IMPRESSIONS – Les Beaux Mecs : Episodes 3 et 4
Tony se venge
Par Dominique Montay • 23 mars 2011
Après chaque diffusion, Le Village revient sur les épisodes de la série de France 2 « Les Beaux Mecs », l’évènement européen télévisuel de ce printemps.

On aime :

Les pré-génériques. Dans beaucoup de séries françaises, on râle souvent sur les erreurs de technique sérielle. Les cliffhangers, on en parlait la semaine dernière. Mais si on prend par l’autre bout, on voit que les pré-génériques ont été travaillés, et très certainement pensés (donc écrits) comme tel.

Les gardiens de cimetière père et fils. Véritable histoire dans l’histoire que ce duo improbable entre un père frappé d’Alzheimer et son fils qui passent leur vie à enterrer des gens pour qu’on s’en souvienne et à aider le grand banditisme à en faire disparaître d’autres pour qu’on les oublie.

La réaction de Kenz face à un vrai meurtre. La grand gueule se tait. Son mutisme montre une profondeur chez le personnage encore juste effleurée pour l’instant.

La vengeance de Tony chez Monsieur Jo. C’est d’une violence intense, quasi-insoutenable, même si la scène, plus graphique dans sa version (peut-être) DVD a été censurée pour la diffusion. Toujours est-il qu’un scalp, montré ou pas de manière frontale, ça reste violent, et risqué.

Olga, personnage qu’on a des difficultés à cerner mais qui est incarné avec réussite par Abril. Tantôt manipulatrice, tantôt soumise, tantôt aidante, tantôt traîtresse. Un personnage plein de dualité qui a le mérite d’être interprété par une grande comédienne. Ça aide.

Les "sales gueules" des « Beaux Mecs ». Le vieil ami propriétaire d’un bar, pleutre affiché, l’avocat qui ne sait que louvoyer, tous les deux ont des gueules, des vraies, dans la pure tradition du cinéma des seconds rôles français pré-Nouvelle Vague.

Le règlement de compte au final, pathétique, entre deux personnages de l’histoire, qu’on sait peu habitués à aller au combat. On sent dans la façon dont l’un tient un pistolet tout le poids du meurtre. C’est juste et ça donne une scène très forte.

Le personnage du frère de Caroline Ducey, petit trafiquant révolutionnaire qui devient fabricant de narcotique pour le grand banditisme, et dont la vie est foutue en l’air par Tony.

Le cheminement du personnage de Guido, qui passe de jeune homme fringuant au regard perçant, qui devient un homme un peu grassouillet, usé et engoncé dans une caravane. Un destin qui expurge toute dimension romanesque à la condition de mafieux.

Le final chargé de références. On a pèle-mêle « Rio Bravo », pour l’idée du siège, Clint Eastwood, pour la façon dont Tony décide de prendre les armes et de dire "C’est plus le moment de parler", et enfin « True Romance » avec la confrontation des deux menaces qui pèsent sur les héros : les jeunes de Banlieue et les Balducci. La façon dont tout se règle : par un coup de tchatche de Kenz, est non seulement drôle, mais extrêmement bien sentie. De plus, cette scène permet de faire comprendre à Tony en quoi Kenz peut l’aider dans sa quête.

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Le siège de l’appartement de Nassima
"C’est plus le moment de parler..."

On aime moins :

La nullité de la police, et la mise en confrontation un peu simpliste de bébés-flics face à un vieux briscard (Janvier) qui sait tout. Les scènes les mettant en confrontation sont trop calquées les unes avec les autres.

Le personnage de Caroline Ducey et sa storyline (surtout celle concernant le trafic d’armes), même si ça fait plaisir de revoir une actrice qui a joué au mauvais moment le mauvais film et en a payé de sa carrière. Pour elle, le principe de montrer une évolution sur 10 ans est très coûteux, dans le sens où toute sa progression semble trop rapide. On n’est pas là devant un problème de cohérence, mais plutôt de rythme.

Qu’Olga soit assez crédule pour aller se jeter dans la gueule des Balduci. Même après coup, je n’ai pas compris pourquoi elle allait les voir pour leur parler. Après ce qu’elle met en place, elle doit avoir plus de jugeote (surtout après avoir traîné dans le milieu pendant toute sa vie) et fuir. Et non, elle se met en danger, dans une manœuvre qui pourrait même être comprise comme un suicide.

Post Scriptum

Crédit photo :
Laurent Denis
Thibault Grabherr