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Mégalopolis
9021No
Septembre 2008
lundi 15 septembre 2008, par
Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître...
Beverly Hills, à ces débuts, n’était pas un soap ridicule sur la vie de gens affreusement riches et beaux dont les principaux problèmes étaient des amnésies, de jeunes mariées qui explosent dans des voitures, être harcelée par une lesbienne psychopathe ou Hillary Swank. Beverly Hills, à l’origine, avait pour but d’être une version adolescente de Thirtysomething. Évidemment, le pilote daté de 1989 est loin du résultat mais c’était une série sans trop de prétention, un peu kitsch même pour l’époque, interprétée par des acteurs beaucoup trop vieux pour leurs rôles, sur une famille attachante qui arrive à Beverly Hills. Son succès a lancé toute la vague de teen dramas, de La Vie à Cinq (développée comme un compagnon de Beverly Hills) à The O.C. (perçue et présentée comme un nouveau Beverlly Hills) en passant évidemment par l’arrivée de tout un network, The WB.
Le succès était tel que Beverly Hills était devenu l’un des trois programmes, avec Les Simpson et Mariés, Deux Enfants, qui servaient à définir l’identité de la FOX. L’intérêt de la série s’est vite dilué, mais sa longévité, jamais égalée par un teen drama, montre l’impact que la série a pu avoir. Son premier spin-off, Melrose Place, est devenu aussi populaire. L’annonce d’un deuxième spin-off n’était pas si étonnante que cela. Beaucoup de séries se sont inspirées de Beverly Hills sans égaler le succès commercial de l’original. Et le public qui a grandi avec la série lui garantit une cible beaucoup plus vaste qu’un Gossip Girl ou un Privileged.
De plus, le pédigrée du talent derrière la caméra, Rob Thomas, Gabe Sachs et Jeff Judah, combiné avec des acteurs talentueux, Jessica Walters et Tristan Wilds, donnent un cachet et un respect critique qui manquaient à la production de Spelling. Alors, que s’est il passé pour arriver à un tel gâchis ?

La première scène met en avant le principal problème de la série. Sur une bande son qui pourrait être tirée d’un épisode de The O.C., les Walsh 2.0 arrivent dans leur voiture toute pas propre dans les luxueux quartiers de Beverly Hills. Et l’actrice qui joue Annie, la Brenda Walsh de nos petites sœurs, semble jouer dans un état d’ébriété particulièrement avancé. J’applaudis le choix artistique, choix qu’elle décide de maintenir pendant tout l’épisode, sans trop le comprendre. Et l’alcoolisme juvénile n’est pas le seul problème de l’actrice, en bon jeune talent hollywoodien, elle l’associe à un prénom ridic…atypique, Shenae, une anorexie de rigueur.
Le reste de la famille s’en sort à peine mieux. Tante Becky paraît être particulièrement énervée pendant la totalité du pilote et les limites du talent de Rob Estes sont atteint dans les 4 premières minutes. Le jeune homme de The Wire s’en sort plutôt bien, et Jessica Walters nous joue une Lucille Bluth sans dialogue écrit par Mitchell Hurwitz. Et on découvre le second problème de la série. 90210 en plus d’être mal joué, est mal écrit.
Certes, on aurait pu se douter qu’en dehors de Palm Beach ou de Melrose Place, Rob Estes n’aurait pas le talent d’un Peter Gallagher et que Tante Becky, c’est pas Kiki Cohen. Mais un script de Rob Thomas revu par des gens talentueux qui ont travaillé sur Freaks and Geeks, Undeclared et Life as We Know It devrait être plus drôle, plus cynique, plus… mieux. Il est juste très conventionnel. Les scènes d’exposition sont expédiées en 4 minutes, il faudra moins 5 minutes à la première meta-référence facile (sur la fille d’Andréa Zuckerman) et en 20 minutes, tous les personnages principaux sont introduits sur une bande son de plus en plus agaçante. Le scénario remplit sa mission sans aucune originalité. Il y a des moments drôles ici et là qui nous rappellent le passé des scénaristes (le passé musical d’Annie, la jeune "emo" bouleversée par la rupture de deux protagonistes), mais ils sont trop rares. Le scénario semble avoir été édulcoré par la CW et le studio.
Les meilleurs moments sont ceux avec les acteurs d’origine, Jennie Garth et Shannen Doherty. Ils reposent plus sur la nostalgie et une curiosité un peu malsaine, mais ils sont efficaces. Kelly est une conseillère d’éducation et Brenda est une actrice/réalisatrice. On ne sait pas trop ce qu’est devenu le reste, mais je peux vous dire que Steve Sanders est devenu l’associé d’un maitre de Donkey Kong égocentrique (si vous ne me croyez pas, allez vite voir l’excellent documentaire The King of Kong).
Si la série jouait davantage sur un double niveau, elle aurait pu satisfaire un public jeune et les adultes qui ont grandi avec le drama original, et on aurait pu avoir une meilleure série. Mais 90210 est un produit bien formaté, mal joué, qui ne donne pas envie de revenir en deuxième semaine et qui manque cruellement du charme de l’original. Vu que l’original n’était pas une série de grande facture, il ne reste plus grand chose à la série.
Oh, et qu’est ce que c’est que ’générique’ tout naze ?!?