JOURNAL D’UN TYPE QUI NE VA PAS A BIARRITZ - 1x03
Episode 3 - Alcoolisme, explosifs et des gens propres tout nus
Par Dominique Montay • 28 janvier 2011
Chaque jour, pendant que certains se font dorer la pilule aux frais de la princesse, je viendrais vous parler du quotidien de quelqu’un qui n’a pas pu aller à Biarritz au FIPA. Et ce quelqu’un, c’est moi.

Plusieurs jours déjà que je ne suis pas à Biarritz (insérez musique triste au violon ici). Le directeur, Carine et Numéro 3 depuis peu, passent leur temps entre salles de projections pour y voir des fictions sur les asiles psychiatriques, la guerre ou encore les femmes battues. Et le reste du temps, ils sont au Bistro. En même temps, peut-on y voir un lien de cause à effets ?

Afin d’éviter à leur retour de sombrer dans la dépression et l’alcoolisme, j’ai décidé de vendre mes services au plus offrant et donc de passer d’un médium sans crédibilité et hors-la-loi (souvenez-vous, le téléchargement, c’est mal) : Internet, pour aller travailler dans un médium respectable. Après j’ai le choix, Télé, Radio… Papier (les points de suspension étaient là pour personnaliser le temps que j’ai mis à vérifier mon affirmation, mais après enquête, oui, les journaux et magazines papiers existent toujours : INCROYABLE !).

Une petite chaîne

J’ai commencé par la télévision. Me voilà dans des bureaux cossus, bien situés et pas loin de chez moi. Afin de rendre ma visite d’apparence capitale (je n’ai pas de rendez-vous vu que j’ai pris ma décision 2 heures avant), j’ai le corps recouvert d’explosifs. Mais sachant que je suis bien élevé, je reste très stoïque, affable et poli, les gens qui m’adressent la parole sont autant terrifiés que dubitatifs. Toujours est-il que j’ai mon rendez-vous. Le type a une coupe de cheveux d’adolescent romantique de plus de cinquante ans, le regard triste et la moue peu avenante. Je me demande s’il est dépressif et aime vraiment ce qu’il fait. Bref… il me dit qu’il est prêt à m’écouter, qu’on me prend au sérieux parce qu’il est le Directeur de la chaîne. La classe. Je lui annonce mon projet : une émission qui parle de séries, avec des interview, et du fond. Il me regarde l’air circonspect et me demande ce que c’est une série. Je lui explique. Il a l’air content car il m’annonce après coup qu’il en a plein comme ça sur sa chaîne. Il développe. Sa vision du terme série m’étonne, surtout quand il m’annonce que sa prochaine « série », raconte l’histoire d’un type qui va chez les gens pour leur expliquer comment se laver (bien utiliser son savon, douche ou bain, lavage des dents...) et que ça s’appelle « Propre tout nu », et que ça lui coûte 25 euros l’épisode. Toujours poli, je décide de quitter la réunion. Je n’avais pas fais gaffe. J’étais chez M6.

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Mon kit de négociation
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La tournée des ondes

Toujours recouvert d’explosifs, je laisse tomber les télés pour passer aux radios. A la maison de la radio, je croise des comiques chroniqueurs virés, d’autre fraîchement embauchés. Ça m’angoisse, je pars. Dans une radio parisienne locale que je ne nommerais pas, je croise son propriétaire, un animateur/producteur/humoriste(?) que je ne nommerais pas non plus. Vu que je n’ai pas mon crucifix, ni mes livres d’incantations, je préfère fuir. Dans l’ex-radio Monte-Carlo, on m’a gentiment dit que je n’arriverai jamais à parler assez fort, et que ma voix serait couverte par les jingles. Reste Europe 1. Passer du Village à Europe 1, ça me semblait cohérent. Enfin, surtout pour le côté Europe. J’ai tout tenté. Dans ma dernière offre, j’avais même accepté de me faire implanter une poitrine (je ne sais plus pourquoi, ne me demandez pas), mais rien n’y fît. Ma période de négociation fut un échec. Ce n’est qu’en rentrant chez moi que j’ai remarqué que j’avais un argument de poids que je n’avais pas utilisé : ma ceinture d’explosifs. Merde… au bout d’un moment, à force de porter un truc, on l’oublie…

Même pas assez de force pour contacter la presse papier… en plus, je n’ai jamais apprécié les ambiances « fin du monde ». En fait, je ne suis pas si mal que ça, au Village. Bon, je ne suis pas allé à Biarritz voir le gotha de la télé ? En même temps, ils y seraient allés au mois de juin, j’aurais eu des raisons de faire la gueule. Là…

Pardon

Bon, maintenant, il faut juste espérer qu’ils ne m’en voudront pas trop, ou bien qu’ils n’ont pas lu mes articles. Et il faut que je change de numéro. Le directeur de chaîne à la coupe d’adolescent romantique n’arrête pas de m’appeler pour que je fasse cette émission qui s’appellerait « 100% Séries », vu qu’il doit faire la promo de « Cherche travail désespérément », un truc de relooking extrême pour trouver du boulot, « On a échangé nos voitures », un concept qui parle de lui-même, et « Le dîner est dans le pré », sur des gens qui font des pic-nics et qui élisent à la fin le meilleur pic-niqueur. J’angoisse.

Je crois que j’ai fais une grosse connerie…

Dernière mise à jour
le 29 janvier 2011 à 00h07