1.11 - Hairography

De qui Rachel est-elle amoureuse cette semaine ?

Puisqu’elle est la seule à savoir chanter et qu’elle est blanche, Rachel a une nouvelle intrigue cette semaine : comment réussir à séduire Finn. Mais attendez, où ils en étaient ces deux-là ? A priori, depuis l’épisode deux où le pauvre garçon n’avait pu résister à un baiser jouissif (littéralement), il n’y avait plus grand-chose de nouveau.
Rachel avait eu tout le temps de tomber amoureuse de celui qui la martyrisait jadis, puis de son prof de chant et sûrement de Shaft ou Asian. Pendant ce temps, Finn s’est enfoncé dans une intrigue de bébé parfaitement ridicule (Quinn met trois siècles à prendre du ventre et pleure à chaque fois qu’on mentionne la gnome qui pousse en elle).
Du côté des adultes, il y a eu des triangles amoureux dont on ne parlera pas ici. Pas sous prétexte qu’ils plombent la série, mais juste parce qu’on n’en entend pas parler cette semaine. Ou celle d’avant, pour ce que ça vaut.
En revanche, c’est Sue qui revient sur le devant de la scène. Après ne pas nous avoir ému avec sa sœur et son traitement pathétique d’une jeune handicapée, elle redevient la méchante diabolique qu’elle se doit d’être dans un programme aussi profond que Glee.
Au détour de l’épisode, Eve vient dire bonjour. Et je crois que question guest star, je préfère de loin Kristin Chenoweth... Même pas une petite chanson Eve ? Plus personne ne sait qui tu es de toute façon !

Gâchis télévisuel

Je vais essayer de comprendre pourquoi Glee ne marche pas. Si je devais me contenter de dire « c’est nul », je n’en ferais pas une review. Je pense que la série a des qualités, autrement j’aurais abandonné depuis longtemps. Mais j’ai conscience que ces qualités sont trop minces pour en faire un bon programme.

Le premier défaut qui me vient à l’esprit, c’est le traitement des personnages. Tout le monde sait qu’une bonne histoire ne peut se raconter sans bons personnages. Ce n’est pas que les clichés du pilote n’étaient pas d’honnêtes points de départ, c’est que ces clichés n’ont jamais été réellement dépassés. Ou quand ils l’ont été, c’était de manière tellement maladroite qu’on ne pouvait que s’apitoyer.
Il y a un énorme mépris qui se dégage de la manière dont on nous présente les personnages. Je suis un peu choqué par le nombre d’abrutis revendiqués par la série. Finn, par exemple, est un adolescent avec deux neurones, incapable de comprendre qu’il n’a pas pu mettre sa copine en cloque en éjaculant dans un jacuzzi. Brittany représente le cliché ultime de la blonde décérébrée. Quant à Mercedes, pour le peu qu’elle fut développée, son attitude navigue entre hystérie incompréhensible (She busted the window of his car !) et jugement moral sorti de nulle part (Non, tu ne diras pas à ton meilleur ami que le bébé de sa copine est de toi).
Au-delà de ce problème flagrant, on s’est vite rendu compte que les relations entre les personnages étaient superficielles à un point aberrant. Quelqu’un a-t-il vu les amitiés se construire ? Les relations évoluer ? A peine entrés dans le Glee Club qu’ils étaient tous plus ou moins les meilleurs amis du monde. Brittany dansait chez Kurt, Puck prenait la guitare pour que le groupe s’amuse... Quant à Rachel et Finn, ils ne semblent liés à aucun de leurs camarades, trop occupés dans leurs intrigues parallèles aussitôt nées aussitôt avortées. Qui se souvient de la super intrigue de « Rachel se lance en solo pour deux épisodes » ?

