ce que je garde en tête, c’est les enfants, et leur absence de futur.

Iris
P.S. Non mais oui, je vais regarder la saison 5. Quand mes yeux auront dégonflé.