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21 Drum Street - Shonda Rhimes contre Amy Sherman-Palladino : Round 1

N°1: Ta Gueule, T’es Moche : Shonda Rhimes

Par Conundrum, le 3 juillet 2012
Publié le
3 juillet 2012
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Juste au moment où Scandal me laissait croire que Shonda Rhimes n’était pas la petite sœur de 14 ans d’Aaron Sorkin, elle a commencé à se plaindre sur Twitter de Bunheads, la nouvelle série d’Amy Sherman Palladino. Et elle aime se plaindre la Shonda, et même en moins de 140 caractères elle réussit à être pénible.

Malgré la diversité de la distribution de Gilmore Girls, il est évident que le fait qu’il n’y ait pas une seule danseuse de couleur parmi les gamines de Bunheads est la preuve irréfutable qu’Amy Sherman Palladino doit avoir une coiffe du Ku Klux Klan dans sa large collection de chapeaux.

C’est vrai, les distributions respectives des séries de Shonda pourraient être les sujets de pub pour Benetton. D’ascenseurs qui parlent [1] aux explosions de Coach Taylor, les actrices américaines de toutes origines ethniques ont le privilège de vivre la totalité des situations que Shonda la Merveilleuse peut imaginer.

Même si je dois avouer que le manque de diversité peut de temps à autre me gêner, le pilote de Bunheads ne m’a absolument pas dérangé pour la simple et bonne raison qu’il s’agit d’un pilote bien écrit.

Ce qui m’agace, en revanche, c’est l’utilisation d’acteurs de couleur juste pour en avoir. Je pense à Ashley dans Revenge, par exemple. Il s’agit de l’archétype de personnage de minorité que je n’aime pas : le personnage est extrêmement mal défini et a une personnalité changeante tous les trois épisodes. Elle semble être là uniquement pour remplir un quota moral, de façon à éviter qu’on critique Revenge sur la blancheur de son casting.

United Colors of Shonda Rhimes
Amy et ses amies blanches

Je ne dis pas non plus que chaque acteur issu d’une minorité doit être un porte-parole avec un message de tolérance. En revanche, un personnage bien écrit doit avoir de la profondeur, et son origine ethnique, sans être l’unique trait de caractère du personnage, peut être un atout en plus.
Lane Kim de Gilmore Girls n’était pas juste l’amie coréenne de Rory. Certes, le conflit culturelle entre ses envies en contradiction avec les attentes de son entourage était l’une des marques du personnage, mais c’était aussi une jeune femme qui cherche à vivre de sa passion, la musique. C’était une jeune femme qui s’est marié jeune. C’était aussi une jeune mère. Indépendamment de ses origines, il s’agit d’histoires qui peuvent résonner auprès de toute une audience, coréenne ou non.

Récemment, Iris (tellement caucasienne qu’elle est suisse) nous parlait de son attachement à Abed de Community. En tant que musulman d’Afrique du Nord, l’un des personnages qui me touche autant qu’Abed touche Iris, est Leslie Knope. J’admire le fait que son patriotisme vienne d’une volonté de toujours aider les autres, j’admire son ambition qui n’est pas teintée de soif de pouvoir, j’aime le fait qu’elle assume sa personnalité sans aucun embarras. C’est le seul personnage de fiction que j’admire. L’arabe du 93 que je suis admire la petite blonde employée de mairie du fin fond des États-Unis.

Alors, plutôt que de se plaindre du fait que sa fille ne puisse pas s’identifier à une petite ballerine black, Shonda devrait être heureuse de voir des personnages si bien écrit qui puisse parler à plusieurs générations.
C’est un fait assez rare pour être signalé. D’autant plus que la distribution de Bunheads est formée quasi intégralement de femmes. Et elles ne sont pas sujettes à une vie de banlieue à la fois déprimante et tellement dangereuse. Elles ne sont pas non plus au centre de mystères revanchard ou d’imbroglios romantiques.

Bunheads n’est pas une série révolutionnaire, c’est sûr mais elle ne mérite vraiment pas qu’on l’attaque sur ce terrain.

Conundrum
Notes

[1Non, non, je n’ai pas oublié le pilote de Private Practice