L’avis dépité de Jéjé sur Mulder and Scully Meet the Were-Monster m’avait conditionné à aimer l’épisode dans le but de rédiger un « Tu sais que tu as tort ».
Oui, l’esprit de contradiction est bien plus fort que l’objectivité chez le perdusien, c’est bien connu. Et le début de l’épisode, malgré ses défauts, me laissait entrevoir que cette ligne directrice pour ma critique était dores et déjà trouvée… jusqu’au dénouement raté et un peu insultant. Ce ratage d’une bonne idée de base de manière grossière et sexiste, que même l’enthousiasme des acteurs n’arrive à sauver, m’a quand même fait vérifier que l’épisode n’était pas écrit par Steven Moffat.
L’idée de ce retour de The X-Files est de proposer un florilège d’épisodes types de la série écrits par des scénaristes marquants de l’époque. Avec Mulder and Scully Meet the Were-Monster, Darin Morgan s’attelle à l’opus léger dans la lignée de Dreamland ou Jose Chung’s From Outer Space.
Si l’épisode décoche quelques sourires et surtout fait très plaisir dans le choix de ses acteurs invité comme l’humoriste Kumail Nanjiani ou Rhys Dharby, il finit par rapidement devenir agaçant. Mais avant de s’attarder ce qui pose problème, on peut mettre en avant la (seule ?) qualité de l’épisode : la gestion du temps qui passe.
Si, pour le moment, ce retour de The X-Files a une odeur de renfermé, c’est que la série ne semble pas juste reprendre une dizaine d’années après l’ultime épisode. Elle semble avoir cryogénisé ses personnages et les avoir réveillé 15 ans après.
Un Mulder vieillissant qui ne sait pas se servir de son portable ou qui, dixit Scully, ne devrait pas passer trop de temps sur internet est un peu inquiétant. J’espère qu’un agent du FBI, censé être apte à résoudre des situations dangereuses, réfléchir rapidement, et émettre des théories réfléchies et pertinentes ne serait pas mis en échec par un iPhone 6.
Il y a aussi cet impression que Darin Morgan n’a pas vraiment écrit un nouvel épisode de The X-Files, mais a juste ressorti un vieux scénario des années 90 tant certaines scènes paraissent désuètes. Entre celle où Mulder discute avec Scully en faisant l’argumentaire et la ridicule scène où Guy raconte comment Scully l’aurait séduite au bureau, on a l’impression de retrouver une vieille série. Et pas une bonne vieille série. Une qui a recourt à la facilité et qui semble ne pas prendre en compte que son public ne répond plus à des stratagèmes aussi revus et sur utilisés.
Bon, j’ai dit plus haut que j’allais dire du bien, et pour le moment, ça n’en a pas trop l’air, mais j’en viens à mon argument. L’une des idées de cette nouvelle mouture de The X-Files est l’impact du temps qui passe sur Scully et surtout Mulder. Ce dernier ne croit plus à sa quête de la preuve de l’existence des extraterrestres et, cette semaine, ne croit même plus à l’idée même de monstres à l’origine inexpliquée et aux phénomènes paranormaux. Si l’épisode de la semaine dernière laissait entrevoir la vie que Scully et Mulder aurait pu avoir s’ils avaient fait des choix plus conventionnels, Mulder est un homme d’âge mur qui craint d’avoir gâché sa vie sur des futilités.
Revivre le passé en explorant ses vieux dossiers avec un œil mature montre l’importance que l’on a accordée à des évènements qui ne le méritaient peut-être pas. Si l’idée d’un animal devenu lézard garou après avoir été mordu par un humain a du mal à passer, elle recharge un peu les batteries d’un Mulder qui en a bien besoin. Et cela est parfois fait avec humour, comme les réactions de la vraie Scully, ou entendre Rhys Darby appeler son chien [1], ou les motivations du meurtrier de l’épisode, l’épisode ne peut s’empêcher de se moquer des femmes, des transgenres, des psychologues et un peu de la gueule de son téléspectateur aussi.
Bien sur, Darin Morgan trouve le moyen de se dédouaner, après tout, les aveux de Guy se font devant un Mulder en état d’ébriété et Scully a son explication scientifique. Il n’empêche, qui si on met les défauts de l’épisode de côté, explorer le temps qui passe est une bonne idée, mais le marteler aussi fort avec des épisodes qui utilisent des ficelles trop usées ne renforce pas le point, mais donne l’impression de voir une série qui n’a pas vraiment de raisons d’être à l’antenne.
Nous sommes à la moitié de la saison, et pour le moment The X-Files peine à convaincre, il ne reste pas beaucoup d’épisodes pour rattraper le coup et surtout pour donner un peu de texte à Mitch Pillegi.
[1] Daggoo !