MINI-SERIE – Manège
Série Club s’associe au Sidaction en fiction
Par Sullivan Le Postec • 25 mars 2010
Pour sa première dans le domaine de la fiction originale, SerieClub s’associe à la lutte contre le Sida avec « Manège », une mini-série programmée à l’occasion du Sidaction 2010.

Faire une fiction dont la thématique première est le Sida suppose de réfléchir sérieusement en amont au public qu’on veut viser. Rien qu’à cause de cela, on comprend que l’on en voit pas souvent en France.

Deux options sont possibles. La première, celle de l’« Angels in America » d’HBO, par exemple, est d’en faire une fiction à la fois de prestige et de niche, qui assume qu’elle risque de désintéresser une partie du public et s’adresse à une frange intéressée et/ou concernée et/ou amatrice de fictions haut de gamme abordant des sujets pointus. L’autre approche et de s’inscrire dans le domaine de la prévention, et donc de chercher à s’adresser au grand-public. Il s’agit alors d’être suffisamment engageant et subtil pour arrondir les angles.

C’est la deuxième option qu’a choisie « Manège ». Diffusée à l’occasion du Sidaction, cette mini-série de sept fois 5mn cherche de façon poétique à sensibiliser au fait que chacun peut vivre avec la maladie. Le mot Sida n’est jamais évoqué. Il est symbolisé à l’écran par un stylo siglé du logo du Sidaction, et qui passe de personnage en personnage au fil du récit. Seul les derniers instants du dernier épisode traduisent concrètement à l’écran la présence de la maladie chez ces personnages, même si on reste là-aussi dans le domaine de l’évocation plus que du martelage.

Située dans un quartier parisien, « Manège » s’intéresse à sept personnages – chaque épisode se focalise plus particulièrement sur l’un d’eux. Mais les autres continuent néanmoins à exister, ces personnages se croisant et s’entrecroisant au fil du récit. Ce qui fait la réussite de « Manège » – car le programme est très réussi – c’est que tout en restant extrêmement positifs et touchants, les portraits présentés évitent le trop plein de politiquement correct. Ces personnages ont des parcours très différents, certains à même de choquer une ménagère ou deux. Mais on s’attache néanmoins, avec une réussite certaine, à nous faire entrer en empathie avec chacun d’eux.
Révélateur du succès d’une approche beaucoup plus osée qu’il n’y paraît, l’épisode le plus réussi est peut-être celui qui s’intéresse au personnage de Valentin. Le jeune toxico se fait une ligne dans un taxi et, n’osant pas écouter les messages sur son répondeur, demande au chauffeur de taxi parisien le plus sympa à avoir jamais existé de les écouter à sa place. Pas vraiment le portrait robot du héros-positif qui hante la fiction télé française.
On retrouve aussi au casting une mère célibataire prostituée en passe de s’affranchir, un sans-papier, un couple gay, une artiste en devenir, une fleuriste sympa et un barman on ne peut plus maladroit en amour. Un paysage de personnages divers qui ose donc intégrer des profils pas traditionnellement fédérateurs et ne pas céder à une approche trop littérale et politiquement correcte du Sida qui peut toucher tout le monde.

Évidement, secret de la bonne fiction, ces personnages le sont tous, fédérateurs. Parce qu’ils sont bien écrits et joués sans fausse note par un casting de prestige pour cette ’’petite fiction’’ d’une chaîne du câble. La productrice Laurence Bachman a usé de son agenda : Julie Gayet, Jérôme Anger, Mathias Mlekus pour citer les plus connus, se donnent la réplique.

Petite critique : la fiction regroupée dans un format de 28 minutes me semble un peu plus efficace que les épisodes de 5 minutes dont le découpage apparaît à l’occasion comme un poil artificiel et de nature à obscurcir le sens du programme...

A noter : puisque la diffusion de la shortcom « Les Semaines de Lucide », initialement prévue pour février, a été repoussée, « Manège » est la toute première fiction originale de Série Club.

Bande-annonce

Post Scriptum

« Manège » Barjac production / Merlin productions pour Série Club.
Histoire de Françoise Charpiat ; Scénario de : Françoise Charpiat & Charlotte Pailleux. Réalisé par : Françoise Charpiat. Produit par Laurence Bachman & François Aramburu.
Avec : Julie GAYET, Serge HAZANAVICIUS, Jérôme ANGER, Bruno SLAGMULDER, Sophie BROUSTAL, Nora ARNEZEDER, Anne LOIRET, Bruno HENRY et Valentin MERLET
Diffusé sur SerieClub du 27 mars au 2 avril. Disponible sur le site de la chaîne dès le 29 avril.