Qui veut pirater Julie Lescaut ?
Novembre 2007
Par Sullivan Le Postec • 10 novembre 2007
Bienvenue au Village

Ce mois-ci, le site consacre son dossier à la question du téléchargement. Certains se demanderont peut-être pourquoi : le phénomène est lié dans l’esprit de tous et, pour une large part, dans les faits, à la fiction américaine. D’ailleurs, c’est aux séries US qu’il est le plus souvent fait référence dans les articles du dossier.
Mais, de notre point de vue, ce serait faire preuve d’un manque de perspective certain que de ne pas réaliser que ce qui affecte déjà chaque jour les séries américaines affectera bientôt les productions européennes et francophones – d’une manière paradoxale et contrastée. Déjà, les expériences de diffusion gratuite sur internet se multiplient (récemment, le premier épisode de « Fais pas ci, fais pas ça » était ainsi proposé avant sa diffusion pour France 2), les contrats entre producteurs et diffuseurs de contenus vidéo en ligne se signent en coulisse, les passionnés se tournent vers le téléchargement pour voir les fictions invisibles sur nos chaînes, qui peinent à s’approvisionner ailleurs qu’aux États-Unis. (Songez qu’il a fallu qu’elle fasse l’événement à pas moins de deux festivals pour qu’un chef d’oeuvre comme « Minuit le soir » soit enfin acquis par une hertzienne.)

A mesure que le phénomène s’amplifie, ses conséquences se feront de plus en plus sentir sur la fiction française elle-même. Surtout si elle réussit sa révolution qualitative. Avec une fréquence croissante, les fictions événements de TF1 ou de France 2, contractuellement diffusées quelques jours ou quelques mois avant sur les chaînes des pays Belges ou Suisses co-productrices, sont déjà en ligne alors qu’elles sont encore inédites en France. Les fictions de Canal+, chaîne à péage, ont été suffisamment remarquées pour bénéficier de l’honneur d’être disponibles au téléchargement au lendemain de leur première diffusion sur la chaîne cryptée.

Les modèles économiques des télévisions de part le monde sont sur le point d’être entièrement bouleversés. Le bras de fer qui oppose actuellement les scénaristes américains aux producteurs sur le question de la rémunération des diffusion sur Internet en est l’un des témoignages éloquent. Mais en parallèle, c’est aussi la consommation de la fiction sérielle elle-même qui est en train de subir un profond changement. Là encore, il faudra faire le tri entre les mauvais cotés (la fin des épisodes visionnés par tous au même moment et donc des discussions générales à la machine à café) et les bons (la fin de l’épisode raté à la télé qu’il faut attendre une redif’ des mois plus tard pour voir enfin, qui sera un atout pour le développement de fiction feuilletonnantes exigeantes).

Face à ces révolutions, il est temps de se pencher de manière dépassionnée et pragmatique sur le sujet. On en reparlera...


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