Au lieu de perdre son temps avec des intrigues bouclées, qui ne mènent donc nulle part et qui sonnent faux, la série aurait du prendre son temps, poser les personnages, les laisser se découvrir, discuter. La série a agi comme si le spectateur connaissait déjà ces ados. Or certains sont encore des étrangers aujourd’hui. Notamment Tina et Artie qui, en dehors de l’exception qu’était l’épisode précédent, se contentent d’ouvrir la bouche lorsque la musique se lance.
C’est d’autant plus désagréable que l’on ressent chez les acteurs une bonne capacité à donner vie à leur personnage. Les numéros musicaux sont souvent le moment où ils sont les meilleurs. Débarrassés de leur ligne de dialogues imbéciles, les jeunes échangent des regards, des sourires, qui en disent toujours plus long que ce qu’ils doivent débiter. J’ai notamment en mémoire la chanson Sweet Caroline où j’avais été surpris de voir autant d’acteurs rendre compte des émotions de leurs personnages en quelques regards.

Oui mais et l’épisode alors ?

L’épisode n‘est pas le plus horrible de tous. Sans sortir des sentiers battus et offrir des développements psychologique qui se poursuivront à l’avenir, les scénaristes ont au moins su se servir des intrigues précédentes pour orchestrer leur scénario. L’autre pom-pom girl qui sortait avec Puck en début de saison fait une crise de jalousie à Quinn, jalousie qui fait très cheveux sur la soupe, mais l’intention est là. Kurt manipule Rachel car il est secrètement amoureux de Finn, un sentiment dont on attendait l’impact depuis l’épisode 3, il était temps. Quinn vérifie si Puck pourrait lui convenir : seul développement qui s’étirait sur chaque épisode depuis un moment.

Au niveau musical, le correct se mêlait à l’affreux. Je n’ai aucun problème à ce qu’ils reprennent des chansons braillées par Beyonce et ces copines Enfants de la Destinée. Qualitativement parlant, on ne remarque guère de différence entre les morceaux originaux et ceux de l’épisode.
Quand il s’agit de chansons pour lesquelles j’ai un peu plus de considération, les choses commencent à se gâter. Papa don’t preach est fredonné par une Dianna Agron qui n’a pas beaucoup de voix, mais l’absence d’artifice et le fait que la chanson colle bien au personnage font passer la pilule. Par contre, quand des sourds dont l’épisode se moquait déjà plus tôt dans l’insupportable « scène avec le prof sourd » se mettent à détruire Imagine ça se gâte sérieusement. Ce passage est profondément désagréable. D’abord, l’absurdité de faire chanter de jeunes sourds paralyse, mais quand les petits cons se lèvent pour les accompagner et imiter le langage des sourds, on imagine bien Lennon se retourner dans sa tombe. Peut-être que si les protagonistes de Glee avaient été mieux écrits depuis le début - disons s’ils avaient ressemblé à ceux de My So-Called Life- leur démarche aurait semblé moins insupportable. Mais ce qui m’est immédiatement venu à l’esprit, quand Mercedes se prend l’envie de chanter, c’est qu’ils "montraient aux sourds comment on fait".
Je sais bien que la série s’essayait à un moment poétique, que les héros, pris d’un soudain élan d’empathie pour les autres, se joignaient aux sourds, tentant de coller à leur langage tout en chantant les paroles de Lennon. Mais je ne sais pas s’il aurait été possible de réussir cette scène ou si, quoiqu’il arrive, c’était une mauvaise idée dès le départ. Non, je ne sais pas…
Quant à True Colors, ma foi c’était suffisamment sobre et laissait, une nouvelle fois, la pare belle aux jeux de regards, pour que j’apprécie la séquence à tout point de vue.
J’ai failli oublier le passage Grease, mais en même temps, je pense que personne n’a besoin de moi pour se dire que c’est honteux de reprendre le morceau enregistré lors du pilote.

A la fin, Sue lance une piste pour les prochains épisodes. On ignore si Eve et le prof au nœud de papillon sourd se sont saisis des listes des chansons pour les Sectionnals. Mais en même temps, qu’est-ce que ça peut nous faire ?